C'est la période des soldes à Luanda. Le gouvernement angolais a annoncé, il y a un peu plus d'une semaine, une importante vague de privatisations de sociétés publiques. Il s'agit d'une liste bien garnie de 27 enseignes à confier au secteur privé, dans les cinq prochaines années.La plupart de ces structures sont en «situation opérationnelle limitée» ou en arrêt partiel ou total d'activités, selon les explications du ministère angolais de l'Economie, dans un communiqué repris par la presse locale et internationale. Dans le détail de la liste, ces enseignes opéraient dans une bonne dizaine de secteurs d'activités allant des équipements électriques à l'agroalimentaire, en passant par l'automobile, le tourisme, la transformation du bois et dérivés, le machinisme agricole et industriel, le textile, ainsi que les BTP/construction. Ce dernier domaine regroupe le plus grand nombre de sociétés candidates à la privatisation, avec sept enseignes (Tecnotune, Bricomil, Novobra Sarl, Ecoseng, etc.). Cette vague de cessions est inédite dans l'histoire économique du pays. Elle vise, évidemment, à relancer les activités de ces entreprises, mais également à aider l'Etat à optimiser ses ressources en réduisant ses charges de gestion publique. Ce pays d'Afrique centrale est également dans un important processus de diversification de son économie, ainsi que de développement productif et de croissance à l'export. La cession de ces entreprises devrait également permettre la création de quelque 300.000 emplois, cadrant ainsi avec les objectifs de la stratégie quinquennale de développement du pays (2013-2017). Il faut dire que l'économie angolaise est sur un rythme effréné de croissance entamé au lendemain de la crise de 2009. Dans le rapport sur les «perspectives économiques en Afrique», publié la semaine dernière, cette économie d'Afrique centrale devrait donc dégager une croissance de 8.2% en 2013. Un des plus gros chiffres du continent. Ce taux devrait passer à 7.8% en 2014, tiré, évidemment, «par l'essor du secteur pétrolier et gazier et par un programme de dépenses publiques destiné à encourager la diversification économique», selon les auteurs du rapport. L'Angola est de fait le deuxième plus important producteur d'or noir du continent. Par ailleurs, «le gouvernement angolais s'est lancé dans d'ambitieuses réformes de gouvernance, mais l'environnement des affaires reste difficile faute d'institutions et d'infrastructures suffisantes», nuancent ces derniers. Risque Pays Des excédents courant et budgétaire, tributaires du pétrole : L'excédent de la balance commerciale devrait se confirmer en 2013, porté par les exportations de GNL et de pétrole (98% des exportations). Dans le même temps, les importations de produits alimentaires resteront soutenues. L'excédent courant devrait légèrement se réduire du fait de la progression des importations de biens et services pour l'exploitation des hydrocarbures et des rapatriements de dividendes des sociétés étrangères. En 2013, les recettes fiscales seront moins élevées en raison d'un cours du baril plus modéré, alors que les dépenses sociales (programme de lutte contre la pauvreté) et les investissements publics continueront de progresser. Tensions sociales et lacunes dans le climat des affaires : Les élections d'août 2012 ont marqué une nouvelle victoire du président José Eduardo Dos Santos (du MPLA) avec 72% des voix (contre 82% aux élections précédentes en 2008) pour un nouveau mandat de 5 ans, après 33 ans à la tête du pays. Les récentes promesses en matière de dépenses sociales reflètent la volonté du président d'apaiser les revendications sociales (notamment en termes de logement), durant la campagne électorale. Ainsi, les tensions pourraient s'intensifier si le gouvernement n'améliore pas la situation.