Le Conseil supérieur de la magistrature et le ministère de la Justice et des libertés sont décidés à jouer le jeu de la transparence et c'est de bon augure. En effet, comme nous l'avons suffisamment ressassé, il est incompréhensible que des magistrats n'aient pas encore compris que le pays ne peut plus être tolérant ou inactif à l'égard du fléau de la corruption. Le Maroc en paie le plein tarif et subit les pires conséquences en termes de points de PIB et d'image. Maintenant, c'est chose faite. Les «têtes dures» sont sanctionnées et leurs noms sont même publiés dans la presse. Il s'agit non pas d'une cabale contre les magistrats, comme le Club des juges voudrait le véhiculer, mais d'une action de dissuasion, après que les diverses campagnes de sensibilisation et les divers appels à la moralisation, y compris des discours du roi, n'ont pas abouti. Au contraire, cela réconforterait les magistrats «clean», qui subissaient l'injustice de la généralisation des accusations. Seulement, le plus grand défi du Conseil et du ministère, c'est de faire preuve d'intransigeance et d'équité. Cela irait dans le sens du projet de la réforme de la justice, en phase finale d'approbation et qui sera annoncé en grande pompe avant la fin du mois, dans une déclinaison de 50 pages, avec 350 recommandations en trois langues, arabe, français et espagnol. C'est dire que c'est du sérieux et du lourd. Il y va de l'image du pays, qui jouit pourtant d'une bonne réputation dans une région en ébullition, mais qui a longtemps exacerbé ses partenaires par le laxisme de sa justice. Aujourd'hui, la donne a changé. Le Maroc, mis en ballotage défavorable par une conjoncture très tendue, se trouve obligé de concrétiser des promesses de réforme, longtemps annoncées sans issue. La justice se trouvant en pôle position connaîtra sa mue dans quelques semaines, mais le royaume est toujours attendu sur le chantier de la décompensation.