Amin Benjelloun Touimi, Directeur général de Poste Maroc Les ECO : Le choix de l'opérateur SDTM n'a pas été fortuit. Sur quelles bases votre décision a été prise ? Amin Benjelloun Touimi : En effet, ce fut l'aboutissement d'un travail de longue haleine. Nous avons été accompagnés par un cabinet d'études qui a mené un screening du marché et détecté les entreprises ayant le potentiel de croissance et cadrant en même temps avec la stratégie de Poste Maroc. La décision finale a été d'approcher SDTM. Les informations sur les négociations ont filtré il y a plus d'un an. Pourquoi le processus de finalisation a pris tout ce temps ? Les négociations ont pris le temps nécessaire pour aboutir à un accord. C'est ce qui a permis de demander la publication d'un décret qui constituait une condition suspensive pour pouvoir signer le contrat définitif. Donc, dès que la publication a été effective, nous avons pu finaliser l'acquisition. Par ailleurs, il est vrai que le volet réglementaire reste assez lourd. Pour illustration, le conseil d'administration, qui doit avaliser la décision, est constitué de plusieurs membres du gouvernement et présidé par le chef de gouvernement ! Une fois l'aval du CA accordé, il fallait voir avec toutes les parties prenantes. Le statut SA n'a finalement pas changé grand-chose à la lourdeur administrative ? Au contraire, le statut SA a apporté beaucoup de valeur à l'entreprise. Tout d'abord, nous n'aurions pas pu créer Al Barid Bank si Poste Maroc ne s'était pas transformée en société anonyme. En plus, ce statut nous offre une certaine flexibilité. Il nous a ouvert les portes pour accéder au marché du financement. Ce sont des exemples concrets ! L'acquisition de SDTM entre dans le même ordre d'idées. Dans ce genre d'opération, le volet social suscite les interrogations. Un plan social est-il prévu ? À Barid Al-Maghrib, nous sommes dans une véritable logique de développement du groupe, notamment, dans le métier de la messagerie. Donc, toutes les équipes de la SDTM vont pouvoir contribuer au développement du groupe. Vous avez effectué un screening pour définir les opportunités. Quelles sont les principales conclusions qui se sont dégagées de ce travail ? Ce que je peux vous dire, c'est que le marché de la messagerie et du transport de marchandises au Maroc n'est pas entièrement structuré, il est constitué, en dehors de l'informel, d'une douzaine d'opérateurs structurés dotés d'expertises et de moyens pour répondre aux besoins de leurs clients, avec des activités distinctes, dont l'activité messagerie, consistant en la livraison de colis ou d'envois groupés dans des délais express, ainsi que l'activité affrètement, consistant à transporter des marchandises moyennant des camions dédiés de point à point. Dans cet environnement, Barid Al-Maghrib compte par ailleurs investir le marché de la logistique de distribution. Comment évolue votre activité à l'international ? L'ambition du groupe est de se positionner comme un acteur actif au niveau régional. Nous nous inscrivons ainsi dans l'initiative nationale visant à ériger le Maroc en hub dans le domaine de la coopération au niveau de l'Afrique et de la région arabe. À travers EMS Chronopost International Maroc, le groupe est devenu un acteur de référence sur son marché grâce à sa gamme de services express offerte tant à l'import qu'à l'export, y compris le service de transit. Notre objectif est d'accompagner le développement à l'international des PME/PMI et d'être notamment un facilitateur d'accès à l'international aux TPE et aux acteurs de l'économie solidaire et sociale. Vous avez évoqué l'Afrique. Avez-vous des projets concrets dans la région ? Nous avons contribué à la mise en place d'un cadre de coopération Sud-Sud, permettant de développer davantage les flux avec les pays de l'Afrique de l'Ouest. Nous escomptons échanger avec ces pays partenaires, notre expertise et notre savoir-faire dans le domaine postal au sens large (i.e.métiers des services financiers, le courrier et la messagerie). Dans ce cadre, nous avons mis en place à Rabat, en collaboration avec l'Union postale universelle, un centre technique régional UPU pour l'Afrique de l'Ouest. Son rôle est de développer des solutions technologiques appliquées au domaine du colis, de la messagerie et de l'express dans le but d'assister les pays de cette région à déployer des offres sur mesure pour leurs citoyens. Nous recevons énormément de délégations qui viennent s'enquérir de ce que nous faisons. Je peux vous annoncer aujourd'hui, que nous sommes partenaire du Gabon. Les équipes d'Al Barid Bank se déplacent régulièrement au Gabon pour assister nos partenaires au développement de la Banque postale gabonaise. Dans le même ordre d'idées, nous sommes en pourparlers avec plusieurs autres pays. Il y a au moins cinq ou six pays avec qui nous sommes en discussion. Donc, il y aura prochainement plusieurs annonces de coopération. N'y-a-t-il pas des relations capitalistiques en vue ou des créations de filiales africaines ? Il est encore trop tôt pour parler de ce sujet. La politique que nous pourrons mener dans ce domaine se fera en concertation avec nos autorités de tutelle, ce qui dépend directement de nous, à savoir que la coopération est en bonne marche. L'exemple du Gabon est édifiant. Nous avons également signé des protocoles d'accords avec quelques pays arabes. Messagerie. Les ambitions de Poste Maroc