Le textile-habillement est l'un de ces secteurs qui ont le plus souffert ces dix dernières années de la conjoncture internationale. Historiquement orienté vers la sous-traitance, ce secteur a opéré plusieurs ajustements, sur la base d'un contrat-programme et de plusieurs programmes de soutien de l'Etat, en vue de le convertir à la co-traitance et de mettre en avant ses forces pour limiter sa dépendance vis-à-vis de la demande internationale. Mais nous n'en sommes encore qu'au début d'un long chemin vers la mise à niveau. Une remise en question est menée sérieusement par le département de tutelle, en partenariat avec l'ANPME, afin de soutenir et d'accompagner les petites et moyennes entreprises, qui constituent l'essentiel du tissu productif de la filière, et leur permettre ainsi de valoriser leur savoir-faire et leur offre exportable. À ce titre, l'ANPME a lancé tout récemment un appel d'offres visant à recruter un prestataire qui aura pour tâche de dessiner l'avenir de la PME dans le textile. Cet avenir passe naturellement par l'adoption du principe de l'agrégation, seul moyen d'avoir, in fine, une industrie forte, capable de créer un cercle vertueux de croissance et d'absorber la demande en création d'emplois et de richesse pour le pays. C'est l'objet même de la déclinaison «textile et cuir» du «programme d'adaptation du tissu des acteurs industriels au plan de développement des débouchés à l'export». Ce programme «vise à pallier les fragilités liées à la structure du tissu des acteurs», est-il précisé auprès de l'ANPME. Il s'articule autour de deux grands axes. Le premier porte sur le développement d'une approche innovante pour faciliter l'émergence de nouveaux business modèles intégrés sur toute la chaîne de valeur et maîtrisant notamment l'approvisionnement, le design et la commercialisation. «Cette approche vise à favoriser l'agrégation des entreprises opérant en sous-traitance, par des agents de sourcing internationaux et nationaux dits "agrégateurs"», explique-t-on. L'autre axe vise la reconfiguration du tissu des acteurs et le développement de nouveaux business modèles, par l'aide à l'émergence d'entreprises de «converting», avec pour objectif de faciliter aux entreprises textiles l'accès aux intrants (tissus et accessoires notamment) créatifs et compétitifs, en améliorant leur disponibilité sur le territoire national. Et pour couronner le tout, le programme prévoit également l'émergence et le développement d'enseignes et de marques de distribution nationales. Un soutien financier sera assuré aux opérateurs qui prendront part au programme. Pour l'instant, aucune indication n'est fournie quant à la dimension de cet accompagnement financier mais des études sont lancées pour en déterminer les contours. Le programme prévoit 10 converters, 5 agrégateurs et 5 marques nationales et/ou réseaux de distribution qui seront sélectionnés selon des critères prédéfinis et basés sur la contribution des entreprises concernées au développement de la valeur ajoutée du secteur, la structuration de la filière et la génération d'affaires additionnelles. Mais comme le développement du secteur ne se limite pas uniquement au développement de l'offre exportable, la deuxième partie du programme est consacrée au marché local. L'initiative, baptisée «un plan de développement agressif sur le marché national», a pour objectif de saisir l'opportunité de développement que représente le marché national et qui se décline en deux axes basés sur le même principe que l'offre exportable, à savoir, le développement de la distribution moderne autour de 5 réseaux nationaux et de 10 marques propres nationales. Là encore, une aide de l'Etat est prévue. La déclinaison de ce programme ambitieux devrait être lancée au plus tard au 1e trimestre 2012, si l'on en juge par le délai fixé pour la réalisation des études stratégiques qui est de 8 mois. Entre temps, les équipes de l'ANPME et les experts chargés de dresser le plan d'action devront travailler en étroite collaboration avec l'AMITH en vue de lancer les appels d'offres relatifs à la sélection des converters, des agrégateurs et des marques et réseaux pour le marché local et international. Pour assurer une mobilisation générale et une sensibilisation élargie de la profession, les initiateurs du projet ont prévu l'organisation d'un road show auprès du public cible.