Mesdames et messieurs, j'ai le plaisir et, je l'espère, l'aptitude, de vous présenter ma première chronique économique. C'est une initiative strictement personnelle et je n'ai reçu aucune instruction dans ce sens. Et puis, vous me connaissez, je ne suis pas un mec à obéir aux instructions. Sauf, bien sûr, si jamais... vous voyez ce que je veux dire... Ceci dit, quand on bosse dans un canard à vocation économique, c'est un peu normal que même un billettiste aussi tordu que moi, se mette à l'économie aussi. Pour être franc avec vous, comme le foot, je n'y pige pas grand-chose. Je n'ai plus que quelques infimes connaissances datant du temps de la fac, et qui sont certainement obsolètes. En fait, je ne me rappelle, vaguement d'ailleurs, que de deux grands théoriciens économiques desquels, bizarrement, j'entends encore parler jusqu'à aujourd'hui : Keynes et Marx. Le premier, en gros, soutenait que si jamais la croissance fléchit ou fout le camp à cause d'une crise due, par exemple, à un dérèglement de certains mécanismes monétaires, c'est à l'Etat d'y remédier en relançant l'économie par, notamment, une intervention publique. Mais, contrairement aux libéraux qui préconisaient la relance de l'offre, Keynes, lui, recommandait plutôt la redynamisation de la demande. Comment ? Tout simplement en agissant sur le revenu des consommateurs les plus défavorisés qui sont, en tout temps et en tout lieu, les plus nombreux. Bref, en un mot comme en mille, si on veut donner un coup de fouet à une économie défaillante, il faut, d'une manière ou d'une autre, donner aux masses populaires la possibilité de s'éclater comme elles l'entendent. Sympa, le père Keynes ! Marx, c'était un peu plus compliqué. Selon lui, c'est l'accumulation du capital qui est la source des grandes inégalités sociales, entre ce qu'il appelait «les prolétaire» qui tirent leurs revenus de leur travail (et qu'on peut remplacer chez nous aujourd'hui par tous ces pauvres salariés, ouvriers, agents ou contremaîtres devenus tous maîtres dans la course au bonheur virtuel par l'endettement perpétuel) et tous ces «affreux capitalistes» qui, eux, tirent tous leurs revenus du capital sans faire que dalle, c'est-à-dire, s'en mettent plein les fouilles sur le dos des andouilles. Justement, pour mettre fin à cette injustice, ce vieux barbu de Marx ordonne aux «pauvres prolétaires» de prendre le pouvoir avec, bien sûr, tous les avantages en nature qui vont avec, et de mettre, tout naturellement, «les sales capitalistes» à leur service. Il appelait ce truc «la dictature du prolétariat». Chez nous, on lui a donné le doux nom d'«alternance». Chacun son tour. Une fois à droite, une fois à gauche. Et vous ? Me demanderiez-vous. Oh, vous savez, moi, tant que j'ai ma dose quotidienne de saumon, de foie gras, de champagne, de cigares etc., bref, tous les produits de première nécessité, je peux être les deux. En gros, je suis socialiste par vocation et capitaliste par aspiration. Au fond, l'économie, c'est très simple : chacun fait ce qu'il veut avec ce qu'il peut. C'était là mon premier et, probablement, mon dernier billet économique.