A la veille de la décision du MSCI de reclasser (ou pas) la Bourse de Casablanca dans l'indice MSCI Frontier market, le management a tenu une conférence à Casablanca pour discuter des pistes de sortie de crise. Karim Hajji est longuement revenu sur le pour et le contre du MSCI. Pour rappel, notre Bourse nationale ne répond plus à plusieurs critères quantitatifs utilisés par le MSCI dans ses classifications des marchés boursiers. Mais, selon Karim Hajji, ce n'est pas si grave que cela. En effet, il a déclaré, alors qu'il ne connaissait pas à l'heure de son allocution, ce que devrait être la décision du MSCI: «Nous ne considérons pas cela comme une sanction ou une dégradation, mais plutôt comme un nouvel apport de liquidité». Pour aboutir à cette conclusion, Hajji s'est basé sur la pondération actuelle de la Bourse de Casablanca dans le MSCI Emerging Markets qui est de 0,095%. Selon lui, si tous les gérants de fonds qui ont cet indice comme benchmark, appliquaient cette pondération, le marché marocain bénéficierait d'une liquidité supplémentaire de 130 millions d'euros. Alors qu'en cas de passage au MSCI Frontier Market, la Bourse de Casablanca bénéficierait d'une liquidité additionnelle théorique maximale de 270 millions d'euros, soit le double. En effet, dans ce nouvel indice, la Bourse de Casablanca aura une pondération variant entre 7 et 9% et serait représentée par dix entreprises, contre trois actuellement. Aussi, Maroc Telecom deviendrait-elle la plus grande capitalisation de cet indice juste devant une entreprise Koweitienne. Quoi qu'il en soit, le problème de fond qui est la liquidité du marché, ne sera toujours pas résolu. «Ce problème persiste depuis cinq ans et, aujourd'hui, la Bourse de Casablanca est l'une des places connues les moins liquides, sinon la moins liquide de toutes», selon Hajji. Des investisseurs sceptiques Alors que Karim Hajji tente de rassurer, le marché voit cela d'un autre œil. Après la conférence de presse, analystes et gérants nous rappellent que la BVC a perdu un peu moins de 1% la semaine dernière et, qu'en l'espace de deux séances cette semaine, les pertes se sont creusées de 1% supplémentaire. Ce sont justement les trois valeurs présentes actuellement dans le MSCI (Addoha, Attijariwafa bank et Maroc Telecom) qui subissent la plus forte pression de la part des vendeurs. D'ailleurs, l'action Addoha a perdu quasiment 6% lors de la séance du 10 juin et Maroc Telecom a perdu un peu plus de 2% lors de la séance du 11 juin. Quelle est la meilleure option ? Etre l'un des meilleurs parmi les moins bons ou être le moins bon parmi les meilleurs ? Seuls les investisseurs sont habilités à répondre à cette question. Et ils ne manqueront pas de le faire pendant les semaines à venir.