Vous êtes ici : Actualités / featured / Le Maroc exclu du MSCI Emergent Market C'est officiel, la place casablancaise quitte le MSCI Emerging Markets et fera, dès novembre de l'année en cours, partie des Frontiers Markets. Le verdict du déclassement a été dévoilé dans la soirée du mardi à l'issue de la révision annuelle des indices boursiers de Morgan Stanley. La cause de cet abaissement n'est pas une surprise. C'est l'atonie que vit le marché boursier marocain suite au fort repli de la capitalisation flottante marocaine, au tassement du taux de rotation des 76 valeurs cotées et à la tendance baissière des volumes transactionnels quotidiens sans oublier l'absence d'IPO due au découragement des initiateurs à franchir le pas et opter pour d'autres modes de financement plus conventionnels. La mise en garde de l'éventuelle dégradation a été annoncée depuis octobre de l'année écoulée. Pourtant le marché marocain n'a pas réussi à renouer avec la croissance et a subi son sort en plein fouet malgré les efforts et la mise en place d'une panoplie de mesures destinée à drainer la liquidité du marché. Les résultats de ces réformes ont été cependant difficilement appréciables surtout étant donné les deadline très restreints entre leur mise en place et la date de révision des données utilisées pour la reconstitution de l'indice. L'indice MSCI Emerging Markets est composé de 821 sociétés cotées sur 21 marchés différents. Au niveau africain et pour la zone MENA, seuls l'Egypte, l'Afrique du Sud et le Maroc en faisaient partie. Les actifs des fonds adossés à l'indice MSCI Frontier Markets et qui constituent leur portefeuille en fonction de celui de l'indice disposent d'actifs estimés à près de 3 milliards de dollars. La Grèce, a elle aussi été rétrogradée, passant du MSCI Developped Markets au Emerging Markets. A l'inverse, les indices MSCI du Qatar et des Emirats arabes unis sont reclassés dans les marchés émergents alors qu'ils avaient jusque-là un statut de marchés frontières. «La reclassification de la Grèce et du Maroc prendra effet lors des révisions semi-annuelles de novembre 2013 et celle du Qatar et des Emirats en mai 2014», a ajouté MSCI. Les marchés Frontiers représentent 2,7% des montants investis Les professionnels restent optimistes en essayant de voir le verre à moitié plein, néanmoins, la vérité les rattrape. Certes, comparativement à son poids insignifiant (0,1%) dans le MSCI Emerging Market, le Maroc aura une meilleure part de la catégorie Frontier Market. Valorisé à 6%, ce poids générerait un placement immédiat d'environ 200 millions de dollars. Ce qui induirait, en rythme de croisière, des volumes supplémentaires de transactions. CDG Capital n'est pas du même avis, dans son dernier rapport traitant de cette problématique elle précise : « nous maintenons notre position quant à l'importance des fonds investis sur les Emergent Markets comparativement aux Frontiers Markets. A titre d'illustration, les fonds ETF indexés sur le MSCI EM s'élèvent à environ 100 milliards de dollars par rapport à 130 millions de dollars approximativement sur le MSCI FM ». Effectivement les fonds indexés sur le MSCI FM sont assez faibles comparativement à ceux investis dans le MSCI EM. « Le maître mot d'après cette analyse, est qu'au meilleur des cas les marchés Frontiers représentent 2,7% des montants investis dans les marchés émergents, à cela se rajoutent les éléments de faible liquidité qui touchent les marchés Frontiers mais ce sont là d'autres considérations qui ne font pas l'objet de notre analyse », Selon la même source. Le downgrade défavorable pour le Maroc « notre position, basée sur la quantification des flux d'investissement provenant de chaque indice, lève le voile sur un arbitrage qui causerait une sortie de flux d'investisseurs plus qu'un recrutement de nouveaux prospects », souligne CDG Capital dans leur rapport avant de poursuivre « nous rappelons que les fonds indexés sur FM représentent au plus 2% de ceux indexés sur EM ». Pour le marché marocain, le meilleur des scénarios, le flux net des ETF, se solderait par un retrait équivalent à 1% de la capitalisation flottante du marché. Même si l'on considère que le déclassement vers le MSCI Frontier Markets n'est pas une catastrophe, la décision constitue un échec pour la place casablancaise qui n'a pas réussi à relever le défit pour stimuler le marché pour renouer avec la hausse. Les fonds indiciels étrangers devront impacter du moins a court terme, les indices phares et plus précisément les trois valeurs représentant le Royaume dans l'indice EM notamment Addoha, Attijariwafa Bank et Maroc Telecom. L'ATVR s'appauvrit... Par valeurs, le Maroc sera beaucoup plus représentatif dans le MSCI Frontier Markets. «Le ratio ATVR ou Annual Traded Value Ratio fait ressortir la perduration du contexte d'illiquidité qui frappe les valeurs marocaines. Au cours de la période s'étalant de juin 2012 à mai 2013, le calcul approximatif de ce ratio lève le voile sur une non validation du critère de liquidité ou le ATVR pour le MSCI EM », précisent les analystes de la société de bourse avant de préconiser : « En revanche pour les pays Frontiers, le critère est valide pour les neuf valeurs dont quatre banques, trois promoteurs immobiliers, une minière et un opérateur télécom ». Plus précisément, BCP, BMCE, CIH, Alliances, CGI et Managem sont des candidats potentiels pouvant faire partie du MSCI Frontier Markets en plus des trois titres représentants le marché marocain actuellement. Des performances mitigées Toujours en guise de mise en contexte par rapport aux principaux updates de l'année, « nous retenons qu'au cours de cette année et en YTD la performance des marchés émergents captée par l'indice MSCI EM est baissière de l'ordre de -6.1% » selon le même rapport. En revanche, celle des pays Frontiers enregistre une hausse de 14.9%. Une tendance qui s'explique par la bonne performance des places qatarienne, émiratie et koweitienne qui détiennent la part du lion dans cet indice. Ces trois places font dorénavant partie des pays émergents du MSCI suite à sa dernière révision annuelle. Des ratios de valorisation qui se compensent Pour le volet valorisation, sur un repère de PE par DY la place marocaine représentée par le MSCI Maroc ressort comme la plus compétitive parmi les places aux quelles elle peut se comparer. Les pays constituants le MSCI FM auraient des valorisations un poil plus élevées que les pays EM, mais en contrepartie leurs DY est plus attrayants, selon CDG Capital. Le Price to Book et le ROE viennent insister sur le caractère plus rentable mais plus cher des pays Frontiers par rapport aux pays émergents. Le Maroc détient un PB assez élevé mais pour un ROE plus compétitif.