Meilleur élève de la classe en Afrique en termes de technologies de l'information et de la communication (TIC), le Maroc confirme, sur le papier, son avancée numérique sur le continent. Dans sa dernière publication (du 16 mai 2011), les résultats de l'enquête de collecte des indicateurs TIC 2010, menée par l'Observatoire des technologies de l'information de l'ANRT, affiche des chiffres nettement dans le vert. Sans exception ! La mobilité prime Téléphonie fixe et mobile, nouveaux usages des terminaux téléphoniques, équipement en ordinateurs, accès à Internet... ont tous connu une progression plus ou moins significative de leurs indicateurs annuels au terme de 2010. Ainsi apprend-on que l'équipement en téléphonie fixe a progressé de 4%, sur une année, pour toucher 39% des ménages marocains, représentés par l'échantillon sondé (voir encadré), dominé par le fixe à mobilité restreinte. Ce dernier segment, introduit par le troisième opérateur de téléphonie, représente à lui seul les trois quarts (74,36%) des lignes fixes recensées. Concernant la téléphonie mobile, il est intéressant de noter que le Marocain reste très basique dans son usage. Seuls 6% des répondants utilisent leurs terminaux mobiles pour naviguer sur le Web, soit la même proportion qui consulte sa messagerie sur mobile. Néanmoins, la tendance semble s'accélérer en 2011, puisque 14% des usagers ont manifesté leur intention d'utiliser les services 3G sur leurs mobiles durant l'année. Sur le même segment, mais dans un autre registre, la mobilité des clients mobiles (d'un opérateur vers un autre) reste à l'ordre du jour et se confirme. 4% des clients de téléphonie mobile ont ainsi changé d'opérateurs en 2010. Concurrence oblige, la première raison évoquée pour la migration est celle de bénéficier d'«une offre promotionnelle d'un opérateur concurrent». Motif avancé par 54% des sondés et talonné de près par la cherté des prix des communications, évoqué de son côté par 50% des répondants. Suivent ensuite la possibilité de bénéficier de nouveaux services, une meilleure couverture réseau et une meilleure qualité de service client. Dommage toutefois que l'enquête ne donne pas le niveau de détail nécessaire pour croiser les raisons de changement avec l'opérateur choisi. Encore des beaux jours pour la 3G Côté Web, malgré la fracture numérique persistante, les Marocains sont (en moyenne) de plus en plus connectés. L'enquête fait ressortir l'embellie du taux de pénétration d'Internet chez les ménages de 5% supplémentaires, passant de 20 à 25% de 2009 à 2010, contre seulement 14% en 2008 et 7% en 2007. Ce qui place le Maroc en tête du peloton africain, côté à côte avec l'Egypte qui affiche la même couverture. Une ascension fulgurante, qui est en grande partie due à l'arrivée sur le marché de l'offre 3G, et plus précisément sa partie sans engagement, dont les Marocains sont devenus très friands. Et ce n'est pas fini, la demande étant loin de se tasser. En effet, 27% des ménages (en zone électrifiée) non connectés comptent s'offrir une ligne internet courant 2011. Une tendance, encore une fois, dominée par l'offre 3G mobile. Plus de 92% d'entre eux envisagent l'achat d'un modem 3G, contre seuls 9,5% qui penchent vers l'ADSL. En outre, contrairement à ce que l'on pourrait penser, les cybercafés ont encore de l'avenir. Le recours à la connexion hors du domicile a augmenté entre 2009 et 2010, passant de 34% à 38% des internautes, plus des trois quarts d'entre eux ayant recours aux cybercafés et autres espaces payants assimilés. Autre tendance de fond, qui a son pesant d'or pour expliquer certaines mesures techniques prises par les opérateurs pour brider les connexions 3G, évoquant le risque de saturation du réseau, celle des habitudes d'utilisation des connexions internet. Ainsi on apprend dans l'enquête de l'ANRT que le téléchargement des films, images et autres contenus multimédias a connu une explosion en 2010, pour passer en tête des habitudes d'usage. D'à peine 38% en 2009, la proportion des internautes «médiavores» a quasiment doublé pour passer à 71% en 2010. Même tendance pour l'usage de la téléphonie sur Internet (Skype) qui est passée de 28 à 63%. Pareil trend, mais toutefois moins marqué, pour l'utilisation des emails et des réseaux sociaux, dont l'usage était déjà largement répandu en 2009. Encore plus «d'ordis» en 2011 Pour le «hardware» aussi, l'année 2011 promet d'être faste, le taux d'équipement des ménages et des individus restant relativement faible, même s'il est à l'avant-garde africaine. En 2010, 34% des foyers et seulement 10% des individus disposaient d'un ordinateur, en légère augmentation relativement à 2009. La répartition entre PC portables et ordinateurs de bureaux s'est par contre stabilisée : 45% pour les premiers et 55% pour les seconds. La tendance attendue en 2011 est pour sa part infiniment plus optimiste et porteuse d'opportunités pour le secteur high-tech. Et pour cause. 34% des foyers non équipés ont l'intention d'acquérir un ordinateur durant l'année. Une intention qui s'étend même aux ménages déjà équipés, puisque 8% d'entre eux comptent en acheter un deuxième, et 20% ont l'intention de remplacer leur ancienne machine. De beaux jours s'annoncent a priori pour les ventes d'ordinateurs, ce qui n'est pas pour déplaire aux grands constructeurs internationaux qui ont tous leur siège régional dans le pays. Echantillon Les indicateurs mesurés peuvent être regroupés en trois catégories principales : le niveau d'équipement, l'accès et l'usage. La population cible de l'enquête «Particuliers», représentant l'échantillon sondé, est constituée des personnes âgées de 12 à 65 ans vivant en milieu urbain ou rural électrifié. La base de référence pour la population à étudier a été établie conformément au recensement 2004 et aux projections 2010 réalisées par le Haut commissariat au plan (HCP). L'échantillon a été fixé à 1.326 répondants dont 870 urbains et 456 ruraux. Egalement, afin d'assurer un échantillon représentatif de la population, des quotas ont été fixés selon les critères suivants : le milieu de résidence, la classe socioprofessionnelle du chef de ménage, le sexe et l'âge. Les questionnaires ont été pour leur part administrés en face à face, en français ou en arabe dialectal, selon le profil linguistique du répondant, durant la période comprise entre le 17 janvier et le 7 mars 2011. Encore et toujours chères! Pourquoi n'avez-vous pas encore acheté d'ordinateur? Pourquoi changez-vous d'opérateur? Pourquoi ne disposez-vous pas d'une connexion Internet? À toutes ces questions, une seule réponse revient en tête, dans la bouche des citoyens marocains. Le prix! Encore et toujours le prix... trop cher! Si la concurrence commence à tirer les prix des télécommunications vers le bas, le niveau reste encore trop élevé, trop coûteux. Et ce, même dans l'absolu, sans parler de rapporter ces prix-là au pouvoir d'achat du consommateur marocain moyen. Alors, concurrence, acharne-toi!