Pour sa première édition, le Forum africain de la finance organisé à Marrakech, a connu une forte affluence. C'est la première fois dans la région qu'une conférence sur la gestion d'actifs est organisée. C'est tout un panel d'experts qui s'est, donc, réuni hier pour l'événement, qui doit encore se poursuivre aujourd'hui. À signaler que l'agence de notation, Standard & Poor's, est également partenaire de l'événement.Le thème de cette édition a, donc, porté sur «les nouvelles tendances de la gestion d'actifs». Un choix dicté par le besoin de «créer un débat et des échanges d'expérience sur les pratiques en matière d'allocation d'actifs, de gestion des risques et d'intégration de contraintes réglementaires, tout en maintenant les exigences de rentabilité», comme on l'indique au sein du comité scientifique du forum. Il faut dire que depuis quelques années, le paysage de la gestion d'actifs a connu de profondes mutations, dues notamment à l'augmentation du stock d'épargne à l'échelle mondiale, ainsi qu'à la naissance d'une catégorie d'investisseurs avertis, sans oublier la sophistication croissante des marchés financiers. Un nouveau visage s'est donc esquissé pour ce créneau d'autant plus que la crise a révélé l'ampleur des risques cachés, qui étaient souvent mal appréhendés par les gestionnaires. De ce fait, leur communication aux investisseurs était parfois «omise», au regard du un manque de transparence qui caractérisait certaines franges du marché. «À la différence du risque de taux, qui peut être mesuré et connu par l'investisseur, les risques de crédit et de liquidité restent cachés, partiellement ou totalement, d'où une perte de confiance générale des investisseurs», commente un intervenant. Bonnes pratiques de part et d'autre Au Maroc, la gestion d'actifs n'a pas encore atteint son plein potentiel. «Le marché des OPCVM reste très concentré au Maroc, puisque quatre sociétés de gestion gèrent plus de 70% de l'encours global des actifs», commente Hicham Reghay, directeur de CDG Capital Gestion. En outre, le risque est porté par l'investisseur, et le gestionnaire n'a qu'une obligation de moyens et non de résultats. Néanmoins, «le marché a su développer un capital confiance entre le client et le gestionnaire. Ce dernier doit, donc, capitaliser sur cette confiance durement acquise», ajoute Reghay. Pour ce faire, un ensemble de bonnes pratiques gagnerait à être observé entre le gestionnaire et son client. Ainsi, le gestionnaire se doit d'être un conseiller modèle pour son client. Ce dernier, s'il est non averti, a besoin d'un accompagnement dans la prise de décision. Pour cela, un discours clair et intelligible, une connaissance précise du passif, ainsi qu'une appréciation des degrés d'aversion au risque, avec une vue d'ensemble sur les contraintes liées à l'investissement, sont requis. Le client averti,lui, a plutôt besoin d' «une définition de l'univers d'investissement du fonds, sans oublier la détermination d'un benchmark définissant l'allocation stratégique la plus adaptée au passif du client, à son degré d'aversion au risque, à ses contraintes, ainsi qu'une mise en place des marges de manœuvre de la gestion», commente Reghay. Le directeur général de CDG Capital Gestion n'a pas non plus omis de mentionner le comportement post-investissement, qui repose sur une obligation d'honnêteté et de loyauté envers le client, le respect de ses consignes, la communication sur les performances des investissements et sur les risques, ainsi que la mise en œuvre de moyens organisationnels et humains et techniques pour le suivi des risques marchés. En outre, il convient de s'assurer en permanence que le seuil de risque du client n'a pas été dépassé. À côté de toutes ces pratiques de bonne gestion, le client doit également prendre en compte les contraintes du gestionnaire au niveau réglementaire, et juger ce dernier sur l'horizon d'investissement du fonds. Contraintes fiscales et de change Une autre intervention des plus intéressantes a porté sur l'aspect fiscal en matière de gestion d'actif. «En amont de la structure d'un fonds, il faut savoir que la plupart des conventions fiscales signées avec le Maroc attribuent le droit d'imposer au pays de résidence du cédant des actions. Or, en présence d'une partie étrangère et de dimension extraterritoriale, le paiement se fait en devises, et beaucoup de pays africains réglementent strictement les sorties de devises», souligne Hicham Kabbaj, avocat au barreau de Paris. Par exemple, les contrats de représentation ou de courtage prévoyant des taux supérieurs à 10% sont soumis à l'accord préalable de l'Office des changes.