Textile/ Maroc - Union européenne Le Maroc obtient la dérogation aux règles d'origine. Cette décision vient de donner aux entreprises marocaines du textile/habillement la possibilité de considérer certains vêtements fabriqués au Maroc à partir de tissus originaires de Turquie comme des produits originaires du Maroc. Le Maroc est un des pays où le secteur des industries “textile et habillement” (ITH) occupe une place du premier plan. Le secteur connaît des bouleversements profonds à la suite de trois événements majeurs intervenus au cours des trois dernières années. Le premier événement est l'adhésion de la Chine à l'OMC en décembre 2001. Le second est l'élargissement de l'Union Européenne vers l'Est en 2004. Le troisième est le démantèlement de l'Accord Textile Vêtement (ATV), depuis 1er janvier 2005. Les produits chinois, notamment textiles, sont entrain d'achever une industrie locale agonisante incapable de rivaliser une marchandise produite en Chine avec une main d'oeuvre jusqu'à dix fois moins chère. En effet, plusieurs unités n'ont pas pu faire face à la concurrence acharnée des produits asiatiques que ce soit sur la qualité, et surtout sur les prix, ont dû fermer boutique. La fin des quotas sur les exportations de textiles chinois a pesé lourdement sur l'économie du Maroc dont l'industrie textile constitue un secteur vital. Près de 1687 entreprises réalisent un chiffre d'affaires annuel de 35 milliards de dirhams (3,15 milliards d'euros environ), représente plus de 200 000 emplois à temps plein. Les derniers chiffres communiqués par l'Office des changes montrent que nos exportations ont connu un véritable coup de fouet évoluant ainsi en peau de chagrin. Elles ont baissé de 5,5 %, à environ 42 milliards de dirhams (3,78 milliards d'euros), au terme des six premiers mois de 2005. Le recul des ventes de vêtements confectionnés et d'articles de bonneterie a occasionné une perte de 2 milliards de dirhams, un chiffre qui représente 82,7 % de la baisse globale des exportations marocaines. Pour le seul mois de juin 2005, les vêtements confectionnés ont accusé une baisse de 10,1% par rapport à juin 2004. Les articles de bonneterie ont totalisé 3,16 milliards DH contre 3,93 milliards au premier semestre 2004, soit -19,4%. Au seul mois de juin 2005, les exportations de ces articles ont diminué de 13,2 par rapport à juin 2004. Pour trouver parade à cette brutale concurrence, le Maroc et l'UE ont adopté, jeudi 4 août courant, une dérogation au protocole 4 relatif à la “définition de produits originaires et aux méthodes de coopération administrative” de l'Accord euromed. Celle-ci permettra aux industriels nationaux d'utiliser des intrants d'origine turque pour la fabrication d'articles d'habillement à destination du marché européen, dans le cadre du régime préférentiel prévu par l'Accord d'association Maroc-UE. Cette dérogation portera sur une durée d'une année. Elle prévoit notamment l'octroi d'un quota d'un volume de 10.890 tonnes de vêtements. Cette dérogation vient de donner aux entreprises marocaines du textile/habillement la latitude de considérer certains vêtements fabriqués au Maroc à partir de tissus originaires de Turquie comme des produits originaires du Maroc. De même qu'elle contribuera de manière décisive à la préservation de la position compétitive du secteur textile-habillement marocain au sein du marché communautaire. Selon les observateurs, elle est venue à point nommé pour leur permettre de tirer leur épingle de jeu surtout que le secteur faut-il le dire a été touché de plein fouet suite à une conjoncture internationale marquée par une concurrence acerbe . Le Maroc est le deuxième pays après la Tunisie de la région euro-méditerranéenne à bénéficier de cette mesure pour une durée limitée à une année. Depuis la suppression par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) du régime des quotas imposés par les accords multifibres, les produits textiles chinois ont envahi les marchés internationaux, singulièrement européens, portant un coup dur à cette industrie dans les pays méditerranéens du Sud comme du Nord. Doit-on se résigner et admettre qu'“à l'impossible nul n'est tenu”, face à la déferlante chinoise, la restructuration des principales sociétés de confection est devenue nécessaire, mondialisation oblige, pour assurer la mise à niveau du secteur, impose que des efforts soient accomplis au niveau des deux côtés: Etat et entreprises de textile et de confection. Côté Etat, l'obtention de cette dérogation procède de l'engagement ferme et constant du gouvernement en faveur du développement du secteur textile-habillement marocain, confronté à une conjoncture internationale difficile depuis l'expiration de la mise en oeuvre de l'accord sur les textiles et vêtements. Côté entreprises, celles-ci doivent s'engager dans une réelle dynamique d'investissement si elles veulent réellement survivre. Créativité, réactivité , flexibilité et qualité doivent être aujourd'hui les maîtres mots qui mobilisent les industriels du secteur. Désormais, les professionnels ont du fil à retordre. Ils sont obligés de faire avec la conjoncture internationale. Ils doivent profiter de l'aubaine de cette année de “grâce'' que vient de leur permettre la dérogation pour affronter les défis. Puisque le Maroc ne peut pas se battre sur les coûts. C'est perdu d'avance du fait du salaire d'une ouvrière de confection au Maroc est d'environ 200 euros par mois, contre 20 ou 25 euros en Chine. Seule stratégie pour s'en sortir, c'est de passer de la sous-traitance à la co-traitance, c'est-à-dire à la fabrication de produits finis. Autre stratégie possible, fabriquer en de très courts délais de petites séries, ce que les Chinois n'arrivent pas à faire avec leurs gros volumes. Cette stratégie pourra être rentable sur le long terme. Adopter une stratégie marketing et de promotion pour consolider le positionnement de l'offre marocaine sur les marchés de l'Union européenne et d'asseoir un encrage sur le marché américain.