À travers cette distinction remise à de hauts responsables marocains, actifs dans la lutte contre le terrorisme islamiste, l'Espagne tend la main à son voisin et écrit un nouveau chapitre dans les relations bilatérales. Le gouvernement de Mariano Rajoy a traduit les discours louangeurs sur le rapprochement maroco-espagnol en actes solennels. La décoration du patron de la direction générale de la surveillance du Territoire (DGST), Abdellatif Hammouchi, de la croix honorifique du mérite policier avec distinction rouge, est un témoignage de l'entente tant louée par les deux gouvernements. Deux autres cadres du département dirigé par Hammouchi se sont vus décerner cette décoration avec distinction blanche. Selon le communiqué du ministère de l'Intérieur espagnol, «la police marocaine et espagnole font un travail exemplaire, coordonné et renforcé durant les dernières années, contre la menace du terrorisme jihadiste», loue le département espagnol. Cette seule année, cinq opérations conjointes ont été menées par ces deux forces de sécurité. Ces coups de filet se sont soldés par l'arrestation de 40 présumés jihadistes accusés d'entretenir des liens avec les combattants terroristes en Irak et en Syrie. De plus, les services marocains ont fourni une aide précieuse à leurs homologues ibériques, ayant conduit au démantèlement de cellules de recrutement de jihadistes dans les enclaves de Sebta et Mélilia, devenus deux terreaux de l'islamisme radical. De ce fait, la montée de la menace terroriste et la présence d'éléments originaires du Maroc ou résidents en Espagne dans les rangs du groupe terroriste qu'est l'Etat islamique, a donné un coup d'accélérateur à cette collaboration, laquelle a par ailleurs toujours existé. En effet, le volet sécuritaire est un domaine qui demeure à l'abri des tensions politiques qui peuvent jaillir, de temps à autres, entre les deux pays. «Les hommes politiques ont des hauts et des bas, mais nous, les sécuritaires, nous efforçons de «garder la tête froide». Cela explique le fait que nous soyons toujours sur la même longueur d'ondes avec nos collègues marocains», nous a confié un haut responsable au sein du département de police espagnole. En effet, quand il s'agit de sécurité, les deux pays ne se laissent pas distraire par les joutes politiques. Heureusement d'ailleurs car, au vu du contexte régional, l'entente maroco-espagnole doit être de mise pour contrer les menaces qui planent sur la région. Il est à souligner que le gouvernement de Rajoy ne remet pas là sa première distinction à des mandataires marocains. Le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, avait reçu, de la part des autorités espagnoles, la Grande Croix du mérite agricole. Rappelons aussi que le dernier gouvernement socialiste de Zapatero avait distingué deux hauts responsables marocains, à savoir l'ex-Premier ministre Driss Jettou, en 2010, et le général Housni Benslimane en 2005.