Parmi les premiers dossiers qui se trouvent sur le bureau d'Akhannouch, sous sa casquette d'argentier de l'Etat, il y a l'imposition fiscale de l'agriculture. On se rappelle que le souverain, dans son discours du trône, avait mis fin à l'exonération d'une catégorie de l'agriculture franchissant ainsi un pas décisif vers l'équité fiscale. À présent, le hasard des choses fait qu'Akhannouch endosse le brassard du capitaine de la finance et de l'agriculture au Maroc, et qu'il devrait trancher sur les modalités d'imposition pour les intégrer dans le projet de loi de finances. En principe, le ministre dispose de suffisamment de recul sur le plan agricole pour pouvoir mettre en place une charte de critères d'imposition et d'exonération. À priori, toute la difficulté consiste à délimiter les frontières entre l'agriculture de moyen standing et celle aux standards imposables. Il ne faut pas se leurrer, c'est un chantier colossal et de surcroît la proie de résistances et de gros intérêts. Il y a lieu donc de faire preuve de détermination et sur ce registre Akhannouch n'a pas d'état d'âme pour faire respecter les décisions prises par l'Etat et notamment appuyées par le roi himself. En revanche, il ne pourra réussir cette délicate mission sans jouer à fond la transparence, surtout par la déclinaison des critères de types d'exploitation agricole à adopter. Il ne faut surtout pas que ce passage de l'exonération à l'imposition soit entaché de pratiques douteuses, car il y va de la crédibilité de l'Etat et de son engagement à investir un terrain longuement redouté par les gouvernements successifs, y compris l'actuel, avant que le roi ne tranche. La Direction des impôts se trouve aussi réconfortée, puisqu'elle avait prévu une telle réforme lors des assises fiscales, tout en signalant qu'il s'agit tout d'abord d'une décision politique. Aujourd'hui, c'est chose faite, à charge pour les équipes d'Akhannouch, dans l'agriculture comme dans la finance, de faire preuve d'efficacité, car le temps presse.