L'association des Gadiris rescapés du séisme a déposé un dossier d'enregistrement du cinéma Salam comme patrimoine auprès de la Direction régionale de la culture. La collecte des signatures pour appuyer le dossier de classement a été également lancée pour protéger ce lieu de la mémoire collective. C'est sous le slogan «Ne touche pas mon cinéma» que l'association-forum Izorane vient de lancer à Agadir une campagne de mobilisation pour préserver ce qui reste du patrimoine collectif de la ville après le séisme du 29 février 1960. Parmi les sites d'ancrage de la mémoire collective d'Agadir figure le cinéma Salam, l'un des bijoux architecturaux qui a résisté au tremblement de terre, à l'instar de quelques édifices qui se comptent sur les doigts de la main. Il s'agit en l'occurrence de l'immeuble de la municipalité, actuellement la Wilaya de la région Souss-Massa-Drâa, de l'immeuble Sibra, appelé communément «Sept étages» et du lycée Youssef Ibn Tachfine. Certes, des tentatives de classement auraient été auparavant initiées, mais celles-ci n'ont pas abouti. Aujourd'hui, le forum Izorane N'Agadir, qui regroupe des Gadiris rescapés du séisme du 29 février 1960, a décidé de prendre les choses en main en déposant le dossier d'enregistrement de cet édifice auprès de la Direction régionale du ministère de la culture. L'objectif est de lancer la procédure de protection de ce patrimoine architectural puisqu'il présente un intérêt public des points de vue historique et culturel. En attendant la procédure d'enregistrement, un autre dossier doit être soumis pour le classement, d'où le rôle pilote de la municipalité et de la société civile. À cet égard, l'association a initié cette semaine, dans son siège sis quartier Talborjt, une pétition pour appuyer le dossier de protection de ce bâtiment afin qu'il figure sur la liste des sites classés de la ville. Actuellement, la plus grande crainte des Gadiris est la démolition en catimini de ce patrimoine, qui pourrait être remplacé par un projet immobilier puisque les héritiers du propriétaire ont d'ores et déjà vendu le cinéma à une société privée spécialisée dans l'immobilier, d'où la réactivation du dossier de préservation de ce lieu de mémoire, abandonné il y a plusieurs années à son propre sort. Par ailleurs, la ville s'apprête également à célébrer, à la fin de ce mois de février, le 55e anniversaire de sa reconstruction. C'est à la fois une commémoration de la reconstruction d'une ville a pu renaître de ses cendres sur les plans urbanistique et architectural, mais aussi un anniversaire qui rappelle un drame où 15.000 personnes ont perdu la vie dans un laps de temps de 10 à 12 secondes à Founti, où les repères restants sont, entre autres, le marabout Sidi Boul (le saint aux lanternes), la kasbah (Agadir Ouffela), Yachech et Talborjt.