Un appel à manifestation d'intérêt vient d'être lancé par le département de tutelle. Le closing devrait survenir le 16 janvier prochain. 6 unités de transformation et une unité de traitement des sous-produits devraient s'étendre sur une superficie de 9,5 hectares, dans le port de Dakhla. C'est un vrai projet structurant qui se dessine pour la pêche pélagique dans le sud, et c'est Dakhla qui, naturellement (dirait-on), va faire une bonne prise. Après un silence radio long de plusieurs années concernant le sort du fameux stock C et les tirs à la corde avec les professionnels qui exigeaient un accès à la ressource, l'on en sait plus aujourd'hui. Vendredi dernier à Rabat, Aziz Akhannouch a donné le coup d'envoi à un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour la réalisation de 7 projets intégrés de valorisation du petit pélagique (sardines, maquereaux, sardinelles, chinchards, anchois, etc). Le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime a expliqué que l'actuel AMI vient en remplacement d'un ancien AMI national. Ce dernier, lancé en février 2010, a été annulé suite à une recommandation allant dans ce sens du comité de direction du département de la Pêche, réuni en avril 2012. Cette décision tient notamment compte des orientations du rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur le modèle de développement des provinces du sud. Interrogé par les Eco sur les raisons de cette annulation, le ministre a répondu qu'«il y a des choix à faire» qui s'expliquent aussi par le modèle économique intéressant de Dakhla, évitant des pertes substantielles au niveau de la chaîne de valeur. En effet, c'est au niveau du stock C qu'un tel modèle peut effectivement réussir, étant donné la proximité de la ressource et l'existence au préalable d'une flotte de 70 bateaux qui peut venir en appoint aux futures unités. Il ne doit pas y avoir de jaloux, admet-on, dans la mesure où l'AMI sera ouvert à tous les professionnels du secteur. Il s'agit donc de 6 projets d'un niveau de valorisation et d'intensité en main-d'œuvre similaire ou supérieur à des projets de type conserves de sardine, plats cuisinés congelés, pâtés de poissons. Le septième projet concerne la transformation des sous-produits ou déchets qui résulteront de l'exploitation des six premières unités. Le closing de l'AMI devrait survenir le 16 janvier 2015. Le quota de pêche en accès direct par projet a été fixé à 20.000 tonnes par an, avec possibilité d'approvisionnement à raison de 5.000 tonnes auprès de la flotte côtière sardinière opérant à Dakhla. Les navires des futurs exploitants devront être dotés d'un système de réfrigération à bord, d'un tonnage maximum de 900 tonnes/j. En termes de création d'emplois, l'on s'attend à la création de 3.000 postes. Une aubaine pour une région en quête d'une nouvelle dynamique économique. Quid des caractéristiques techniques des projets? Les unités seront installées dans la zone industrielle aménagée du port de Dakhla, sur une superficie de 9,5 hectares répartis en 7 lots. La redevance a été fixée à 24 DH/m2/an révisable annuellement au taux de 2% pour une durée de 20 ans. Qu'en est-il maintenant de l'état de la ressource dans la zone C? Akhannouch soutient que grâce au Plan d'aménagement de la pêcherie des petits pélagiques, il y a aujourd'hui une meilleure connaissance de la ressource. Il faut dire que ce plan est l'un des projets phares de la stratégie Halieutis. Les débouchés des 6 unités prévues devraient essentiellement concerner l'export, mais le marché interne, qui se développe à un rythme soutenu, n'est pas en reste. Par ailleurs, l'accès tous opérateurs confondus, y compris de l'accord de pêche, est limité à 20% de la capacité totale du stock en mer, ce qui permet une bonne régénération des espèces concernées. La même politique en vigueur concerne le poulpe, par exemple, où l'arrêt des investissements pendant une longue période a permis aujourd'hui d'arriver à un niveau de régénération assez satisfaisant. Plan d'aménagement des petits pélagiques Ce plan, qui a suscité il y a quatre ans un débat houleux, vise 5 objectifs majeurs. Il y a, en effet, l'exploitation de la ressource en définissant un TAC (taux admissible des captures) par stock, la valorisation des captures réalisées par la flotte nationale, la dynamisation de l'industrie à terre spécialisée dans les petits pélagiques, la création d'emplois stables et la contribution à augmenter la consommation nationale. Pour montrer l'importance d'un plan d'aménagement pour la ressource, il n'y a qu'à voir le sort qu'a connu le port de Safi, qui était l'un des plus grands au monde. Cependant, du fait de la surexploitation, en l'absence de tout texte régissant l'accès à la ressource ainsi que les quotas, celui-ci a vu sa réputation quelque peu ternie.