La fin de la semaine passée nous a renvoyés à des stéréotypes politiques très répandus, devenus malheureusement une réalité. Il s'agit de l'image de l'institution du chef de gouvernement, deuxième personnalité du pays, traînée dans la boue sans aucune gêne, à des fins politiciennes. C'est le cas, quand les diplômés chômeurs prennent à partie le chef de gouvernement dans la rue et en plein public, saccageant sa voiture et l'insultant au vu et au su des forces de l'ordre. C'est le cas également quand, deux jours plus tard, les manifestants menés par un Chabat déchaîné ne trouvent rien de mieux à faire que d'exhiber des ânes affublés d'un chapeau portant une citation de Abdelilah Benkirane! Il s'agit là d'un dérapage alarmant. En effet, la liberté et la démocratie sont des pratiques de responsabilité et d'expression dans le total respect d'autrui, à plus forte raison quand il s'agit d'une institution publique. S'en prendre au chef de gouvernement de la sorte le sert plus qu'il ne le dessert, puisque cela relève du degré zéro de la politique et renvoie à une classe politique et même à une partie de la société civile, incapables de développer un discours d'opposition cohérent et constructif. C'est regrettable, car l'Exécutif, qui a failli à plusieurs de ses engagements et a péché par manque d'expérience dans des dossiers cruciaux, peut aisément prêter le flanc à une critique constructive, dont le terrain est bien balisé et fertile. Encore faudrait-il être doté de la volonté d'institutionnaliser le débat, loin des clichés simplistes!