Le ministre sud-coréen de la Défense a affirmé vendredi que Séoul «ferait payer» à la Corée du Nord le naufrage par un tir de torpille de la corvette Cheonan (46 morts), alors que la pression internationale s'accentuait sur le régime communiste de Pyongyang. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, de passage à Tokyo, a exigé vendredi que la Corée du Nord mette fin à «son comportement provocateur». «La Corée du Nord a dépassé les limites et, pour un tel acte, nous la ferons payer», avait assuré auparavant le ministre sud-coréen de la Défense Kim Tae-Young, ajoutant que, parmi les mesures envisagées, figurent des sanctions supplémentaires au Conseil de sécurité de l'ONU. De son côté, le président sud-coréen Lee Myung-Bak a qualifié le naufrage de «provocation armée qui constitue une violation de la Charte des Nations unies, de l'accord d'armistice (ayant mis fin à la guerre de Corée entre 1950 et 1953) et de l'accord cadre inter-coréen (de 1991)». Mais le Sud semble avoir écarté une quelconque riposte militaire par crainte d'une guerre généralisée. «Cet incident est si sérieux et si grave que nous devons être très prudents dans la façon dont nous le gérons», a dit M. Lee. Jeudi, une enquête internationale sur la cause du naufrage de la corvette de 1.200 tonnes, qui a coulé le 26 mars au large de l'île de Baengnyeong, près de la frontière maritime avec la Corée du Nord, a conclu à un tir de torpille par un sous-marin nord-coréen. Quarante-six marins sud-coréens avaient péri dans le naufrage du navire qui s'était brisé en deux. Le Commandement des Nations unies en Corée du Sud, contrôlé par Washington, a déclaré vendredi qu'il mettait en place «une équipe spéciale d'investigations» pour passer en revue les résultats de l'enquête internationale dirigée par la Corée du Sud et «déterminer l'étendue de la violation de l'armistice (de 1953)». Pour la deuxième fois en deux jours, la Corée du Nord a nié vendredi toute implication dans le naufrage de la corvette, accusant Séoul d'avoir «fabriqué» des preuves et affirmant que les deux pays étaient désormais «proches de la guerre». Un haut responsable sud-coréen a estimé que l'attaque contre le Cheonan était une vengeance liée à un incident maritime frontalier en novembre dernier à l'issue duquel un patrouilleur nord-coréen s'était retrouvé en flammes. L'objectif du tir de torpille nord-coréen en mars était de «rétablir l'honneur de l'armée et remonter son moral», a affirmé le général Hwang Won-Dong, directeur de l'Agence des renseignements de la Défense sud-coréenne. Washington a prévenu jeudi que l'attaque nord-coréenne aurait «sans aucun doute des conséquences», tout en précisant que les 28.000 soldats américains stationnés en Corée du Sud n'avaient pas été placés en état d'alerte. Hillary Clinton a entamé vendredi une tournée d'une semaine en Asie par une escale de quelques heures au Japon, alors que l'affaire du Cheonan a quelque peu bousculé son programme. Elle doit se rendre en Chine et en Corée du Sud. «Je suis impatiente d'avoir des consultations fermes avec la Chine au sujet du naufrage du navire sud-coréen», a dit Mme Clinton. Selon des analystes, la Chine, principal allié de la Corée du Nord, pourrait soutenir des sanctions à l'ONU contre Pyongyang, mais se soucie avant tout de préserver la stabilité régionale. Jeudi, Pékin avait appelé «toutes les parties à la retenue».