Provoquant l'abolition des frontières et l'inter-implication des systèmes de gouvernance, la mondialisation agit aussi dans la médiatisation instantanée des évolutions socio-économiques et politiques de par le monde. La démocratie n'y échappe guère, tant dans son «extension géographique» que dans sa refonte autour de nouveaux concepts, dont la «prépondérance citoyenne». En effet, notre époque redonne toute sa place au citoyen et au principe de la souveraineté populaire. Dans ce contexte, et en appelant au changement démocratique, la méthode pour y parvenir importe, surtout quand on analyse la réaction des gouvernants, leur arbitrage entre la prise en compte des aspirations sociales pressantes et la préservation de certains équilibres. Souvent, peu d'entre eux agissent selon le célèbre adage «plus de démocratie est le remède aux maladies de la démocratie». Des valeurs «empreintes de sacralité», convenues «historiquement», comme base commune à nos institutions, et auxquelles nous adhérons, s'estompent. Les raisons en sont l'évolution structurelle du monde qui nous entoure, la crise que connaît la politique ainsi que le principe de la représentativité. L'action citoyenne, dans ses multiples réactions, se mue alors en contrepouvoir, d'autant plus que l'«immédiateté médiatique» et l'Internet accentuent son envergure. Ce nouveau socle de «valeurs citoyennes» émergentes devrait inciter les partis politiques à rechercher une réelle et plus grande représentativité, ainsi qu'une refonte de leurs «stratégies politiques». En effet, il est alarmant de constater les dissensions et les décalages s'accroître entre les attentes citoyennes et les «représentations politiques». Ces décalages se creusent davantage quand celles-ci donnent l'impression de se complaire dans leur «archaïsme ou conservatisme». Comment admettre un exercice désuet de la politique sans tenir compte de ses conséquences sur la bonne conduite socio-économique d'un pays ? La politique est pourtant la courroie de transmission, inéluctable, entre le peuple et ses élites, entre l'économie et les entreprises, entre les valeurs et leur traduction dans la vie de tous les jours. De surcroît, il est crucial de donner à la nouvelle Constitution toute son ampleur, par une «re-crédibilisation» du rapport avec le pouvoir et ce, par le truchement de nouvelles élites et institutions dans lesquelles les citoyens se retrouvent. Incontestablement, il n'y a pas de démocratie sans partis politiques. Garder les choses en l'état ne peut que figer le système au global avec pour conséquence, qu'à la place des urnes, opèrent les manifestations et les grèves érigeant une «nouvelle approche démocratique». Il en est ainsi dans certains pays où pour faire chuter un gouvernement, des manifestations emplissent les espaces publics. Celles-ci ne s'arrêtent que quand les gouvernants démissionnent. Pour y parvenir, les foules scandent «Echaâb Youride Iskate Anidham». Traduction : «Le peuple veut la chute du régime». C'est au «nom du peuple» que ces foules s'expriment, décrètent... même pour un score lors d'une compétition sportive !!! Aujourd'hui, en l'absence de «véritables instances et de culture démocratique», les préoccupations quotidiennes prennent le pas sur le reste. La peur du lendemain l'emporte sur l'espoir d'un avenir meilleur. L'injustice, l'impunité et l'inaccessibilité à une vie digne s'érigent en mal à éradiquer, à contester publiquement. Se révolter devient alors un recours spontané et «légitime». Le poids du quotidien empêche le citoyen en déficit de «bonnes pratiques démocratiques» de se mobiliser convenablement pour faire valoir ses droits. Hubert Beuve-Méry disait : «Un citoyen responsable est un citoyen informé». Le nouveau paysage est fait d'une multiplication vertigineuse de sources d'informations associée à une nouvelle prise de conscience citoyenne. Cela suppose de nouveaux savoir-faire et de nouveaux réflexes afin de faire muer les traditionnels rapports de forces en de véritables synergies créatives, sans occulter la connaissance par les citoyens de leurs «devoirs de citoyens», qu'ils connaissent bien moins que leurs droits : devoir de débattre, d'agir consciencieusement et de voter utilement. Le but est d'«impliquer citoyennement» ceux qui se sentent délaissés ou désabusés par les pouvoirs publics, ceux qui veulent redonner un sens à l'action politique dans le cadre d'un projet de société cohérent et équilibré afin que cesse le délitement de l'«alliance sacrée» entre l'Etat et ses forces vives.