Le Programme national de promotion du pompage solaire dans les projets d'économie d'eau en irrigation a l'ambition de mettre d'accord les départements ministériels. Présenté conjointement par Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et son collègue à l'Energie Fouad Douiri lundi dernier à Rabat, et doté d'un budget de 400 MDH, ce programme vise les petits agriculteurs à travers une aide pouvant atteindre 50% de l'investissement, plafonnée à 75.000 DH (30.000 DH pour le kit solaire de pompage et 45.000 DH pour l'acquisition du goutte-à-goutte). Ces agriculteurs doivent en contrepartie installer ce dernier, qui profite d'une aide étatique de 100% pour les fermes de moins de 5 hectares. Le projet pourrait profiter à plus de 4.000 petites fermes. L'investissement global peut atteindre 1 MMDH si on lui adjoint la participation des agriculteurs. Les superficies visées sont celles de moins de 5 hectares, mais le programme peut profiter à des fermes plus grandes dans la limite de la subvention. Toutefois, avant de toucher l'argent, les intéressés doivent faire montre d'un minimum d'engagement. Selon Akhannouch, les agriculteurs intéressés peuvent se rendre au Crédit agricole du Maroc (CAM) afin de lancer leur projet de pompage solaire; l'Etat débloquera ensuite le montant de l'aide. L'engagement de cet établissement de crédit est acquis, rassure le ministre, puisqu'il est signataire de l'accord ayant trait au programme. Douiri estime pour sa part que ce projet est aussi bénéfique au Budget de l'Etat dans la mesure où il allègera les charges de compensation. Le ministre n'a pas hésité à pointer du doigt l'usage excessif de butane pour le pompage de l'eau d'irrigation, chose qui alourdit la facture énergétique du pays. Celle-ci a, pour la première fois, dépassé les 100 MMDH en 2012, atteignant alors 104 MMDH. Bien que la mise en œuvre du programme démarre fin 2013, le Maroc dispose déjà de la plus grande station solaire de pompage d'eau en Afrique. À Tafraout, une ferme de 120 hectares est irriguée grâce à des panneaux solaires de 370 m2 et 810 m3 d'eau sont pompés quotidiennement. Selon Saïd Mouline, DG de l'Agence des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) qui accompagne le programme, la première pompe solaire a été réalisée à Oujda en 1983. Globalement, la politique permet d'économiser en eau l'équivalent de l'irrigation de 50.000 ha par an. S'ajoutent à cela les contrats nappes phréatiques, déjà opérationnels selon Akhannouch, notamment dans la région du Souss. Le pompage de l'eau d'irrigation n'est en effet pas sans impact sur les réserves souterraines qui souffrent d'assèchement. Le processus est, somme toute, complexe et alambiqué. La combinaison du goutte-à-goutte et du pompage solaire permettront une énorme économie d'eau et d'énergie. Le retour sur investissement du programme est attendu dans 3 à 5 ans. Parallèlement à cela, le ministère de l'Agriculture lance une étude sur le périmètre irrigué et les risques de l'urbanisation, qui grignotent chaque année un peu plus de terres.