La Villa des arts de Casablanca a accueilli, mardi 10 juin, le groupe «Loon'» pour une session acoustique. Cette formation réunit Jihane (chant) Tariq (percussions) et Younès (guitare) autour de la musique, érigée au rang de véritable passion. Cette passion, ils la vivent intensément et inversement, c'est la vie dans tous ses états qui les inspire. Le passé a ainsi été célébré, que ce soit à travers la nostalgie d'un passé que la chanteuse avoue ne pas avoir vécu dans «Kan ya makan», dans la nostalgie du pays, lorsque l'on en est loin, ou encore à travers le prisme de l'amour, plus précisément celui de la rupture («Oublier de t'aimer»), un passé consommé...ou presque. La mort a également été évoquée, à travers «Mon ombre», histoire d'un ancien camarade de classe qui a décidé de mettre fin à ses jours. Le passé est ici présent, mais implicitement, dans le sens où cet acte a poussé à la réflexion, suscitant au passage un regret, celui de n'avoir pas véritablement fait attention à un préadolescent heureux, mais en apparence seulement. Cette session a été l'occasion pour le groupe de présenter quelques-unes de ses compositions (titres suscités), mais également de reprendre des morceaux connus de tous, à l'instar du célèbre morceau «Historia de un amor», que l'on doit à Carlos Eleta Almaran, repris, selon les termes de la chanteuse, par «une grande dame», en l'occurrence Luz Casal, qui s'est d'ailleurs produite lors de la dernière édition de Mawazine au Théâtre Mohammed V. La formation a également proposé, en guise de rappel, «Roxane» du groupe Police, mais à sa manière. Selon les dires de Jihane, le groupe évolue dans un univers «un peu folk, empreint de Jazz et de Soul», remarquablement servi, au passage, par la voix douce mais puissante de la chanteuse, qui passe allègrement d'un quasi-chuchotement à une démonstration de force vocale. Une caresse musicale, vocale, aux vertus balsamiques. Il est à noter que les instruments ne servent pas de simples faire-valoir à la voix de Jihane ; ceux-ci ont une importance égale à celle de la voix et se suffisent parfois à eux-mêmes. La musique semble être une passerelle entre le passé et le présent, mais aussi entre les différentes civilisations. Si le groupe n'a pas rechigné à chanter en espagnol et en anglais, les textes sont composés en français et en arabe. Jihane dira d'ailleurs qu'il lui est plus simple de chanter l'amour en français parce qu'«il n'y a pas de pudeur liée à cette langue». L'arabe lui permet en revanche de chanter la nostalgie d'un passé ou d'un pays ; c'est là une déclaration d'amour autant qu'une revendication d'une partie intégrante de son identité. Le nom du groupe, «Loon'» (à ne pas confondre avec Loon, ancien rappeur américain ayant mis fin à sa carrière après sa conversion à l'Islam), est le mot arabe pour «couleur». «Je souhaitais que le nom du groupe contiennent deux «o», mais je voulais surtout un nom arabe, dans lequel je me retrouve, expression d'une part de ce que je suis». «Loon'» devrait bientôt entrer en studio et un album devrait suivre. Gageons qu'il ne s'agit là que des «débuts» prometteurs d'une formation promise, justement, à un avenir radieux. C'est du reste tout le mal que l'on peut lui souhaiter.