Le pavillon national poursuit son «opération séduction» sur le marché subsaharien pour maintenir son altitude dans le ciel continental. Hier, après Dakar et Abidjan en l'espace de quelques mois, la compagnie a signé une nouvelle convention de partenariat (2014-2019), faisant d'elle le transporteur officiel du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), l'un des «must» de l'art cinématographique africain, ainsi que, du même coup, des Journées cinématographiques de la femme africaine. Dans un contexte de concurrence accrue, face à un marché continental de plus en plus convoité par les compagnies du monde, le transporteur marocain est bien décidé à défendre ses positions. La RAM prend conscience du fait qu'elle est «africaine» et déploie une grosse politique de proximité vis-à-vis de ce marché. «Nous sommes une compagnie qui peut naturellement se dire africaine avec une trentaine de destinations dans le continent. Nous avons cependant bien besoin de marquer cette identité auprès de la clientèle subsaharienne». Elle n'a, de toute manière; pas vraiment le choix. La baisse des volumes de trafic et la rude concurrence observée dans le ciel européen, coïncidant avec la montée de la demande africaine, constituent déjà deux bonnes raisons pour justifier une réorientation de la vision de la compagnie vers le Sud du continent. Tout cela, évidemment, s'insère sans grand mal dans la politique globale du royaume portant sur la promotion des relations Sud-Sud. Côté chiffres, il faut également savoir que le continent ne pèse pas moins de 30% du chiffre d'affaires annuel du groupe; quasiment, aujourd'hui, l'équivalent de la contribution du trafic européen. Le seul marché burkinabé -qui pourtant n'est sans doute pas le plus stratégique dans la région – a vu sa participation au CA de la compagnie progresser de 60% en 2012, pour une moyenne de 40.000 passagers transportés par an. Pour booster ces chiffres - ou au pire des cas, les maintenir - RAM mise ainsi, entre autres dispositifs, sur une communication inédite jouant sur la sensible fibre «africaine». Au-delà du factuel, c'est donc tout un nouveau positionnement que la compagnie marocaine prône dans le ciel africain, dans l'objectif de s'ériger très vite en transporteur panafricain. Les actions sur le client subsaharien ne se limitent pas à cela. Des offres promotionnelles (troisième bagage de 23kg offert), le déploiement de membres d'équipage d'origine subsaharienne (une quarantaine d'hôtesses sont actuellement en formation au sein de la compagnie) sont quelques illustrations de cette nouvelle dynamique. L'extension du réseau et le renforcement de l'offre est également au programme. La compagnie prévoit, dans les deux ans à venir, de s'équiper de nouveaux longs courriers qui lui permettraient de s'attaquer à l'Afrique de l'Est et australe.