Je n'aurais jamais pensé que j'allais parler autant de foot en si peu de temps. Vous allez me dire que Mondial oblige, mais, moi, qui m'oblige à le faire ? Personne ! Je suis libre de parler de ce que je veux et quand je le veux. Enfin, quand je dis que je suis libre, je ne le suis pas tout à fait. J'ai quand même des patrons qui, pas toujours certes, me rappellent parfois à l'ordre. Ils ont raison, car s'ils ne font rien, je suis capable de n'en faire qu'à ma tête qui, elle-même, n'en fait qu'à la sienne, et le résultat n'a souvent ni queue ni tête. Donc, je disais que mes patrons, fort sympathiques d'ailleurs, de temps à autre, me reprochent et me grondent même d'avoir traité tel sujet parce qu'il ne serait pas très «convenable», ou bien tel autre parce qu'il serait, à leurs yeux, trop «sensible», ce qui pourrait attirer, selon eux, le regard implacable du censeur. Et qui dit «censeur», dit condamnation, qui dit condamnation dit peine, et comme toute peine mérite salaire, ce n'est pas la peine de vous faire un dessin, mais vous avez compris que c'est mon salaire qui risque de faire un saut périlleux. Ce n'est pas encore arrivé, Dieu merci, je touche du bois, car j'ai envie de continuer de toucher un bon chèque à la fin du mois. Au fond, mes patrons ne sont pas très méchants. Ils me laissent faire, et ils me demandent juste de ne pas trop en faire. Entre nous, mais je ne me laisse jamais faire. D'ailleurs, vous avez vu, il y a des fois où j'écris n'importe quoi sur qui je veux. Je vais me gêner ! En vérité, ils ne s'en rendent compte qu'après coup. Et comme vous savez, après coup, c'est cuit ! Bien sûr, ils lisent bien attentivement mon billet avant. Mais, ce qu'ils n'arrivent pas à lire, c'est ce que j'écris entre les lignes. Eh oui ! Et ça ne se voit pas à l'œil nu. Il faut vraiment être un expert pour le détecter. Tenez ! Je vais vous donner un exemple et je vous promets que vous n'allez y voir que du feu. D'ailleurs, je viens de me rendre compte que je n'ai pas encore commencé le sujet que j'ai choisi pour aujourd'hui, à savoir la triste affaire de la débandade de l'équipe de France. Eh bien, voyez-vous, je trouve que c'est une bonne chose pour nous. Je vous explique : la dernière fois, il y a eu ce fameux coup de boule de Zizou donné sur un coup de tête à un Italien qui aurait traité sa sœur de... Nous, on n'y était pas, donc, on n'y était pour rien. Cette fois-ci, c'est Anelka, un ami personnel de notre Debbouze national, même si, je crois, ça n'a aucun rapport, qui fait parler de lui, en traitant son pauvre sélectionneur de fils de... Et là aussi, Dieu merci, on n'y était pas, et donc, personne ne peut nous reprocher quoi que ce soit. De là à en déduire que tout ça a été mûrement calculé par nos responsables... Ah, ils sont vraiment forts, les Marocains !