Les compagnies aériennes africaines leaders sur le continent n'ont qu'à bien se tenir. La concurrence bat son plein depuis le début 2010. Leurs consœurs européennes se bousculent pour une place au soleil dans l'espace aérien africain. Faible quotité mais forte croissance Ce sont South African Airlines, Royal air Maroc et Ethiopian Airlines qui sont en «front line» pour subir le rush des majors européens. À l'instar des deux autres compagnies aériennes, la RAM a réactualisé sa stratégie pour l'Afrique. Ces trois dernières années, la compagnie a lancé onze lignes au total en Afrique subsaharienne, pour offrir plus d'une centaine de vols hebdomadaires vers 24 destinations. Le PDG de la RAM annonçait il y a peu : «Nous maintiendrons le développement de nos lignes vers l'Afrique pour 2010 et 2011». Même Ghellab, ministre de tutelle, confirme cette tendance, précisant toutefois : «La RAM apportera uniquement son expertise dans la gestion du transport aérien au profit des pays d'Afrique de l'Ouest». Question de ne pas rééditer un «Air Sénégal bis».Avec 3% du trafic mondial des passagers et 1,6% du fret, l'industrie du transport aérien emploie quelque 500.000 personnes sur le continent africain. Sur les 59 millions de personnes transportées, les compagnies africaines n'en assurent que le tiers. Pourtant, des constats tels que la sous-capitalisation, les ingérences politiques, une flotte inadaptée et d'énormes doutes sur la sûreté et la sécurité de la navigation sont remis sur la table avec récurrence. L'Afrique présente une faible part du trafic mondial mais connaît des taux de croissance annuels supérieurs. Aujourd'hui, entre le trafic domestique, régional et international et le rush pratiqué en 2010 par les majors étrangers, quelles perspectives le paysage aérien en Afrique offre-t-il pour les années à venir ? Des clients plein tarif Dans un contexte difficile et des prévisions à la baisse selon les estimations de l'association internationale du transport aérien, 5,7 % en moins pour le transport des passagers et 13% pour celui des marchandises au niveau mondial, l'Afrique devient en quelque sorte le sauveur providentiel. En effet, le continent bénéficie d'un contexte économique favorable et d'une plus grande libéralisation des marchés. Le trafic passager devrait rebondir en 2010 (+ 6,2 %), selon l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).On observe ces dernières années, l'émergence d'une classe moyenne constituée de commerçants et de traders internationaux en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest. Longtemps snobée par les compagnies européennes, cette clientèle «full fare» était l'exclusivité de la Royal Air Maroc pour les vols transatlantiques. Cependant, une véritable bataille met aux prises les compagnies aériennes européennes, déjà détentrices de plus de 50% des parts de marché sur le continent. Aujourd'hui, le groupe Air France-KLM est le plus agressif avec des dessertes concernant 28 pays. Suivent Lufthansa et Brussels Airlines, qui assurent des dessertes dans près de 13 pays africains. L'américain Delta Airlines offre également des dessertes directes vers le pays de l'oncle Sam. Lufthansa, réputée pour la pertinence de ses orientations stratégiques, a augmenté ses fréquences sur le continent de 54% depuis janvier 2010. Et tout récemment, après la fusion des deux géants British Airways et Iberia, ces derniers ont annoncé leur volonté de réaliser des synergies optimales en vue d'accroître leur part du marché africain. Si on ajoute à cela le rush des compagnies émiraties Etihad Airways et Emirates Airlines, très compétitives au niveau tarifaire, ainsi que l'éclosion de plusieurs compagnies régionales telles que Asky Airlines et Senegal Airways, le doute n'est plus possible. L'Afrique est le nouvel eldorado des compagnies aériennes.