Devant la dégradation du rucher collectif d'Inzerki dans la commune rurale d'Argana, sa sauvegarde n'était possible qu'à travers sa restauration. Quelques interventions ont été effectuées depuis un certain temps déjà, mais une opération urgente de restauration s'imposait pour préserver ce rucher traditionnel, considéré comme étant le plus grand au monde. À en croire Brahim Chatoui, président de l'association Taddart n'Inzerki pour le développement et la coopération, «pour des mesures de sécurité, les apiculteurs ont délaissé le site en raison de quelques défaillances techniques relevées à l'issue des opérations de restauration». Aujourd'hui, plusieurs compartiments se sont écroulés lors des dernières intempéries y compris la maison du gardien. C'est pourquoi, l'association réclame la restauration urgente du rucher de façon à sauvegarder l'originalité du site en utilisant les mêmes matériaux de construction. Sur ce point, il faut préciser que le bois de thuya connu pour sa forte résistance aux aléas climatiques était remplacé par l'eucalyptus lors des dernières opérations, au niveau des maisonnettes abritant les ruches traditionnelles mais aussi les poutres servant d'appui au rucher. S'ajoute à cela, le problème de l'étanchéité et celui de l'évacuation des eaux de pluie. D'ailleurs, c'est ce problème auquel sont confrontés les apiculteurs puisque les travaux n'étaient pas réalisés de façon à ce que l'eau sorte derrière les cases en pisé. De surcroît, les rayons des cases ont été également modifiés. Selon Brahim Chatoui, au lieu de garder les mêmes alignements de cases, le nombre avait été réduit pour se situer actuellement à deux au lieu de quatre cases servant à abriter les ruches traditionnelles fabriquées en roseau et rendues étanches par un enrobage d'argile ou de bouse de vache. Ces compartiments comptaient environ 180 cases sur quatre rangées superposées pour un total de 720 cases. Chaque case contenait trois ruches, ce qui donne actuellement un total de 2.160 ruches. Par ailleurs, le nombre de ruches a considérablement baissé pour se situer actuellement à 350. Sur le plan de la population, le village d'Inzerki compte aujourd'hui huit familles au total, contre 80 ménages auparavant. Actuellement, 48 familles déposent encore de temps à autre leurs ruches. S'agissant des réalisations dans le cadre du Plan Maroc vert, 1.895 ruches ont été acquises sur les 4.130 prévues, soit 46% de taux de réalisation, via les projets lancés entre 2010 et 2012. En effet, la région compte plusieurs espèces floristiques dont un grand nombre est endémique. Cette diversité écologique a fait de la zone un terrain d'apiculture par excellence et du miel un produit vedette. Le miel à base principalement de thym mais aussi d'autres fleurs est très sollicité par une clientèle majoritairement marocaine pour son efficacité et sa qualité nutritionnelle. Généralement, le prix est fixé à 300 DH/kg. Aujourd'hui, l'association compte franchir la porte de l'INDH pour la restauration du site, mais l'entité n'a pas les moyens pour couvrir sa part fixée à 30%. Au-delà de la vocation apicole du site, le rucher Inzerki devrait être un lieu d'attraction touristique et culturelle. Pour ce faire, les intervenants (ministère de l'Agriculture, du Tourisme et de la Culture) doivent multiplier leurs efforts ne serait-ce que pour classer ce site au niveau national et le désenclaver par une route goudronnée afin de promouvoir sa vocation culturelle et socioéconomique.