Les Echos quotidien : Quel bilan dressez-vous des activités de la RAM sur le continent africain ? Driss Benhima : Les passagers en direction de l'Afrique subsaharienne représentent un million sur les 6,5 millions que la RAM transporte annuellement. Le trafic avec l'Afrique devient donc, de plus en plus important, puisque la RAM figure parmi les trois premières compagnies de transport aérien du continent et la première au Maghreb et en Afrique de l'Ouest. Cela montre, aussi, l'importance du développement de notre compagnie en Afrique dont l'un des facteurs de ce succès est le développement du trafic dit «propre», c'est-à-dire entre le Maroc et les autres pays. Qu'est-ce que cela suppose ? La RAM doit, à ce titre, être le transporteur des Africains vers les autres continents mais également celui des Marocains vers l'Afrique et vice-versa. Ce segment de clientèle doit vraiment progresser si la RAM veut se développer davantage, surtout qu'on bénéficie de la position exceptionnelle de Casablanca. Certes, ce n'est pas seulement l'emplacement géographique qui permettra à Casablanca de devenir un hub régional, mais le plus c'est que la métropole est devenue aujourd'hui, une escale et une destination. Le continent offre-t-il de réelles perspectives de développement pour la RAM surtout avec la concurrence de plus en plus rude des compagnies européennes et celle des compagnies nationales et régionales qui ne cessent d'émerger un peu partout en Afrique ? C'est un continent en pleine croissance et on le voit bien. Le réseau de la RAM en Afrique est très dense. Même si nos prix sont parfois décriés, ils restent comparables aux tarifications pratiqués par les autres compagnies. Nous sommes même, moins chers que les compagnies européennes. Ce qui fait que la RAM est très confiante et surtout loin de craindre la concurrence des autres compagnies régionales comme Air Mauritanie ou Sénégal Airlines par exemple. Au contraire, tout ce qui peut développer les échanges commerciaux entre nos pays, même le transport terrestre qui est appelé à se développer de plus en plus entre le Maroc et le reste de l'Afrique, nous offre de nouvelles opportunités de développement. C'est pourquoi, nous accordons un grand intérêt à tous les volets qui rentrent dans le cadre de l'intensification des relations entre le Maroc et le reste de l'Afrique, puisque cela s'accompagne de répercussions positives sur nos activités. Après l'expérience avortée avec Air Sénégal International, avez-vous encore l'intention de rééditer l'expérience avec d'autres pays qui ont émis le besoin de disposer de compagnie nationale ou envisagez vous d'autres pistes ? Tous les investissements relatifs à la coopération ou à l'assistance qui visent à aider les compagnies nationales des autres pays africains à se développer, sont d'actualités. Nous le faisons d'ailleurs avec plusieurs pays. Ce qui n'est pas, par contre, à l'ordre du jour, c'est l'investissement direct dans une compagnie nationale. La principale raison en est que l'expérience sénégalaise nous a montré qu'il était difficile, quelle que soit la volonté et les liens qui unissent deux pays, de gérer une compagnie nationale pour le compte d'un autre Etat.