Des visages marqués, des formes qui secouent, des regards qui accaparent, des sourires contagieux, des expressions qui marquent. Tel est le tourbillon de sentiments que l'on ressent lorsqu'on se retrouve nez à nez avec un tableau de Philippe Vignal. Le Toulousain Africain a vécu une partie de son enfance au Mozambique et en est resté marqué à vie. La preuve par la toile ! Et quelles toiles puisqu'elles sont bien tribales, investies par une force africaine qui ne laisse personne indifférent. Au début, cela choquerait presque de voir des corps de «noirs» en noir & blanc, comme pour insister sur ces origines si belles et authentiques. Tels des dessins ou des photos, le réalisme impressionne. Impression que ces corps sont animés, que ces sourires sont vrais, que les visages vous dévisagent. C'est le travail précis et perfectionniste d'un artiste qui n'a rien prémédité et qui n'avait pas planifié de devenir ce qu'il est devenu: un artiste peintre unique en son genre. «Le dessin s'est imposé à moi depuis mon plus jeune âge. Tout de suite, j'ai su que cette discipline m'était acquise. Dès lors je n'ai jamais cessé de dessiner, partout, sur tout. Mes cours de maths était couverts de personnages», se rappelle l'artiste, qui a commencé son histoire d'amour avec le crayon qui deviendra pinceau plus tard. La touche du dessin est là, elle se ressent. Les toiles donnent l'impression d'être dessinées tellement elles paraissent réelles. Le réalisme est sublimé par cette force de l'Afrique que Philippe Vignal porte en lui depuis toujours. «Je suis né et j'ai grandi jusqu'à mes 5 ans au Mozambique au début des années 70, entouré et «élevé» par des africaines. J'ai l'Afrique au fond de moi. Je suis passionné par cette force, cette puissance, ce côté brut et animal !» L'artiste a eu un parcours atypique, mais toujours en rapport avec le dessin et les formes, quelles qu'elles soient. «J'ai suivi des études pour être graphiste dans la pub, travaillé chez Publicis à Montpellier puis voyagé. J'ai introduit à 24 ans les nuits montpelliéraines, ouvert mon restaurant à 27 ans (le Bazar, ndrl), et je débarquais à 30 ans à Essaouira pour y monter le riad Casa Lila ! Arrivé en 2007 à Marrakech, j'ai monté une boîte de communication et me suis mis à peindre des portraits en noir et blanc grands formats en 2009. Début 2010, j'ai présenté mon travail dans une grande boutique de déco à Marrakech et depuis je ne fais plus que ça !», raconte Philippe Vignal qui se souvient d'avoir atterri au Maroc, sur un coup de tête, sur une décision de son ex -femme quand il vendait son restaurant et n'avait plus aucune attache en France. Une décision folle qu'il n'a jamais regretté et pour cause, il a commencé par vivre à Essaouira, ville de la passion et de l'inspiration artistique. «Je travaille avec une galerie showroom déco (Décoriente à Marrakech) qui me vend beaucoup à l'étranger (Europe du nord) et je me débrouille pour exposer régulièrement mon travail au Maroc et à l'étranger. Il faut bouger, mais j'en vis relativement bien», explique l'artiste passionné par l'Afrique, certes mais surtout par la femme. Il a d'ailleurs toujours été fasciné par le travail d'Egon Schiele et son approche du corps féminin ainsi que l'hyper-réalisme de Robert Longo. Un travail qui a évolué au cours des années puisqu'il dit avoir commencé avec des aquarelles avant de se concentrer sur ce qui le passionne vraiment. «Il y a une réelle évolution dans la technique, mais j'ai toujours dessiné des corps nus de femmes et toujours avec une sensibilité hyperréaliste», continue l'artiste qui peint la femme dans toute sa splendeur en respectant son intimité et en sublimant sa sensualité. Celui qui se dit «passionné par tout mais reste attiré par les belles images» à l'œil du photographe et reste aux aguets et observe autour de lui, rien ne lui échappe. Il s'inspire des rues, des couleurs, de la vie, des villes, des photos qui passent. Aucun visage ne lui échappe, aucun trait n'est à prendre à la légère. Dans son atelier-appartement à Marrakech, il passe des heures à peindre et repeindre car si le tableau n'est pas parfait ou comme il l'imaginait, il n'hésite pas à le refaire. Passionné de musique électronique également, l'artiste libre et rock'n'roll aime la vie et les gens et cela se ressent sur son travail. Son oeuvre est généreuse et pleine de vie. Le Marrakchi dans l'âme est sans état d'âme lorsqu'il peint puisqu'il voit la vie en grand et peint en grandeur nature ! Ce n'est pas pour rien qu'il exposera en Europe cet été, notamment à Ibiza, en Espagne et à Saint Tropez. Des destinations aussi exotiques que ses toiles. Néanmoins, l'artiste voit la vie en couleurs et pas qu'en noir et blanc, il pense déjà à de nouveaux projets dont un travail sur les animaux. «Je vais travailler sur une série d'animaux comme des éléphants, des gorilles, des lions en taille réelle», explique l'artiste dont les airs de savane reviennent peu à peu et qu'il faut mettre sur toile. Un travail sur l'Afrique qui revient encore. Un autre défi pour cet idéaliste qui a encore plein de rêves dans la tête : «Exposer à New York reste mon rêve le plus fou et surtout retourné très vite au Mozambique et dans pleins de pays du continent africain». Un rêve en grandeur nature, toujours.