Les Echos quotidien : Quels sont les champs à fort potentiel de la coopération maroco-russe ? Abdelkader Lecheheb : Le partenariat maroco-russe est construit sur trois axes : politique et sécurité; économique et financier, scientifique, technique et culturel. Sur le plan économique, la dernière commission mixte a ouvert pratiquement tous les secteurs à la coopération. Aussi, les plus présents sont l'agroalimentaire et la pêche, où près de 110 entreprises marocaines exportent vers la Russie. Mais aussi les semi-conducteurs, l'hydraulique, l'énergie et les mines, l'armement, les technologies de l'information et le tourisme, qui a connu une progression très marquée ces dernières années. D'ailleurs, entre 70 et 75 entreprises russes ont confirmé leur déplacement au Maroc à l'occasion du conseil d'affaires maroco-russe prévu fin mai en marge du Conseil d'affaires russo-arabe. Vue de Russie, constatez-vous que la destination Maroc acquiert de plus en plus de visibilité ? Bien sûr. L'intérêt est grandissant pour la destination et nous essayons de la faire connaître encore plus, en mettant en œuvre des projets qui donneront encore plus de visibilité. Mais la concurrence est évidemment très serrée,surtout que nous sommes très récents sur ce marché, l'ONMT n'ayant ouvert ses bureaux à Moscou qu'en 2009. Mais les résultats sont très bons par rapport à l'action entreprise, et pas que sur le balnéaire. Nous sommes passés de 12.000 à 41.000 touristes au terme de 2010 et nous espérons atteindre les 70.000 à fin 2011. D'ici 2013 à 2014, nous pourrions facilement arriver à drainer 170.000 touristes russes à condition de mener des actions de communication efficaces. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont ralenti en 2009. Qu'en est-il depuis ? L'impact de la crise a en effet été fortement ressenti sur nos échanges en 2009. Depuis, le retard a été rattrapé en 2010 et a été confirmé sur les premiers mois de 2011. Je pense que cette année nous pourrons revenir au niveau des échanges enregistrés en 2008, soit près de 2 milliards de dollars. Ne pensez-vous pas que le lobbying français ou américain se fait au détriment des potentialités de coopération économique maroco-russe, notamment en ce qui concerne le nucléaire civil ? Nullement. Jusqu'à aujourd'hui, aucune entreprise russe ne s'est plainte dans ce cadre. Des sociétés russes ont remporté plusieurs marchés, notamment dans l'hydraulique pour la construction de barrages. Elles sont aussi en lice pour les projets d'énergie solaire au Maroc, et une société d'origine russe mondialement connue prospecte actuellement le marché. La concurrence est tout à fait loyale et il n'y a pas d'obstacles particuliers. Dès lors qu'il y a la qualité, l'expérience et les technologies requises, le marché est ouvert à tous. Pour ce qui est de la centrale nucléaire, nous n'avons pas encore pris de décision, puisque le contexte ne s'y prête pas pour le moment, ce qui a parfaitement été bien compris par nos partenaires russes.