Un déficit de 4,5 milliards de dirhams. C'est ce que cumulent les finances publiques sur le 1er trimestre 2010. À la même époque de l'année passée, on en était à plus de deux fois ce montant, 10,9 milliards de dirhams... À ceci près qu'il s'agissait d'un excédent. À quoi est donc due cette dégradation? Aux mêmes raisons qu'en 2009, mais en plus fort : la lenteur de la reprise de l'activité dans plusieurs secteurs non agricoles, mais surtout les réaménagements fiscaux et l'alourdissement des charges de compensation. C'est du moins l'explication qu'avancent les analystes de Bank-Al Maghrib dans leur dernière note sur la conjoncture nationale. De fait, le mouvement baissier des recettes fiscales observé en 2009 et durant les deux premiers mois de l'année 2010 s'est poursuivi en mars. En effet, les recettes fiscales, chiffrées à 47,3 milliards de dirhams, ont marqué une baisse de 5,3% en glissement annuel. Et ce sont spécifiquement les recettes de l'impôt sur le revenu (IR) et de l'impôt sur les sociétés (IS) qui enfoncent le niveau global de rentrées. Les rentrées de la première taxe ont baissé de 14,7% pour revenir à 6,6 milliards, en liaison donc avec l'effet des nouveaux réaménagements introduits par la loi de finances 2010. Dans le même temps, les recettes au titre de l'IS se sont établies à 12,8 milliards au lieu de 17,6 milliards un an auparavant. L'épargne publique divisée par 2,5 Signalons toutefois que dans le lot, les recettes des impôts indirects sauvent la mise. Celles-ci enregistrent une hausse de 17,6%. Plus en détail, les rentrées de la TVA, établies à 16,7 milliards de dirhams sur les 3 premiers mois de l'année progressent de 20,3% par rapport à fin mars 2009. De même, les rentrées de la taxe intérieure de consommation et des droits de douane ont progressé respectivement de 9,5% et de 18%. En regard, les dépenses du Trésor ont atteint 43,1 milliards, au 1er trimestre 2010 en progression de 18,2%, par rapport à la même période de 2009. À l'origine de la flambée, principalement, les charges de compensation. Celles-ci passent de 1,3 milliard à 6,1 milliards. Mais aussi, les dépenses de fonctionnement qui, chiffrées à 32 milliards, marquent une augmentation de 8,5%, suite principalement à l'accélération de 21,1% des dépenses des autres biens et services, la masse salariale ayant progressé à un rythme plus faible de 1,5%. Dans ces conditions, l'épargne publique se contracte fortement. Elle s'est établie à 6,2 milliards au lieu de 15,7 milliards à fin mars 2009. La résultante d'un solde des comptes spéciaux du Trésor de 5,5 milliards, au lieu de près de 10 milliards en mars 2009 et de dépenses d'équipement d'un montant de 16,3 milliards de dirhams, en hausse de 10,1%. Au passage, il est à préciser que suite au règlement d'arriérés de paiement pour un montant de 365 millions, le déficit de caisse a atteint 4,9 milliards au lieu d'un excédent de 6,7 milliards à la même période de l'année précédente. La couverture de ce besoin a été assurée par le recours au marché intérieur pour un montant de 4,7 milliards et par des tirages nets sur l'extérieur à hauteur de 201 millions de dirhams. Rectifier le tir...ou pas ! Faut-il revoir à la hausse le budget alloué à la compensation ? Les dépenses du premier trimestre inquiètent, quand on sait que le budget de la Caisse est de 14 milliards pour l'année en cours. Un chiffre inférieur à celui des années précédentes, notamment en 2008, lorsqu'il atteignait les 33 milliards de DH. Le calcul du budget de 2010 s'était basé sur un baril à 75 dollars. Hier, il était à près de 70 dollars, après une longue incursion au-delà des 80 dollars. La tendance actuelle pourrait être fort trompeuse, s'inquiète t-on au GPM (Groupement des pétroliers marocains). Ces mêmes sources confirment que c'est bien la flambée antérieure des prix du pétrole qui a alourdi les charges inhérentes à la Compensation. «Les subventions pour les produits pétroliers se sont élevées à près de 2 milliards de DH pour chacun des deux premiers mois de l'année», commente notre source. En revanche, l'impact des autres produits, notamment le sucre, n'a pas été très significatif.