La mise en place de politiques de lutte contre le changement climatique au Maroc passera par des financements adaptés issus de sources publiques et privées nationales et internationales. La Politique de changement climatique marocaine (PCCM) exige la mobilisation d'importantes ressources financières qui dépassent les capacités de financement au niveau national. La mise en œuvre des actions d'atténuation ou d'adaptation appropriées au niveau national prévues dans les stratégies sectorielles de la PCCM est en quête de financements internationaux. L'insuffisance de ces ressources financières risque d'être un frein à la concrétisation de la PCCM. En effet, le Maroc a élaboré sa contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN) pour contrer les effets du changement climatique tant en matière d'atténuation que d'adaptation. En matière d'atténuation, l'engagement du Maroc est de réduire ses émissions de GES en 2030 de 32% (dont 19% réalisables à certaines conditions) par rapport aux émissions projetées pour la même année. L'atteinte de l'objectif conditionnel nécessite un investissement global de 45 milliards de dollars américains, dont 35 sont conditionnés à l'accès à de nouvelles sources de financement grâce aux nouveaux mécanismes de la finance climat. En matière d'adaptation la politique du Maroc se décline en plusieurs objectifs sectoriels chiffrés pour les horizons 2020 et 2030 tenant compte des spécificités des entités territoriales : les zones de montagne, le littoral, les oasis, les zones agricoles et les zones urbaines. Les besoins du Maroc en matière d'adaptation auront des implications budgétaires importantes. Sur la période 2005-2010, le Maroc a consacré 64% des dépenses climatiques du pays à l'adaptation, ce qui équivaut à 9% des dépenses globales d'investissement. Les estimations officielles laissent entendre que cet effort est appelé à augmenter dans les années à venir : l'accroissement de l'investissement national en matière d'adaptation pourrait atteindre au moins 15% à l'horizon 2030. La crédibilité de la mise en œuvre des politiques dépend du déblocage des financements nationaux et des garanties sur la prévisibilité des financements internationaux. Sur ce dernier point, l'enjeu est double pour le Maroc : être en mesure de capter des ressources mobilisées par les institutions multilatérales ; inciter l'engagement du secteur privé international à investir dans le pays. Les financements publics des pays développés ne seront pas suffisants pour répondre aux demandes des PED. Aujourd'hui, le financement international est confronté à deux problématiques pour répondre aux engagements des Conférences internationales: augmenter les ressources mobilisables dans la sphère publique en créant de nouveaux prélèvements; et augmenter les contributions des investisseurs privés en utilisant les ressources publiques comme garanties. Or, la mise en place de nouvelles sources de financements climatiques publics internationaux se heurte à plusieurs difficultés. Un nouveau prélèvement modifie un système complexe à l'équilibre. L'incertitude quant au bilan en matière d'émissions ou de développement économique se double d'une incertitude sur les revenus anticipés des instruments mis en place. La mise en place de nouveaux prélèvements nécessitera donc de franchir certains obstacles pour se concrétiser au plan international. Par ailleurs, l'investissement privé ne peut être mobilisé que lorsque le ratio risque/récompense est considéré comme suffisamment faible par rapport aux investissements concurrents. La contribution du secteur privé ne se fera qu'au travers d'instruments lui permettant principalement de réduire son risque. Le Fonds vert pour le climat peut tenir le rôle. Les «mesures d'atténuation appropriées au niveau national» ou NAMA (Nationally Appropriate Mitigation Actions) peuvent être une opportunité pour mettre en place de nouveaux systèmes de financements de politiques de réduction des émissions de GES. Les contours de ce dispositif sont relativement flous pour l'instant. La confiance dans le processus des négociations internationales doit être établie pour créer une dynamique qui permettra d'atteindre les objectifs de financement. La mise en place de politiques de lutte contre le changement climatique au Maroc passera par des financements adaptés issus de sources publiques et privées nationales et internationales. Avec des risques de non-concrétisation, les financements publics internationaux ne suffiront pas à eux seuls à remplir les engagements, ni à approcher les niveaux nécessaires à l'atteinte des objectifs. La capacité de mobiliser des ressources financières additionnelles et adaptées au niveau national doit être renforcée. Il s'agit d'intégrer les financements publics dédiés aux mesures d'atténuation et d'adaptation dans le budget de l'Etat et d'identifier les subventions négatives en vue de leur suppression. Il s'agira de rationaliser les outils publics de financement (Fonds national de l'environnement et du développement durable) pour optimiser la captation des financements internationaux. Il s'agira enfin de développer des outils financiers, fiscaux et de marché susceptibles d'inciter les investissements privés (partenariat public-privé, société d'investissement etc). Pour atteindre les objectifs de financements, l'emploi des ressources publiques pourrait être optimisé par un effet de levier, en rendant attractif le ratio risque/récompense des projets climatiques pour les investisseurs privés.