Techniciens, opérateurs mais également le middle management, ce sont les principaux profils que le secteur doit développer. Le Maroc doit renforcer son dispositif de formation en lançant de nouvelles filières mais aussi en créant de nouveaux instituts, notamment dans le domaine de la maintenance aéronautique. L'industrie aéronautique veut attirer 35 000 jeunes et 200 entreprises d'ici 2020. Pour cela, les dispositifs doivent être renforcés dans tous les domaines. Tour d'horizon avec Hamid Benbrahim El Andaloussi, président du Groupement des industries marocaines d'aéronautique et spatiales (GIMAS) et président de l'Institut marocain de l'aéronautique (IMA). Comment évolue le secteur aéronautique au Maroc? Le secteur aéronautique, c'est plus de 100 entreprises employant près de 11 500 jeunes. Ils sont en moyenne âgés de 30 ans et ont une formation de niveau Bac+2. L'Europe est la deuxième base compétitive au monde dans ce domaine et le Maroc est en train de devenir un acteur incontournable sur la scène mondiale puisqu'il profite de la baisse de compétitivité de certains pays européens de l'Est qui ont rejoint l'Union Européenne. Actuellement, nous sommes dans la deuxième phase qui rentre dans le cadre du plan d'accélération industriel, en partenariat entre le Groupement des industries marocaines d'aéronautique et spatiales (GIMAS) et le ministère du commerce et de l'industrie, qui consiste à tripler la formation des lauréats d'ici 2020. Le programme prévoit de doubler également le nombre de sociétés dans ce secteur en attirant davantage les PME qui constituent un vivier important de l'industrie aéronautique. Cette deuxième phase consiste également à soutenir les porteurs de projet dans ce domaine, mais également les acteurs de la métallurgie. Cela demande des investissements dans des compétences, du savoir-faire et de l'innovation. Justement, qu'en est-il de la formation ? Le projet porte notamment sur la formation de 23 000 jeunes. C'est un enjeu important car le Maroc doit favoriser deux aspects : l'innovation et les talents. Et je pense que sur ces deux volets, le Maroc peut avoir un atout. Quelle est la problématique de la formation actuellement ? Elle se pose de la manière suivante. Nous arrivons à trouver des ingénieurs de qualité, que ce soit sur le plan national ou étranger et à qui nous donnons une spécialisation complémentaire dans le domaine de l'aéronautique. Nous trouvons également de bons cadres dans le domaine RH, finance et autres. Cependant, le besoin se pose pour les profils de techniciens et opérateurs, techniciens de maintenance mais aussi le middle management. Nous travaillons notamment sur un domaine important : les métiers de l'entretien des avions. L'Institut marocain de l'aéronautique (IMA), qui est aujourd'hui un projet innovant monté par l'Etat et les organismes privés du secteur, permet de former 800 jeunes actuellement dans les métiers de base comme la chaudronnerie, l'usinage, les faisceaux électriques, les matériaux composites... Devant la demande croissante du secteur, nous avons lancé l'extension de l'institut, dont les travaux s'achèveront en septembre, qui permettra de former 1 200 jeunes chaque année et 300 en formation continue. Aujourd'hui, une cinquantaine d'industriels comme Bombardier, Safran, Stelia mais aussi des PME passent l'IMA pour former leurs jeunes. Qui forme ces jeunes justement ? Ce sont principalement des formateurs qui ont suivi des cursus en France. La structure de l'IMA comporte aujourd'hui une équipe de 25 personnes, entre formateurs et équipe administrative.Cette expérience de partenariat public/privé, menée également en partenariat avec d'autres organismes comme l'AFD et l'union de métallurgie en France, est considérée comme exemplaire et en train d'être dupliquée dans d'autres secteurs stratégiques comme l'automobile, les énergies renouvelables... Pensez-vous qu'il faut renforcer le dispositif de formation ? Tout à fait ! Imaginez que 35 000 avions doivent être construits au niveau mondial dans les 30 ans à venir. Dans ce cadre, le Maroc doit renforcer son dispositif de formation en lançant de nouvelles filières, mais aussi en créant de nouveaux instituts, notamment dans le domaine de la maintenance aéronautique. Nous pensons également à créer un centre de formation en middle management, c'est-à-dire le niveau intermédiaire entre ingénieurs et techniciens. Il s'agit d'un centre transversal avec les métiers de l'automobile, l'électronique et l'ingénierie. C'est un institut qui veut répondre aux besoins communs des «métiers mondiaux» du Maroc. Enfin, nous travaillons également sur la formation des techniciens en ingénierie. En somme, pour arriver à un effectif de 35 000 personnes et 200 entreprises dans le secteur, nous devons former près de 23000 jeunes dans les différentes filières de l'industrie aéronautique à l'horizon 2020. Le secteur attire t-il les jeunes ? Tout à fait ! il attire aussi bien les candidatures de jeunes au Maroc qu'à l'étranger. Nous sommes satisfaits de la qualité de nos ressources. Il faut dire aussi que l'IMA qui est une sorte d'«usine de qualification» représente un ascenseur social pour bon nombre de jeunes. Ils peuvent ainsi progresser dans leur parcours et atteindre des postes de direction. Autre facteur important, certains candidats finissent par créer leur société. C'est un acquis important. Nous avons des jeunes qui ont commencé il y a dix ans dans le secteur et qui ont fini par se lancer dans l'entreprenariat dans le domaine du conseil, l'ingénierie ou l'industrie. En 15 ans, je dirais qu'une douzaine d'entreprises ont pu voir le jour.