Les exportations de confection et de bonneterie reculent de 32,6 % et 23,4 % par rapport à janvier 2004. Les industriels refusent le catastrophisme et se concentrent sur la nouvelle stratégie à mettre en place. Timide début d'année pour le textile. D'après les statistiques de l'Office des changes, les exportations de vêtements confectionnés ont reculé de 32,6 % à fin janvier par rapport au mois de janvier de l'année précédente, à 1,406 milliard de DH. En volume, les ventes sont passées de 8 100 à 5 300 tonnes, soit une baisse de 34,6%. La tendance baissière vaut également pour la filière bonneterie. Le chiffre d'affaires à l'export a totalisé 516,5 MDH pour janvier 2005, marquant un fléchissement de 23,4 % comparativement à la même période de 2004. Ces chiffres peuvent-ils être interprétés comme signe de la conjoncture difficile que traverse le secteur ? A l'Amith (Association marocaine des industries textile et de l'habillement), on indique «qu'on ne peut fonder une analyse de la situation du secteur sur les seules données du mois de janvier». Karim Tazi, DG de Marwa, invoque pour sa part le manque de recul par rapport à ces chiffres, mais avance deux facteurs explicatifs. Le premier concerne l'impact de Aïd El Adha. En effet, cette période se traduit toujours par une baisse d'activité de l'ordre de 25 % puisque les industriels accordent une semaine de congé aux ouvriers. Deuxième facteur, la fin de l'Accord multifibres. Son démantèlement donne lieu à une turbulence due au fait que les donneurs d'ordre revoient leur positionnement. «Ils sont nombreux à se détourner du Maroc au profit des pays asiatiques, notamment la Chine», déplore M. Kabbadj, DG de Twin Fashion. Il tient toutefois à préciser que «la baisse révélée par l'Office des changes est excessive». Le recul, estime-t-il, doit être«de l'ordre de 10% seulement». Les industriels révisent leurs prix à la baisse Un autre industriel, dont l'analyse est partagée par plusieurs de ses pairs, souligne que la comparaison entre le premier mois des deux années est quelque peu biaisée car janvier 2004 a été un mois exceptionnel en raison du changement climatique, contrairement à l'année en cours où le froid se prolonge, ce qui fait que le placement des collections d'été ne se fera que tardivement. Les industriels ne veulent pas se montrer alarmistes et focalisent leur attention sur la stratégie à mettre en place pour faire face à la concurrence de la Chine. «Aujourd'hui, un travail intensif est mené par les comités constitués au lendemain de la rencontre avec le premier ministre. Et tout l'avenir du secteur dépend des mesures qui seront prises par le gouvernement», commente Karim Tazi, responsable du comité «douane». Il cite trois actions à mettre en place de toute urgence pour sauver l'industrie textile : améliorer la compétitivité du textile national, assurer la disponibilité des matières premières et accorder des incitations fiscales en vue de permettre aux unités de développer la créativité, l'innovation et la force de vente. En attendant les décisions des pouvoirs publics, les industriels ont baissé leurs prix de l'ordre de 20 % pour faire face à la concurrence asiatique. Il faut ajouter que de nombreuses unités textiles qui avaient anticipé l'évolution du marché et s'étaient organisées de manière à être réactives et produire de la qualité, connaissent une nette amélioration de leur chiffre d'affaires .