Les Echos quotidien : Timitar s'apprête à lever le rideau, du 22 au 25 juin 2011, sur sa 8e édition. Qu'apporte le festival de nouveau, cette année ? Brahim El Mezned : Une fois encore, le festival a fait le choix de la régularité, en respectant la ligne éditoriale adoptée depuis sa création. Bien sûr, chaque année, le festival apporte des nouveautés, notamment en termes de contenu. Durant cette édition, les festivaliers découvriront de nouveaux artistes, en l'occurrence les groupes de «Laryach» et «Archach», issus de la région. Il en est de même pour les artistes étrangers. La plupart d'entre eux vont monter sur la scène de Timitar pour la 1e fois. D'autres artistes seront aussi présents et feront découvrir leurs nouveaux opus, comme Hindi Zahra, qui a remporté dernièrement le prix de Constantin. Cette 8e édition est parmi les plus riches en nouveautés. Comment qualifiez-vous l'esprit de la programmation de cette année ? Il est axé principalement autour de la diversité culturelle et du respect du cadre du festival, à savoir: «Les artistes amazighs accueillent les musiques du monde». Cette édition rassemblera des artistes d'Afrique, d'Europe et d'Amérique. Il y aura une grande diversité et un échange, et cela même au niveau interne, puisque les artistes nationaux seront conviés à rencontrer leurs homologues locaux. De quelle façon le festival contribue-t-il à la promotion de la culture amazighe ? La finalité du festival demeure la promotion de la culture amazighe, dans sa diversité. Cette manifestation a apporté beaucoup d'acquis à cette culture en la valorisant et en la faisant connaître, grâce à l'échange et au principe de partage. Cette année, est ce qu'il y aura des projets communs entre les artistes ? Certainement. Les Gnaoua d'Agadir ont séjourné à Saint-Nazaire chez une formation musicale bretonne inspirée du pipe band écossais. C'est une résidence qui s'est tenue du 5 au 10 mai dernier en France. Ce projet était important et intéressant à la fois. C'était une rencontre de deux styles totalement différents. Le public soussi sera au rendez-vous avec cette création produite en partenariat avec Bagad de Saint-Nazaire et les Gnawas d'Agadir. Vous avez accompagné le festival depuis sa création. Quel regard portez-vous sur son évolution ? Le festival est un événement artistique qui reste assez jeune. Il soufflera sa 8e bougie dans quelques jours. C'est une manifestation qui évolue très vite avec son public, qui l'a accompagnée durant toutes ces années. C'est un projet collectif où les artistes, le public et le staff font cause commune avec les bailleurs de fonds. Nous croyons à ce projet et à sa philosophie. Il constitue un des événements majeurs dans l'agenda national des festivals. Le public fait partie de l'équation de la réussite de chaque festival, Timitar coïncide cette année avec celui d'Essaouira. Comment avez-vous réagi face à cette donne ? Je trouve que dans des villes comme Agadir ou comme Essaouira, il est important d'avoir des activités artistiques tout au long de l'année. Je pense que le festival Gnaoua a son public et que Timitar a le sien. La particularité de cette année est que la haute saison coïncide avec le mois de juillet, ce qui nous a poussés à avancer notre festival de deux semaines. L'organisation de ces deux festivals en même temps ne pose pas de problème. Nous ne sommes pas dans un rapport de concurrence. Quelle est la valeur ajoutée du Timitar Off cette année ? Dans tout projet artistique, il est important d'avoir une programmation artistique et un espace de création, notamment le théâtre. Cette année le off comprendra une chorégraphie théâtrale intitulé «Tinu» et un hommage qui sera rendu à Mohamed El Moustaoui, l'une des figures de la poésie Amazigh et au répertoire des raïssate. Timitar, que la fête commence Le festival Timitar a levé hier le rideau de sa 8e édition, avec une cérémonie d'ouverture marquée par la présentation de la création artistique du Bagad de Saint-Nazaire avec les Gnaouas d'Agadir. Une interprétation au croisement de deux identités, où coexistent le tempo de la musique instrumentale bretonne et les chants gnaouis. Dans une ambiance de partage, les spectateurs se sont laissés transporter par cette alliance de rythmes. À l'origine de l'initiative, le festival des escales de Saint-Nazaire, qui fête son 20e anniversaire, et bien sûr Timitar. La réflexion a été entamée en 2007 et elle a abouti à la tenue d'une seconde résidence de création artistique, en mai 2011 à Saint-Nazaire, puis à Agadir en ce mois de juin, témoignant ainsi de l'échange culturel entre ces deux villes portuaires. Ce projet artistique réunissant près de 35 musiciens sera reproduit en août prochain à Saint-Nazaire dans le cadre de son festival «les Escales». Pour sa 8e édition, Timitar garde le cap et reste fidèle à sa ligne artistique en faisant la part belle aux stars locales. L'un des temps forts de cette soirée d'ouverture, c'est la montée sur scène du groupe Laryach. 37 ans après sa création, ce dernier s'est produit pour la première fois sur la scène du festival. Un moment fort en émotions, du fait que le groupe a été surpris de voir le public soussi reprendre ses chansons. De Senhaji, star de la chanson populaire, en passant par Abderrahim Souiri et Youness, l'étoile montante du raï, tous ces artistes ont fait vibrer en chant, en rythmes et en danse la scène de la place Al Amal et celle du théâtre de verdure. Dans sa rubrique hommage, le festival a choisi, à l'instar des éditions précédentes, de rendre hommage au répertoire des Rayssates et à leurs compositions musicales qui ont contribué à la promotion de la culture amazighe. Plusieurs concerts enrichiront également la programmation d'aujourd'hui, notamment avec la montée sur scène pour la deuxième fois de la chanteuse franco-marocaine Hindi Zahra qui partagera avec le public ses tendances musicales teintées de sonorités manouches, jazz et folk. Au menu également, Barry de Casablanca, Kayah de Pologne, Amadou et Mariam, les porte-parole de la musique africaine, et Rass Derb de la ville d'Agadir.