Un mercredi soir à Rabat où tous les passionnés et curieux d'art se donnent rendez-vous pour découvrir une exposition toute en lueur, des œuvres qui mettent en lumière une émotion et beaucoup de sensibilité, celle de l'artiste et des femmes en général. Une rencontre entre l'effervescence des sentiments et la couleur neutre mais pure : le blanc. Dans «La symphonie en blanc majeur», titre de son exposition, Souad Sahel laisse jaillir la libre expression de ses émotions et des ses gestes sur les toiles. Elle exagère les perspectives en transformant la réalité afin de provoquer un impact immédiat sur son spectateur, le tout avec une touche primordiale de blanc comme s'il s'agissait d'une nécessité pour l'artiste peintre. «Avant j'étais plus dans les couleurs, le rouge surtout. Aujourd'hui j'ai besoin du blanc même quand mes toiles sont sombres, je suis plus dans les ocres, les écrus. C'est comme mettre une lueur d'espoir», explique l'artiste passionnée par l'art et tout ce qui a trait au manuel depuis l'enfance. Cette lueur d'espoir est un travail sur elle-même, puisque le passage des couleurs et du rouge au blanc et à des couleurs plus écrues traduit un épanouissement personnel, une maturité et une certaine sérénité de l'artiste. «J'ai besoin de peindre, la peinture c'est ma vie. C'est une sorte d'échappatoire, de thérapie. J'ai toujours voulu faire l'école des beaux-arts mais cela m'étais impossible à l'époque. Je me suis donc retournée vers des études de littérature française», explique Souah Sahel, qui a mis en berne sa passion pour la vie de famille et la routine du quotidien. Mais l'appel du pinceau est plus fort. «Après avoir mis en stand by mes rêves, j'ai repris goût à la peinture et j'ai décidé de m'y consacrer après plusieurs formations». Voilà comment l'artiste s'exprime émotionnellement à travers des toiles où elle reproduit ce qu'elle ressent et non ce qu'elle voit. Des portraits souvent, des expressions, des corps, des objets subtils, précis, plein d'âme et de blanc. Inspirée de la poésie de Théophile Gautier, l'exposition de Souad Sahel, «La symphonie en blanc majeur», est une ode à la femme et à la douceur, à mi-chemin entre la misogynie affectueuse et le féminisme non poussé. «Ce que j'essaie de traduire, c'est la beauté et la douceur de la femme à travers la poésie de Théophile Gautier». Impulsive tout en étant sensible, l'artiste peint l'humeur du moment, avec une touche impressionniste pleine de sensualité et de zénitude. Un vent de fraîcheur qui ravit et qui laisse admiratifs les amateurs d'art et les passants du Grand comptoir. Cette exposition s'inscrit dans le cadre des rendez-vous artistiques mensuels du restaurant mélomane et artistique de Rabat. C'est ainsi que les œuvres de Souad Sahel sont à découvrir jusqu'au 31 janvier. Une façon pour l'artiste discrète et timide, qui selon elle, ne sait pas parler de son art, d'exister à travers ses émotions. «Je ne sais pas m'exprimer par les mots comme je le voudrais, je m'exprime à travers le pinceau». Un pinceau qui parle pour elle, puisque ses toiles parlent d'elles-mêmes. Pas besoin de mots tellement la contemplation émotionnelle de l'artiste laisse libre court à l'imaginaire du public présent, forcément touché par la blancheur d'une âme. Un regard sur les œuvres de Souad Sahel qui touchent et ne laissent jamais perplexe, comme une symphonie qu'on ne se lasse pas d'écouter.