Depuis sa mise en place en octobre 2015, cet outil qui est à préserver a beaucoup fait avancer la politique marocaine de changement climatique. Dans une année, les experts de la coopération allemande du projet 4C (Centre national de compétences pour le changement climatique) quitteront le Maroc. Les subventions du gouvernement allemand seront également suspendues et il sera question de le poursuivre pour parachever sa mission qui, rappelons-le, s'est révélée très structurante. En effet, s'ériger en structure formellement chargée de l'atténuation des changements climatiques au niveau national ou régional en dotant le Royaume des moyens nécessaires pour répondre aux exigences de la gestion du changement climatique au niveau national et international n'est pas une mince affaire que l'on réalise en deux ou trois ans. C'est une œuvre de longue haleine où le très avant-gardiste projet 4C a montré la voie à suivre. En effet, grâce au ministère fédéral allemand de l'Environnement, bailleur de fonds du projet et à la coopération technique allemande (GIZ) qui en est le gestionnaire, le 4C a déjà plusieurs réalisations très structurantes à son actif. Il a soutenu le développement de la Politique du changement climatique au Maroc (PCCM) et du Plan d'investissement vert (PIV). Il a conçu la structure de l'autorité nationale désignée (AND) pour le Fonds vert pour le climat et a également soutenu l'accréditation de l'Agence marocaine pour le développement agricole. Le projet 4C a accompagné l'élaboration des contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN), puis sa révision qui a abouti au dépôt de la Contribution déterminée au niveau national (CDN) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en septembre 2016. Le projet a également contribué à la mise en place du système national d'inventaire des gaz à effet de serre (GES) institutionnalisé officiellement en octobre 2016. Le projet 4C s'est beaucoup investi dans le développement et le renforcement des compétences, des ressources et de la capacité de performance en visant divers groupes cibles : les secteurs public et privé, des banques, des journalistes, des coopératives de femmes et des partenaires africains. Ces derniers ont pu profiter de formations répondant à leurs différents besoins qui, selon le groupe cible concerné, portaient sur des questions générales liées au changement climatique, mais aussi sur des thèmes plus spécifiques tels que le financement climatique, l'élaboration des contributions nationales, l'intégration des mesures d'adaptation dans la planification, etc. Dans ce cadre, la délégation marocaine des négociateurs climatiques a bénéficié en continu de conseils et d'une formation aux discussions internationales relatives au climat et a ainsi été préparée à différentes COP dont la dernière a été tenue à Marrakech (Voir entretien). Le projet 4C a également soutenu le Comité de pilotage de la COP22 par des mesures de renforcement des capacités et un appui aux grands évènements de négociation, comme les consultations informelles des négociateurs, mais aussi à caractère scientifique & technique (métrique de l'adaptation, forum des experts sur les CDN, etc.). Mohamed Boussaïd Conseiller technique principal du 4CMaroc Les Inspirations ECO : Quelle est la composition du 4C Maroc ? Mohamed Boussaïd : La structure du 4CMaroc est avant-gardiste par rapport à l'orientation qu'a prise la problématique de lutte contre les effets du changement climatique. Celle-ci fait en effet désormais appel à la mobilisation des acteurs public, privé, de la recherche et de la société civile. Ces différents acteurs sont tous représentés au conseil d'administration du 4CMaroc, ce qui lui permet d'avoir une structure en 4 collèges. Les interfaces entre ces collèges permettent le développement d'une approche inclusive et engageante de ces acteurs. De cette façon la recherche et l'expertise nationale vont être mises au profit des politiques publiques en matière de changement climatique. Le secteur privé national sera aussi partie prenante à part entière dans la mise en œuvre des engagements du pays pour la lutte contre le réchauffement climatique. Qu'avez-vous fait durant la COP22 ? Durant la COP22, nous avons organisé le 14 novembre un side-event où le 4CMaroc a lancé le réseau des centres d'excellence et think tanks en changement climatique pour le renforcement des capacités «INCCCET 4CB». En tant que secrétariat du réseau, le 4C Maroc organisera la prochaine réunion du réseau à l'intersession de Bonn en mai 2017. Le 4C Maroc a également activement participé à la préparation du lancement officiel, toujours à l'occasion de la COP22, de l'initiative d'efficacité énergétique internationale «MGPREEE». Après la COP 22, le 4CMaroc a également co-organisé plusieurs formations au bénéfice de ses partenaires africains. Et-ce qu'il est vrai que vos actions de renforcement de capacité s'adressent exclusivement aux acteurs publics du changement climatique ? Pas seulement. Les actions du 4CMaroc ont touché différents types d'acteurs, notamment des associations, coopératives, journalistes, experts, opérateurs économiques et cadres de certains ministères. Plusieurs modules et sessions de formations ont été organisés à leur profit depuis 2014. Des ateliers de formation à caractère régional (Afrique) ont aussi été organisés sur des thèmes tels que le transfert de technologies, la finance climatique, l'adaptation, l'atténuation, les NDCs...