«Al'instar de beaucoup d'analystes, nous considérons ce changement comme un potentiel de liquidité et d'apport de nouveaux capitaux pour notre place», annonce d'emblée Karim Hajji, directeur général de la Bourse de Casablanca en faisant référence à l'éventuelle rétrogradation du Maroc de l'indice MSCI des marchés émergents et son reclassement vers celui des marchés frontières (cf:www.leseco.ma, édition du 3 juin 2013, «MSCI, le Maroc rétrogradé en juin ?». Pour lui, le Maroc dispose aujourd'hui d'autant de chance de rester Emerging que de passer Frontier. Pourquoi ? «Nous voyons le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide ! Si nous sommes reclassés en Frontier, c'est plutôt une bonne opportunité pour le marché, parce que notre place se trouvera dans une position beaucoup plus attractive lorsque nous aurons au moins 10 valeurs qui seront prises en compte dans l'indice MSCI Frontier Markets», tient-il à préciser. Dans ce cas de figure, le Maroc représenterait un poids dans l'indice MSCI FM de 7 à 10%, selon les estimations de la Bourse de Casablanca, la place qui deviendrait, de facto, l'une des principales composantes de cet indice. «Cette nouvelle pondération dans l'indice MSCI Frontier Markets, donnerait plus de visibilité aux investisseurs étrangers car notre poids serait plus élevé que celui relatif à l'indice MSCI Emerging Markets», note Hajji et pour cause, «La Bourse de Casablanca ne représente que 0,095% seulement dans l'indice MSCI EM, soit moins de 0,1%, ce qui veut dire que beaucoup de gestionnaires d'actifs ne prennent même pas en compte le Maroc dans leur portefeuille parce que ça leur coûterait plus cher de benchmarker exactement l'indice en prenant en compte les 0,1% que représente celui-ci, plutôt que d'ignorer notre pays», soulève le dg de la BVC. Dans ce sens, même si 100% des gestionnaires d'actifs internationaux prenaient en compte la pondération du Maroc dans leur portefeuille, «ce qui n'est pas le cas», ça ne représenterait que 130 millions d'euros au total. En revanche, «si nous devrions demain rejoindre le MSCI FM, nous serions à 9% de cet indice, ce qui représenterait près de 260 millions d'euros, presque le double, d'une pondération théorique», anticipe Hajji. Dans ce sens, «certains investisseurs internationaux ne prennent même pas le Maroc en compte dans l'indice MSCI EM, qui ne comprend que trois valeurs qui sont Maroc Telecom, Addoha et Attijariwafa bank contre au moins une dizaine de valeurs, si nous devions passer Frontier Markets», précise-t-il. L'autre point positif du reclassement énuméré par Hajji est relatif au positionnement des sociétés cotées marocaines qui deviendraient la première capitalisation de l'indice MSCI FM, il s'agit de Maroc Telecom, qui compterait 11 milliards de dollars de capitalisation et deviendrait, de fait, la plus grande société de MSCI Frontier Markets. Acquisition d'une nouvelle plateforme de cotation «Nous travaillons sur les contours d'un compartiment PME qui serait plus adapté à réponde aux besoins des PME de notre pays. Aussi, les infrastructures du marché seront renforcées à travers l'acquisition en cours d'une nouvelle plateforme de cotation et de surveillance, qui va permettre de coter tous les types d'actifs», informe Hajji. Hormis les actions, cette plateforme coterait aussi les obligations, les produits dérivés et probablement même les contrats à terme sur les devises ou certaines matières premières. L'un des chantiers majeurs de la réforme des marchés de capitaux est relatif à la création d'une chambre de compensation permettant de gérer les risques. «La mise en place d'un marché à terme implique des risques encore plus importants que celui des marchés d'actions et donc un risque plus important nécessite une chambre de compensation pour le gérer aux meilleurs standards internationaux», note Hajji qui ajoute, «nous sommes au cœur d'une très grande réforme et pour la réussir, nous avons besoin de la mobilisation de toutes les parties prenantes. Nous ne pouvons pas être relégués au rang des petites bourses exotiques africaines».