Le temps se gâte pour la filière du lait! La hausse inattendue des prix opérée par plusieurs opérateurs n'a pas manqué d'irriter les autorités. Les interrogations cèdent maintenant la place à l'action. Le ministère des Affaires générales et de la gouvernance est le premier à dégainer. Mohamed Najib Boulif a en effet décidé de soumettre le dossier de la hausse du prix du lait à l'appréciation du Conseil de la concurrence. Selon le département des Affaires générales, il s'agira d'une première étape pour déterminer si les dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence ont été respectées. Le ministère a tenu une réunion de crise avec les patrons du secteur lundi dernier en vue d'examiner la question. Une réunion similaire devait se tenir, hier, après-midi du côté du ministère de l'Agriculture. Le département d'Aziz Akhannouch a convié les opérateurs à une réunion afin de s'expliquer sur cette décision, laquelle a été jugée surprenante par le ministère «au vu des nombreux efforts consentis au profit de la filière». Cette rencontre devrait aller dans le même sens que celle du département de Najib Boulif et «permettre de déterminer si le risque d'entente est bel et bien présent», souligne une source proche du dossier au ministère de l'Agriculture. Du côté des coopératives, notamment COPAG, cette réunion devrait être décisive concernant cette affaire. «Il n'existe pas d'entente, le secteur connaît plusieurs problèmes et il n'était plus possible d'avancer dans ce contexte», souligne M'Hamed Loultiti, président de COPAG. Celui-ci a également promis des éclaircissements suite à la réunion avec le département d'Aziz Akhannouch qui «connaît très bien les difficultés de la filière». Les professionnels relèvent notamment le coût élevé de la production et des fourrages, ce qui a amené certaines coopératives à répercuter cette situation sur les prix du lait. À un moment où la tension sociale est palpable, le gouvernement tient à rassurer. «L'Exécutif prendra toutes les dispositions nécessaires afin de préserver le pouvoir d'achat des citoyens et garantir le respect des dispositions de la loi sur les libertés des prix et de la concurrence», a souligné le ministre des Affaires générales et de la gouvernance dans un communiqué paru mardi dernier. De plus, les discussions ayant eu lieu lundi avec les professionnels ont permis d'affirmer que de nombreuses coopératives de différentes régions du pays n'ont appliqué aucune hausse des prix. «Certaines d'entre elles ont même dit avoir été surprises par des dépassements de la part de certains commerçants qui ont augmenté le prix du lait produit par ces mêmes coopératives, alors que celles-ci continuaient à le commercialiser à son prix initial», ajoute le ministère des affaires générales. À en croire certains responsables au sein du département de Najib Boulif, la prochaine étape consistera à opérer des enquêtes sur le terrain pour déterminer quelles sont les coopératives qui ont procédé à la hausse. Etant donné l'importance de ce secteur pour le développement économique et social mais également son incidence sur la vie quotidienne du consommateur, le département de Boulif insiste sur la nécessité pour tous les intervenants d'assumer leur responsabilité. De son côté, le département de l'Agriculture a mis en exergue les différents avantages accordés à la filière. Celle-ci bénéficie de plans visant son développement et sa mise à niveau dans le cadre du Plan Maroc Vert. Ce dernier préconise un développement agressif de la filière laitière pour atteindre des standards internationaux, avec pour objectif 4 à 5 MMDH à l'horizon 2020 à travers une meilleure intégration verticale de l'aval. La filière bénéficie également de mesures douanières protectrices.