La dernière livraison de l'Office des changes sur les échanges extérieurs a relevé des changements de taille dans la structure des exportations du royaume. Si les expéditions des phosphates ont flanché de 18,7% à fin août (soit un manque à gagner de 6,1 MMDH) en comparaison avec la même période de l'année dernière, ce qui a un impact négatif sur la balance commerciale du royaume, d'autres secteurs d'activité sont montés en puissance pour sauver la mise. L'on peut en effet constater que, hors phosphates et dérivés, les exportations ont progressé de 4,7%. Le dynamisme de certains secteurs d'activité a en effet permis de limiter la casse. C'est le cas notamment de l'automobile, dont les exportations continuent de progresser de manière fulgurante (+19,1% ou +3,1 MMDH), en particulier celles de la construction automobile (+62,1%). La performance du secteur automobile a déjà été constatée par le HCP dans ses enquêtes sur la production industrielle. L'industrie automobile surperforme, et surclasse les autres activités avec une augmentation de production de 9,1% entre les deuxièmes trimestres de 2012 et de 2013. L'effet Renault à Tanger se fait nettement sentir. Cela ne fait sans doute que commencer, puisque le constructeur au losange est en passe de doubler ses capacités dans la ville du détroit. L'aéronautique n'est pas en reste : la croissance des exportations de ce secteur se poursuit avec une hausse de 21,7%. L'arrivée de Bombardier y est certainement pour quelque chose, et visiblement là aussi, cela ne fait que commencer. Le secteur a su profiter de la mauvaise passe que traverse le marché mondial en développant une offre essentiellement destinée à encourager l'implantation, aussi bien de grands groupes mondiaux que des sociétés de taille moyenne. En juin 2013, au cours de la 51e édition du Salon du Bourget, salon international de l'aéronautique et de l'espace organisé en France, le Maroc a signé un protocole d'entente avec le groupe mondial Eaton pour l'implantation d'une usine dans la zone franche Midparc à Nouaceur. D'autres secteurs d'activité sortent du lot : l'électronique et l'industrie pharmaceutique. Leurs exportations continuent leur tendance haussière avec des augmentations respectives de 9,6% et de 10%. Viennent enfin l'agriculture et l'agro-alimentaire avec une progression de 5,6% (ou +1,2 MMDH), poussée par la hausse des ventes de l'industrie alimentaire (+13%). En tout, la part de ces cinq secteurs dans les exportations totales a gagné 5,3 points, passant à 43,5% contre 38,2% à fin août 2013. Cette dynamique compense en grande partie la dégradation des ventes de phosphates et dérivés (-18,7%ou -6,1 MMDH), ainsi que celles du secteur textile et cuir (-2,6% ou -0,6 MMDH). Point de vue Nezha Lahrichi, Présidente du Centre national du commerce extérieur (CNCE) Si les industries automobiles et aéronautiques commencent à monter en puissance et peser dans la structure des échanges commerciaux du royaume, c'est que les stratégies mises en place pour booster ces secteurs sont en train de donner leurs fruits. Pour rappel, le Plan Emergence a érigé ces secteurs en chevaux de bataille pour gagner des parts de marché à l'international et augmenter leur valeur ajoutée à l'export. Les autres secteurs qui battent de l'aile en ce moment, notamment le textile ou les exportations des phosphates, sont plus impactés par une conjoncture internationale défavorable qu'autre chose. Pour le textile, la baisse de la demande au niveau du Vieux continent a certainement eu un impact négatif sur les carnets de commande des opérateurs marocains. Mais, pour limiter les dégâts, il est indispensable de chercher de nouveaux marchés et de continuer à investir dans la qualité pour monter en gamme. En définitive, il faut miser sur l'industrie, c'est le seul moyen de gagner des points de croissance et créer des emplois. D'ailleurs, c'est l'une des conclusions de l'étude que nous avons réalisée au niveau du CNCE sur le commerce extérieur du royaume.