Chaque année, seulement 40 % des objectifs de renouvellement du verger sont atteints. Le plan agrumicole peine à atteindre son rythme de croisière. Du coup, l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (Aspam), qui a tenu des réunions avec les responsables du ministère de l'Agriculture, planche actuellement sur des solutions pour le relancer. Elle a ainsi constitué des commissions techniques devant élaborer des propositions qui seront soumises au ministère de l'Agriculture. Conçu et mis en œuvre conjointement par ce département et les producteurs (à travers l'Aspam), en 1996, ce plan vise deux objectifs : relance de la production et de l'exportation des agrumes du Maroc et renouvellement ou extension des vergers. S'étalant sur la période 1998-2010, il concerne toutes les régions productrices d'agrumes, notamment l'Oriental (Berkane), le Nord (Larache-Gharb), le Souss (Agadir-Taroudant), le Haouz et Tadla-Béni Mellal. En principe, ce plan doit se traduire, à l'horizon 2010, par une production de 1 850 000 tonnes de fruits, dont 850 000 pour les exportations et un million pour la consommation locale. Pour atteindre ces objectifs, le renouvellement et l'extension devaient concerner 32 000 ha dont 2/3 pour le renouvellement et 1/3 pour l'extension. Il est prévu une prime à l'investissement de 15 800 DH par hectare planté, devant permettre aux producteurs d'acheter des plants certifiés auprès de pépiniéristes agréés et d'acquérir l'équipement en micro-irrigation. Une subvention jugée dérisoire au regard de l'investissement nécessaire Le bilan des cinq premières années révèle que l'on est encore loin des objectifs de départ. Seulement 1 800 ha sont traités annuellement au lieu des 4 000 prévus. Pour Ahmed Derrab, directeur de l'Aspam, plusieurs raisons sont à l'origine de cette situation. D'abord, le plan n'est entré en vigueur qu'en 2000 car il a fallu attendre deux ans pour publier les décrets d'application fixant l'octroi des aides aux producteurs. Ensuite, entre 1998 et 2001, le pays a connu une sécheresse chronique qui n'a pas encouragé les producteurs à investir. Ceux-ci ont également été découragés, durant la même période, par la conjoncture commerciale défavorable à l'exportation. Enfin, le point le plus important pour l'Aspam a trait à l'insuffisance de la prime à l'investissement, considérée comme très faible par rapport à l'investissement de 150 000 DH/ha engagé entre l'année de plantation et l'année de production (soit la sixième année). Les producteurs considèrent que cette aide devrait être revue à la hausse. La corporation demande également la reconduction des aides dont l'octroi doit s'arrêter, en vertu du plan, en juillet 2004. «Etant donné que l'on a pris du retard et que l'on ne réalise que 40 % des objectifs annuels, l'aide doit être reconduite au moins jusqu'à la réalisation des prévisions du plan», précise M. Derrab. Il ne manque pas de souligner qu'«aujourd'hui, le plan agrumicole est plus important que jamais en raison des accords de libre-échange signés par le Maroc»