Les inondations qui ont touché le royaume en novembre dernier ont levé le voile sur une question des plus cruciales, celle de la continuité de l'activité d'une entreprise en cas de désastre. Un problème que seule l'adoption d'un plan de continuité d'activité (PCA) peut résorber. Néanmoins, il va sans dire que la recrudescence de l'utilisation de l'outil informatique fait de ce dernier le maillon le plus important de cette continuité. Or, dans le royaume, rares sont les entreprises qui disposent d'un Plan de secours informatique (PSI) et détiennent en propre un data center intégré (centre de données), d'autant plus qu'il n'existe qu'une seule société qui offre les services de location d'un centre de données. Les quelques data centers recencés au Maroc demeurent à un stade quasi embryonnaire en comparaison avec ce qui se fait à l'échelle internationale, notamment en matière de gestion des ressources énergétiques. Economes en énergie En effet, il va de soi que les centres de données sont très énergivores. 50% de leurs coûts opérationnels découlent de la consommation d'énergie. Sur l'année, ceux-ci peuvent parfois être aussi élevés que les investissements en matière d'infrastructure IT. Outre les serveurs informatiques, dont la consommation peut être optimisée, le dégagement de la chaleur des serveurs est très important. Cette énergie est donc consommée en grande partie pour le refroidissement de l'ensemble des machines en marche. Afin de préserver l'énergie et réduire sa consommation jusqu'à près de 10 fois, les professionnels repensent de plus en plus leurs stratégies de refroidissement pour leur data center. «Même si les méthodes de refroidissement traditionnelles (comme le refroidissement périmétrique avec un plénum de faux-plancher) sont toujours courantes, de nouvelles approches comme le confinement de l'allée chaude et de l'allée froide font une percée importante sur le marché», relate Noureddine Aouda, directeur d'APC by Schneider Electric Maroc. Le déploiement de l'un de ces dispositifs pour la création de son data center fait de lui ce qu'on appelle aujourd'hui un «green data center» et dont le nombre «se limite à 106 centres qui adhèrent totalement au code de conduite des data centers, établi par la Commission européenne et qui s'assimile à une charte éco-responsable pour ces centres, et détiennent à ce titre le label CE.», précise Bernard Lecanu, directeur de BL International Consultant et vice-président de la co-Hosting association. Mais la technique de refroidissement adoptée ne suffit pas pour qu'un data center soit déclaré green. Pour obtenir ce titre, les experts expliquent qu'il faut aussi réduire l'empreinte énergétique des bâtiments, utiliser des matériaux de construction, des tapis et des peintures à faible émission, assurer un aménagement paysager durable et une totale intégration à l'environnement, sans oublier le recyclage des déchets, l'installation des convertisseurs catalytiques sur les générateurs de secours, l'utilisation des sources d'énergie renouvelable ou encore l'utilisation des véhicules hybrides ou électriques. La construction et la certification d'un centre de données vert peuvent être coûteuses au départ, mais les économies escomptées sur les opérations de maintenance sur le long terme sont assez conséquentes, affirment les professionnels du secteur. A cela s'ajoutent les économies en matière de consommation d'énergie.«Pour la construction d'un centre de données vert», souligne Lecanu, «il faut tout d'abord avoir une disponibilité énergétique, une industrie importante, une industrie bancaire, un réseau étendu de la fibre optique, des opérateurs télécoms et des spécialistes et experts en matière de construction, de gestion et de maintenance des data centers ainsi que des fournisseurs de matériel informatique et de logistique». Un ensemble d'atouts dont dispose d'ores et déjà le Maroc et qui ont d'ailleurs poussé Apis-Engineering à y implanter le premier green data center du royaume. En effet, l'essor que connaît le secteur des data centers à l'échelle internationale et qui ne risque pas de s'essouffler de sitôt ne peut que profiter au Maroc qui «se distingue par son dynamisme et sa stabilité dans la région Afrique du Nord. Les spécialistes lui attribuent un potentiel qui devrait lui donner une longueur d'avance sur ses voisins voire en Afrique, à l'exception de l'Afrique du Sud qui est déjà largement en tête.