«Si je ne peux pas partager quelque chose avec vous, je suis fou». Cela résume assez bien le concert plein de générosité de Mika, qui revient pour la deuxième fois à Mawazine. Celui qui avait déjà annoncé la couleur, dimanche dernier, lors de la conférence de presse en précisant : «Le fait de revenir dans ce festival me met beaucoup de pression, mais c'est aussi un grand plaisir. Je garde un bon souvenir de mon précédent passage sur la scène de l'OLM Souissi. Ce soir, ça va être un show complètement différent, j'ai été inspiré par l'artiste japonaise Yayoi Kusama en ce qui concerne la mise en scène, tout sera couvert de petits pointillés et puis j'ai 3 albums, avant j'en avais un seul, je n'avais pas assez de titres pour faire un show. Maintenant que j'en ai assez, je peux choisir entre mes chansons pour composer mon show. Je chante aussi en français, ce qui est une nouveauté pour mes concerts. Enfin, c'est un spectacle plus frais». En effet le chanteur, auteur-compositeur à la voix cristalline qui briserait la glace a livré un concert équilibré entre prestation scénique, démonstrations vocales et moments instrumentaux du haut de son piano. Il revient avec ses chansons cultes comme «relax», «Love today» ou encore «Grace Kelly» mais n'oublie pas des extraits de son album «The Origin of love» avec «Lola» ou «Elle me dit». Il se sent tellement bien qu'il s'aventure à interpréter, en exclusivité, sa dernière chanson à peine sortie, le lendemain du concert, pour le plus grand bonheur du public présent même s'il prévient «qu'il y aura beaucoup de fautes». Cinq ans après la sortie du single «Relax, take it easy» qui inondait les radios et annonçait l'album «Life in Cartoon Motion», certifié disque de diamant et qui s'est vendu à plus de six millions d'exemplaires dans le monde, Mika a pris en maturité mais sans jamais oublier ce côté enfant et ce monde coloré des dessins animés et du monde imaginaire qu'il aime créer. Son deuxième disque «The boy who knew too much» sort deux ans plus tard, en 2009, et se vend à plus d'1 million d'exemplaires, ce qui lui permet de recevoir le triple disque de platine. Sur cet album, Mika évite le piège du déjà entendu. Il offre une face plus sombre sous des mélodies acidulées car Mika, c'est ça : «des airs joyeux pour chanter le mal-être et les questionnements de la vie». L'évolution musicale de l'artiste se fait sans heurts et presque naturellement avec un troisième album qui surprend mais qui garde la touche «Mika» : The Orin of Love. Plus électro que les précédents, il s'habille ce coup-ci de légèreté, avec même, comme il l'avait promis, des titres en français, notamment le tube de l'été 2011 : «Elle me dit», grâce auquel il reçoit le trophée des NRJ Music Awards dans la catégorie «Artiste masculin international de l'année». «C'est mon troisième disque, j'ai pris l'habitude de faire un album tous les 3/4 ans et chaque disque est, en fait, une sorte de journal intime de cette période passée, c'est pour cela que mes disques me prennent autant de temps et donc «The Origin of Love», l'album qui chante essentiellement l'amour, est un peu le témoin des trois dernières années de ma vie», avouera-t-il lors de la conférence de presse tenue le dimanche même du concert où il se livre naturellement et sans retenue sur ses textes, sa musique et ce côté sombre derrière la couleur. «C'est la culture libanaise, on ne sait jamais si les gens sont contents ou s'ils souffrent. C'est leur façon de survivre avec cette sorte de joie de vivre qui dépasse tous les maux. Cela vient de l'éducation de ma mère, de mes tantes. C'est aussi peut-être une sorte d'ordonnance que je me donne à moi-même, ça m'aide à digérer les choses et à les dépasser», continue l'artiste. Diriger et se dépasser, c'est ce qu'il a sur faire après le concert de qualité qu'il avait déjà offert en 2010. L'artiste avait surpris par son sens de l'innovation, sa créativité débordante en livrant un spectacle coloré et animé. En effet, Mika ne se contente pas d'enchaîner des chansons et de faire le show, il raconte une histoire et invite le public à entrer dans son histoire. Quelque chose que le public présent fait volontiers et presque sans le vouloir, que ce soit les fans avisés ou les quelques réfractaires venus accompagner tout simplement. Qu'on aime ou qu'on aime pas, tout le monde s'accorde à dire que Mika a du talent et qu'il s'est donné à 100%, et n'a pas fait comme certaines «super stars» venus donner un minimum afin de se préserver pour les «vraies» tournées mondiales. C'est ainsi, qu'à l'aise avec son public et comme un poisson dans l'eau sur la scène de l'OLM, jonglant entre plusieurs costumes et ambiances, que le spectacle de Mika est imprégné de passion, de couleurs et de générosité. C'est à se demander si l'artiste n'aurait pas trouvé la recette miracle de «l'origine de l'amour». Il s'agit bel et bien d'un concert à ajouter aux concerts marquants des éditions de Mawazine !