Décidément, les agréments de transport n'ont pas encore fini de faire parler d'eux. Ils sont la cause d'une nouvelle grogne dans la famille des transporteurs. En effet, le lundi 22 août prochain, quatre syndicats de conducteurs de taxis appellent à tenir un sit-in devant le siège du ministère de l'Intérieur. Et pour cause, ces protestataires disent avoir des griefs contre la manière d'octroi de ces fameux sésames synonymes de licence d'exploitation des taxis. «Nous avons appris que les services du ministère de l'Intérieur ont délivré des agréments à des personnes, sous des conditions pas très claires», déclare Mohamed Reggaoui, secrétaire général de la Fédération des syndicats du transport affilié à la CNT. Selon notre interlocuteur, quelque 700 agréments auraient été délivrés à des bénéficiaires qui «n'auraient aucun lien avec le monde du transport». Réunis le 1er août dernier, lors d'une assemblée générale à laquelle ont pris part des représentants de quatre syndicats, les chauffeurs de taxi en sont arrivés à prendre cette décision pour se faire entendre devant le siège du département de Mohand Laenser à Rabat. S'ils expliquent leur décision par les faits relatés ci-dessus, d'autres professionnels y voient d'autres enjeux. En effet, à en croire des sources dans les milieux des syndicalistes du transport, cette montée d'adrénaline des taximen s'expliquerait «par la prétention des taximen de faire partie des détenteurs d'agréments». En somme, les chauffeurs de taxi veulent, eux aussi, avoir leur part du gâteau dans le système d'octroi des agréments. Il faut rappeler en effet que ce dossier spécifique lié aux taximen est géré par ce département, qui doit également se concentrer sur d'autres dossiers non moins épineux, comme celui posé sur la table par une partie des transporteurs, notamment les membres de la Fédération du transport routier. Dans un contexte de réforme Ces derniers indiquent également qu'ils comptent observer un sit-in dès aujourd'hui (lundi 12 août). La raison n'est pas liée aux fameux agréments, mais plutôt à leurs rapports avec la SNTL (Société nationale de transport et de logistique). Ce sit-in est d'ailleurs prévu devant les locaux de la SNTL à Mohammedia. Selon le SG de la Fédération nationale du transport routier, Mohamed Mitali, leur mécontentement est lié «à la mauvaise utilisation des ressources allouées à cette société dans le cadre du système de compensation mis en place par l'Etat». Ces transporteurs disent à présent exiger du ministère de tutelle «d'envoyer une commission afin de savoir ce qui se passe avec la SNTL». La décision de passer à l'offensive fait suite à la non réaction du ministre, en dépit des «nombreuses correspondances» qui lui ont été adressées, soutient le SG de la Fédération nationale du transport routier. En tout état de cause, la rentrée ne semble pas s'annoncer très calme pour les transporteurs et leurs autorités de tutelle, dans un contexte de réforme du transport de voyageurs qui tarde encore à se concrétiser. Bien qu'un planning ait été mis en place pour la tenue des concertations avec les professionnels, le département de Rabbah en est toujours à l'écoute des organisations syndicales, au nombre de sept à être impliquées dans les discussions. «Nous avons tenu 2 à 3 réunions avec la direction en charge de ce dossier au ministère. Chaque syndicat a fait ses propositions», avance Mohamed Mitali. À présent, il reste à trouver un terrain d'entente afin de permettre à ce chantier si périlleux de pouvoir aboutir. Le seul motif de satisfaction à ce niveau est que les syndicalistes semblent privilégier le dialogue au bras de fer.