Les rapports se suivent, se ressemblent et s'accordent sur les mêmes problématiques économiques, comme les acteurs économiques d'ailleurs. Toutefois, sur le terrain comme dans les statistiques, rien ne semble bouger d'un iota. Le rapport du World Economic Forum (WEF) sur la compétitivité vient d'être rendu public et encore une fois, le climat des affaires marocain affiche une image peu reluisante, souffrant des même graves dysfonctionnements, qui tardent à afficher une amélioration palpable. Comme le montre si bien le graphe du cette édition 2013-2014 du rapport WEF, la bureaucratie gouvernementale est inefficace et la corruption reste en tête des facteurs bloquants pour mener à bien les affaires dans le royaume. Viennent ensuite les difficultés d'accès au financement lesquelles, il est vrai, se sont accentuées en 2012 et 2013, reflétant un assèchement relatif des liquidités bancaires, malgré les interventions salutaires de la Banque centrale. Toutefois, dans un autre registre, le Maroc jouit d'avantages régionaux qui tirent sa note vers le haut et placent le pays en définitive en milieu du classement international. Il s'agit bien entendu de la stabilité politique et gouvernementale, de la sécurité relative des investissements et des personnes et de la fameuse inflation structurellement basse. Mais le Maroc, comme toute autre économie, évolue dans un environnement mondial dynamique où, comme dit l'adage, ceux qui n'avancent pas reculent. C'est ainsi que le Maroc a perdu 7 places dans le classement en une année, malgré le maintien d'une note identique à celle du précédent classement, à savoir 4,1 sur une échelle de 7. L'ensemble de ces éléments placent ainsi le pays à la 77e place du classement mondial sur le climat des affaires et de la compétitivité (Global Competitiveness Index), derrière la Roumanie et la Croatie qui, comme par hasard, souffrent des mêmes graves fléaux, corruption en tête. En tête du classement, rien de nouveau, ne serait-ce le petit jeu des chaises musicales que se livrent les économies les plus avancées, et qui a permis à l'Allemagne et aux USA de se hisser respectivement en 4e et 5e positions, au détriment de la Suède et de la Hollande. Les trois premières places restent elles inchangées, dominées respectivement par la Suisse, Singapour et la Finlande. Pas si durable, notre croissance Par contre, une nouveauté remarquable a été introduite dans cette dernière livraison de l'organisme basé d'ailleurs en Suisse, champion mondial du classement. Cette nouveauté consiste à corriger les indices obtenus par la durabilité des politiques déployées, durabilité sociale et durabilité environnementale. Sur l'une comme sur l'autre, le Maroc affiche des perspectives négatives, tirant le score du pays vers le bas. Cette donnée mérite, au même titre que la bureaucratie et la corruption, d'être entourée de la plus haute considération de la part de nos gouvernants. On ne le répétera jamais assez, tout classement n'est pas une fin en soi, mais un outil à utiliser à bon escient.