Elles sont à peine 30% des PME-PMI marocaines à intégrer des solutions informatiques dans leur processus de travail ! Du moins à en juger par les estimations des professionnels. Un constat qui n'est guère reluisant. Pis, «le niveau d'informatisation au sein de ces structures se limite au volet opérationnel, notamment les tâches du département financier», explique Jaâfar Benmansour, directeur général de 2B Consulting. Cela étant, les experts du secteur tablent sur une croissance annuelle de 5% du taux d'équipement en solutions informatiques dans les prochaines années. «Une progression raisonnable au vu de la situation actuelle de la PME-PMI marocaine», soutient Abderrahmane Elazhar, directeur des opérations ERPedia à Uniforce Group. Selon lui, «la petite et moyenne entreprise marocaine est dans une phase transitoire. Elle est en train d'effectuer sa mutation d'une entité artisanale à une entreprise de plus en plus structurée». Ce processus de mutation s'est accompagné d'autres changements au niveau du mode de management et de gestion. Aussi, l'investissement en systèmes d'information dépend très fortement de la culture des dirigeants. «Les nouveaux managers sont conscients de l'importance de cet outil dans le développement et la compétitivité de l'entreprise», explique Benmansour. Toutefois, ce n'est pas le seul élément qu'il faut intégrer en matière d'équipement des PME en solutions informatiques. En effet, le secteur d'activité de l'entreprise est une donnée qui a toute son importance. Ainsi, les entreprises qui font de plus en plus appel à des solutions informatiques sont généralement issues des secteurs de l'industrie, des services, de l'agroalimentaire, de l'industrie pharmaceutique, et de la grande distribution. «Les opérateurs exerçant dans ces secteurs et intégrant les solutions informatiques sont généralement filiales de groupes internationaux. En d'autres termes, elles doivent s'adapter au référentiel du système d'information de la maison mère», affirme le directeur général de 2B Consulting. Auprès des spécialistes, on souligne que les dirigeants des PME-PMI sont toujours réticents quant à la nécessité d'investir dans les systèmes d'information. Cette réticence est essentiellement due au coût de l'installation de ces outils jugé élevé, voire non justifié dans la mesure où «ils ne présentent aucune garantie tangible pour un retour sur investissement». Aujourd'hui, la mise en place des outils de système d'information nécessite un budget minimum de 500.000 dirhams incluant le coût du logiciel (licence) plus le coût de prestation de service. «Plus exactement, le coût moyen par personne est de 30.000 dirhams», indiquent les professionnels. Le problème réside généralement dans le comportement des prestataires de solutions informatiques. En effet, il arrive très souvent que ces derniers ne fournissent pas les informations sur la rentabilité du projet, afin de rassurer et encourager le preneur de décision», regrette Abderrahmane Elazhar. Résultat : deux projets sur trois de mise en place d'un système d'information n'aboutissent pas. En effet, les dirigeants d'entreprises trouvent que c'est un investissement très coûteux dont le retour sur investissement n'est pas garanti. Pour Stéphane Teyssier, consultant SI à OCTO Technology France, «la mise en place d'un système d'information permet à l'entreprise d'améliorer son chiffre d'affaires à hauteur de 10%». À ce niveau, il faut préciser que le retour sur investissement est calculé au cas par cas, mais ce qui est sûr c'est que le travail devient plus organisé et les procédures plus souples. L'informatisation permet à l'entreprise de se restructurer et de gagner en maturité en évitant les erreurs occasionnelles. Elle peut également réaliser des économies de coûts à travers la bonne gestion des approvisionnements, de la production des stocks et de la distribution. Grosso modo, «elle permet d'éviter les erreurs opérationnelles, qui coûtent des pertes estimées en moyenne à 2% du CA de l'entreprise par an», argue Benmansour. Les solutions informatiques contribuent à la démocratisation de l'information et le développement de l'aspect communication au sein de l'organisation. Ce qui contribue à une meilleure implication opérationnelle des collaborateurs et facilite la tâche aux directeurs. «Ces derniers ont ainsi la possibilité d'accéder aux données et de piloter leurs activités dans les meilleures conditions», soutient Teyssier. Opérationnel et stratégique Les outils de système d'information se divisent en deux niveaux : le premier est transactionnel. Quant au second, il est stratégique. S'agissant du premier -le plus basique-, il permet à l'entreprise de gérer son quotidien. Stéphane Teyssier nous relève que, «traditionnellement, l'informatisation se fait au niveau des quatre départements principaux de l'entreprise». Le département financier, pour la gestion de la facturation, la comptabilité et la paie, la gestion des approvisionnements et des ventes, la gestion du stock et la gestion des ressources humaines. «À ce niveau, les logiciels ERP sont les plus adaptés aux PME marocaines. Ils permettent, en effet, de structurer l'entreprise dans la mesure où elle maîtrise les flux entre les départements en toute cohérence et traçabilité», précise Benmansour. Pour le deuxième niveau, qui concerne le top management (pilotage), ces outils aident à la prise de décision. Ils donnent la possibilité d'analyser les données sur la base d'indicateurs tels le CA, le nombre de clients... Ils permettent également aux décideurs d'avoir plus de visibilité quant au positionnement de l'entreprise sur le marché, les prévisions sur l'évolution de l'activité et la planification. Cependant, la bonne marche de ces outils nécessite l'installation d'une structure dédiée à la maintenance dont le coût est estimé à 30.000 DH par mois. Quant au recours à un prestataire externe, il faut compter un budget situé entre 100.000 et 400.000 DH par an.