La première sortie de l'OCP sur le marché international de la dette a connu un fort engouement. En effet, les investisseurs internationaux ont répondu massivement présent à cette sortie et l'émission obligataire a été souscrite plus de 4 fois. L'Office est ainsi parvenu à emprunter pas moins de 1,55 MMUSD dont 1,25 MMUSD sur une maturité de 10 ans, mais la grande particularité de cette sortie à l'international est la levée de 300 MUSD sur une maturité de 30 ans. C'est la première fois qu'une entreprise africaine obtient la confiance des investisseurs sur une maturité aussi longue. Jusqu'ici, seuls les Etats pouvaient obtenir des financements sur 30 ans. La réussite de cette émission obligataire n'est pas une surprise. La signature de l'OCP est reconnue à la fois au niveau national et international. Les notations récemment octroyées par les agences de notation internationales en sont la preuve. En effet, l'office s'est vu attribuer par Standards & Poor's la note à long terme «BBB-», assortie d'une perspective négative. De son côté Fitch Ratings lui a accordé un «BBB» assorti cette fois d'une perspective stable. Il s'agit là des notes maximales que l'on puisse obtenir compte tenu de la notation du Maroc (BBB-/négative/A-3). Un coût de financement avantageux Les taux d'intérêts obtenus confirment également la confiance des investisseurs dans le potentiel de l'OCP. L'émission obligataire permet à l'office de verrouiller sur 10 ans et plus un coût de financement avantageux, avant que les conditions de marché ne changent et que les taux ne remontent. Lesdits taux d'intérêt ont été fixés, en effet à 5,625% pour une maturité de 10 ans et 6,875% pour la maturité de 30 ans, soit des primes de risques faibles par rapport aux taux d'intérêts souverains. Pour mémoire, l'émission obligataire de l'Etat marocain opérée en décembre 2012 avait porté sur un montant de 1,5 MMUSD, dont 1MMUSD sur une maturité de 10 ans et un taux d'intérêt de 4,25%. La deuxième tranche a concerné un montant de 500 MUSD sur une maturité de 30 ans avec un taux d'intérêt de 5,50%. Cette émission a donc été une réelle occasion d'apprécier le niveau élevé de confiance des investisseurs quant à la stratégie et à la solidité financière du groupe, mais également la confiance dans la stabilité du Maroc. Rappelons que l'OCP, premier exportateur de phosphate au monde, avait déclaré qu'il allait investir 140 MMDH (17 MMUSD) pour accroître sa part de marché des engrais à 40% en 2020. Cette part de marché est actuellement de 21%. Meryem Chami, directrice exécutive de la planification et du pilotage de l'OCP a déclaré en octobre que la société devait capturer la moitié de la croissance attendue de la demande mondiale pour les engrais à base de phosphate en triplant sa capacité de production et en mettant l'accent sur l'Afrique et l'Amérique du Sud. Risque de change zéro En mars dernier, l'OCP a signé un accord pour la construction de 4 usines au Maroc et au Gabon pour un coût de 2 MMUSD afin de produire des engrais pour les marchés africains et destinés à répondre à 30% des besoins du continent. Ce programme d'investissement, qui nécessite des importations d'équipements et de technologies de l'étranger, devrait être financé en partie à travers cette levée de fonds en dollars. Une opération qui devrait permettre à l'office, qui réalise déjà ses facturations en dollars, de se prémunir contre le risque de change, mais également d'épargner les réserves de changes marocaines. Une initiative qui sera certainement appréciée par le gouverneur de la Banque centrale Abdellatif Jouahri dont le discours a longtemps été d'inciter les banques et entreprises marocaines à aller sur le marché international de la dette.