C'est parti pour la mise en place d'une stratégie nationale de l'efficacité énergétique à l'horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, l'Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) a lancé récemment un projet phare, à savoir : «les états généraux de l'efficacité énergétique». Le coup d'envoi de cette grande opération de diagnostic a été donné le 28 février dernier par Fouad Douiri, ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement. «L'objectif est d'estimer la consommation énergétique du Maroc et d'élaborer une stratégie nationale de l'efficacité énergétique qui comprendra les principaux programmes, projets et actions à entreprendre, avec la mise en place d'indicateurs spécifiques», explique Saïd Mouline, directeur de l'ADEREE. Ces états généraux ont pour but d'élaborer la stratégie d'efficacité énergétique du Maroc à l'horizon 2030, et de la décliner en plans d'actions associés, à court, moyen et long termes. Ceux-ci se déclinent en trois phases. La 1re consiste en un benchmark du secteur au Maroc et à l'étranger, en mettant l'accent sur le potentiel d'énergie et le recensement des réalisations effectuées à ce jour. La 2e étape porte sur la mise en place de groupes de travail qui impliqueront l'ensemble des acteurs, notamment les collectivités et les associations. Enfin, les recommandations de ce travail accompli devront permettre de tracer les contours d'une stratégie nationale de l'efficacité énergétique réaliste et efficace. Selon les sources de l'ADEREE, ces projets seront prêts avant fin 2013. L'organisation d'une journée de l'efficacité énergétique institutionnalisée prévue en novembre 2013. Priorité nationale Dans le cadre de la nouvelle stratégie énergétique du royaume, l'efficacité énergétique est érigée aujourd'hui en priorité nationale comme étant le moyen le plus rapide et le moins coûteux pour mieux utiliser et économiser l'énergie. L'objectif fixé par la nouvelle stratégie énergétique nationale est d'atteindre 12% d'économie sur la consommation de l'énergie en 2020 et 15% en 2030. C'est l'ADEREE qui est en charge de veiller sur la mise en œuvre des différents projets faisant partie du programme d'efficacité énergétique. Plusieurs organismes financiers et agences de développement internationaux assistent le Maroc pour atteindre ses objectifs d'efficacité. La Commission européenne, le PNUD, la BAD, l'AFD, la GTZ ou encore la BERD ont tous pris en charge le financement des projets liés à la maîtrise de la consommation de l'énergie dans plusieurs secteurs d'activités, dont notamment le bâtiment, l'industrie et le transport. Un travail de fond a été effectué par l'ADEREE et a été couronné par le lancement d'un programme national de l'efficacité énergétique. L'Agence accompagnera également les entreprises opérant dans les secteurs-cibles par la formation et la sensibilisation à l'importance de l'économie d'énergie et de la production propre. Plusieurs actions sont en cours de réalisation pour la mise en œuvre du programme d'efficacité énergétique. Il s'agit notamment du Code d'efficacité énergétique dans le bâtiment, de l'installation des chauffe-eau solaires, de la généralisation d'audits énergétiques dans l'industrie, de la promotion d'utilisation des lampes à basse consommation (LBC), de l'entrée en vigueur d'une tarification sociale et incitative de type «20-20» ainsi que de l'instauration de l'horaire GMT+1. Objectif : rationaliser la consommation d'énergie et, partant, atténuer la dépendance énergétique du pays. Il est à noter à ce sujet que la facture énergétique nationale a atteint 103 MMDH en 2012, soit 11% du BIP et que le royaume importe 95% de sa consommation annuelle d'énergie, ce qui pèse lourdement sur sa balance commerciale.Sur le plan régional, une nouvelle approche territoriale a été développée par l'ADEREE. Elle vise à mobiliser les régions, villes ou communes au Maroc dans la poursuite de leurs objectifs énergétiques nationaux d'exploitation des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, notamment la réduction de leurs consommations énergétiques. C'est l'approche Jiha Tinou. Elle prévoit l'accompagnement des décideurs locaux, le renforcement des capacités, la sensibilisation, l'information et l'orientation du citoyen. La démarche méthodologique adoptée, notamment le MENA Energy Award, inspiré de son homologue européen (European Energy Award), offrira un cadre structurant aux initiatives locales durables, tout en prévoyant la certification ou la labellisation des collectivités les plus performantes en matière de développement énergétique durable. L'implication du secteur privé Les acteurs des secteurs ciblés par la stratégie de l'efficacité énergétique sont davantage impliqués dans cette nouvelle dynamique de l'économie d'énergie. Il s'agit des secteurs du bâtiment, de l'industrie, du transport et de l'agriculture. Le secteur industriel est fortement impliqué et les fédérations sectorielles travaillent en concertation avec l'ADEREE pour instaurer les bonnes pratiques de la production propre et d'économie de la consommation d'énergie. Dans le secteur du transport, l'ADEREE œuvre à favoriser l'optimisation des déplacements urbains pour réduire la consommation de carburant et donc de l'énergie à travers un ensemble de mesures qui visent à favoriser le transport collectif. Ce sont les plans de déplacements urbains, inter-administrations, et le développement de l'éco-conduite. Il s'agit, in fine, de favoriser dans tous ces secteurs mais aussi en chacun d'entre nous, une nouvelle culture visant l'instauration d'un comportement citoyen par rapport à l'énergie et à l'environnement.