Un affrontement entre les porteurs marocains et les agents s'est traduit par la fermeture durant cinq heures du poste-frontière de Bab Sebta. Une situation qui rappelle l'urgence de la modernisation de ce point de passage. Au moment où le ministre des Affaires étrangères espagnol encensait, mardi à Rabat, les relations bilatérales entre les deux voisins, un affrontement opposait les porteurs marocains aux agents espagnols au poste frontière appelé Tarajal par nos voisins. La Guardia Civil, davantage habituée à freiner les avalanches des candidats à l'immigration clandestine, a dû faire face à une horde de porteurs en grogne. Suite à un mouvement de foule où plus de 3.000 personnes se sont concentrées devant les portes d'accès du passage et ne pouvant plus contrôler ce flux humain, les autorités espagnoles ont décidé, de concert avec leurs homologues marocains, de procéder à la fermeture momentanée de cet unique poste frontalier. Une fermeture ayant provoqué l'ire des porteurs marocains qui ont tenté de forcer le passage. Selon la version espagnole des faits, les passants, agacés, ont commencé à jeter des projectiles sur les agents ibériques, comme en attestent les images diffusées par les médias espagnols. S'en sont suivis des tirs de sommation de la part des agents du voisin. Des tirs auxquels les porteurs ont répliqué par davantage de jets de pierre. Le bilan de cette bataille rangée parle de 20 blessés du côté marocain et 22 dans les rangs de la police ibérique ainsi que de dommages matériels et une fermeture des frontières ayant duré cinq heures. Selon la délégation du gouvernement de Sebta, le flux des porteurs a augmenté d'une manière vertigineuse dernièrement. Cela s'explique par le fait que durant le mois de ramadan, les agents marocains ne permettent l'entrée des porteurs qu'à partir de 10h30 du matin. Une autre version estime que le renforcement des mesures de sécurité, depuis que les menaces d'attentats terroristes planent sur la région, ont congestionné le trafic. Or, il faut souligner que cette furtive rébellion des porteurs traduit un cumul de tensions vécu par ces passants, confrontés à des humiliations et des exactions de part et d'autre. Selon un porte-parole de la Guardia Civil s'expliquant au micro de la chaîne la Sexta : «c'est un passage qui ne réunit pas les conditions pour accueillir autant de passants». L'on parle de 30.00 passants qui arpentent, chaque jour, ces allées entre les deux frontières. Cet affrontement rappelle, s'il le faut encore, le besoin de moderniser ce passage, théâtre de frictions à maintes occasions. Un autre point, appelé Tarajal II par les Espagnols devait être inauguré courant juin, mais tarde à ouvrir ses portes. Les autorités espagnoles affirment attendre que la partie marocaine boucle ses travaux pour pouvoir inaugurer ce point réservé exclusivement aux porteurs et au commerce atypique avec le préside.