Le «Dialogue stratégique et économique» sino-américain, un tour d'horizon politique et économique entre les deux pays, a débuté lundi après de longs préparatifs. Néanmoins, il commence sur un fond de crise imprévisible dans la péninsule coréenne, dans laquelle les Etats-Unis recherchent activement le soutien de Pékin. Cette rencontre annuelle n'est que la deuxième depuis que les discussions économiques ont été élargies à la politique par l'administration Obama. Elle doit permettre avant tout d'aborder la relation économique entre les deux premières économies mondiales, et d'aplanir les différends. «Nos économies sont devenues inséparables», a conforté le vice-Premier ministre, Wang Qishan. L'approche américaine Pour le seul côté américain, 200 délégués sont présents, «le plus grand nombre de responsables gouvernementaux à se rendre à une rencontre dans le monde», a souligné la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. «Nous ne serons pas d'accord sur toutes les questions, mais nous en parlerons ouvertement», a promis Clinton, évoquant notamment les droits de l'homme. Dimanche, la secrétaire d'Etat avait plaidé la nécessité d'un accès équitable des entreprises aux marchés, l'une des pommes de discorde entre Washington et Pékin. Washington critique aussi le maintien d'un taux de change rigide entre le yuan et le dollar depuis l'été 2008. Mais lundi, le président chinois Hu Jintao a réitéré la volonté de Pékin de poursuivre la réforme de son taux de change, sans toutefois fixer de calendrier. L'énergie et le climat devraient aussi être âprement débattus, à mi-chemin du fiasco de la conférence sur le climat de Copenhague et de celle attendue à Mexico. Côté stratégique, la crise provoquée par le naufrage d'une corvette sud-coréenne en mars s'est invitée aux entretiens. C'est la première occasion conjoncturelle qui s'offre de voir le produit d'une action conjointe des deux pays. Les Etats-Unis se sentent maintenant sommés de travailler «dur pour éviter une escalade» selon Clinton, et «ensemble pour répondre à ce défi», a-t-elle ajouté, alors que la Corée du Sud venait d'annoncer qu'elle allait demander des sanctions contre Pyongyang au Conseil de sécurité de l'ONU. La vision chinoise La Chine, «très préoccupée», s'est contentée de rappeler ses déclarations de la semaine dernière, espérant «que les parties maintiendront le calme et la retenue». Pourtant, «la Chine a toujours été engagée dans le maintien de la stabilité en Asie du nord-est et dans la péninsule coréenne, la promotion des négociations à Six et la dénucléarisation», a déclaré le porte-parole chinois pour le dialogue, Ma Zhaoxu. Le président Barack Obama a soutenu pleinement Séoul lundi, après les conclusions de l'enquête internationale accusant Pyongyang d'avoir coulé le Cheonan le 26 mars, provoquant la mort de 46 marins sud-coréens. Pékin, en revanche, réclame davantage de preuves avant de condamner son voisin et allié. La Chine et les Etats-Unis doivent aussi discuter en profondeur du projet de sanction sur l'Iran à l'ONU en raison de son programme nucléaire. «Le projet de résolution sur lequel se sont mis d'accord tous les partenaires du groupe des 5+1», les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne, «envoie un message clair à la direction iranienne: respectez vos obligations ou affrontez un isolement croissant et les conséquences», a soutenu Clinton. En tout cas, les débats promettent une nouvelle orientation dans les relations bilatérales des deux puissances. Les champs de force mondiaux en changeront inéluctablement.