Le phénomène des faux taxis a pris de l'ampleur dans la métropole à tel point que les autorités locales ont mis la main dernièrement sur un nombre de prétendus transporteurs, à l'exemple de ce propriétaire d'un agrément qui exploite non seulement un véhicule comme le stipule la loi mais plusieurs de marques différentes sous le même numéro de licence. Plus de 18 000 taxis (grands et petits) sillonnent les routes de la capitale économique dont plus de 90 % font l'objet de location. Estomaquant ! Après les grands taxis du Grand Casablanca, c'est au tour des petits taxis roulant sur la voie publique de se porter en toute contravention avec les dispositions juridiques. Transportant les citoyens, ces faux professionnels conduisent en effet des véhicules portant un dispositif extérieur affichant la mention « taxi » et le numéro de licence, à tel point que la distinction entre le vrai et le faux taxi est impossible. Ces prétendus chauffeurs, sans agrément ou autorisation de circulation, exploitent en toute illégalité le numéro de licence d'un autre taxi autorisé. En fait ce genre de pratiques qui échappent à toute réglementation n'est pas nouveau. Mais le phénomène a pris de l'ampleur dans la métropole à tel point que les autorités locales ont mis la main dernièrement sur un nombre de prétendus transporteurs, à l'exemple de ce propriétaire d'un agrément qui exploite non seulement un véhicule comme le stipule la loi mais plusieurs de marques différentes sous le même numéro de licence. Comme le témoigne ce chauffeur de petit taxi qui nous a informé qu'un propriétaire d'un agrément a été arrêté dernièrement par la police pour motif d'exploiter illégalement quatre autres véhicules affectés clandestinement au service du transport public. À vrai dire, la police, qui assume elle aussi une part de responsabilité mais pas toute, n'a fait que tirer au clair la partie invisible de l'iceberg. Mohamed Mouttaqui, Secrétaire général du syndicat national des chauffeurs de taxi assure que le phénomène des faux taxis va crescendo en l'absence de toute action répressive. À son avis, la responsabilité incombe aussi bien à la police et qu'à la justice. « Ces transporteurs clandestins sont généralement des chauffeurs dont le contrat de location les liant avec les propriétaires de l'agrément n'ont pas été renouvelés ou tout simplement ont été résiliés pour des considérations purement lucratives », explique-t-il. Ajoutant que les techniques utilisées pour ces pratiques frauduleuses consistent à photocopier voire scanner l'autorisation délivrée à d'autres bénéficiaires pour s'en servir ni vu ni connu. Certains utilisent même ces faux taxis pour des infractions de viol ou d'agression. Le syndicaliste qualifie d'ailleurs cette situation anormale d'« anarchique » en raison de « l'absence de responsabilité et le manque de conscience professionnelle chez les autorités qui veillent soigneusement à maintenir le statu quo». Parler ainsi de sécurité du citoyen s'avère être un faux débat. Preuve en est le nombre des procès verbaux constatés par la police de la circulation qui est assez mitigé. «J'exerce ce métier depuis une dizaine d'années et ça fait plus deux ans que je n'ai subit aucun contrôle de papiers ou d'identité de la part de la police », avoue ce professionnel. Plus encore, le nombre des victimes volées ou agressées par les chauffeurs de taxis ne cesse d'augmenter. Voici donc un exemple de service public qui n'a rien de public. Face à l'échec des politiques publiques en matière de transport urbain, les particuliers ont recours de plus en plus à leur propres voitures. C'est ce qui explique l'accentuation des embouteillages dans la métropole. Contacté par le Soir échos pour s'enquérir des dernières mesures prises en matière de plan de déplacement urbain et de la loi sur le transport urbain, Aziz Rabbah, ministre de l'Equipement et du transport est resté injoignable. Mouttaqui dénonce d'ailleurs le vide juridique dans lequel baigne la profession. « Y en a marre des promesses et des surenchères politiques », s'emporte-t-il. « Où en est la carte professionnelle que nous a promis le ministre ? », de demande-t-il. Pis, l'octroi des permis de confiance aux chauffeurs de taxis s'effectue à tour de bras sans aucune contrainte disciplinaire ou réglementaire. Les autorités compétentes sont invitées à examiner de près chaque dossier avant d'accorder le permis de confiance, puisque bon nombre de récidivistes en profitent, conclut-il. Ce que dit la loi «Les taxis sont répartis en deux catégories, selon le Dahir n°1.63.260 du 24 joumada II 1383 (12 novembre 1963). La première catégorie comprend les véhicules dont le nombre maximum est fixé pour chaque centre par arrêté de l'autorité gouvernementale chargée du transport, après consultation des gouverneurs intéressés. La deuxième catégorie comprend les véhicules faisant l'objet d'une location indivisible et autorisés par les autorités locales à circuler exclusivement à l'intérieur du périmètre urbain ou délimité, aucune autorisation de sortie desdits périmètres ne pouvant leur être accordée, même occasionnellement». * Tweet * *