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USFP : le début de la décadence d'un grand parti socialiste
Publié dans La Vie éco le 18 - 10 - 2015

L'USFP est désormais hors des radars des analystes politiques et des politologues. Le parti a perdu 400 000 votes en un peu plus de dix ans et il est classé 8e à la nouvelle Chambre des conseillers.
L'USFP est bien sur son déclin. Electoralement, pour le moment. Le constat est sans appel. En occupant la sixième position aux élections locales (2 653 sièges sur 31 482, soit 8,4%) et la 8e place à la deuxième Chambre (5 sièges sur 120, soit 4,17%), on ne peut pas dire que l'USFP, la première force politique du pays il y a moins d'une vingtaine d'années, a réussi ses dernières élections. A titre de comparaison l'USFP avait remporté 3 131 sièges (soit 11,64%) aux élections communales de 2009. Pire encore, le parti n'a remporté la présidence d'aucune Région, ce qui l'exclut de facto du processus de la mise en œuvre de la régionalisation avancée, et il est complètement «chassé» des grandes villes, jadis ses fiefs électoraux, comme Rabat ou encore Casablanca, Agadir et Tanger. Son bras syndical, la FDT, ou ce qu'il en reste, a fini le processus électoral avec seulement un siège à la Chambre des conseillers. Soit autant que la liste de son ancien chef de groupe, Mohamed Dîidâa, qui s'est présenté sous la bannière du Syndicat national démocratique, affidé au PND d'Abdellah El Kadiri, une petite formation de «droite», dans sa version d'après la rupture avec le PAM. Voilà, à peu près, les (contre)-performances électorales de celui qui se représente comme le plus grand parti de la gauche. Une défaite qui, pour la direction du parti, n'en est pas vraiment une. En effet, le premier secrétaire Driss Lachgar a affirmé à l'occasion d'une conférence de presse, que si l'USFP a perdu 300000 votes entre 2003 et 2009, il n'en a perdu que 100 000 entre 2009 et les dernières élections locales. Ce qui est un «exploit» en soi. Le parti se limite à réduire les dégâts faute de remporter des sièges. Cela alors que des cadres et intellectuels qui se réclament encore de l'USFP, comme l'ancien ministre Bensalem Himmich, parlent de «choc». «Un choc dont l'ampleur et la puissance dépassent celui de 2007», date des premiers déboires du parti. En même temps, alors que l'USFP est manifestement sur le déclin, déjà moribond pour reprendre les termes de cet analyste politique, certains de ses anciens militants ont pu réaliser des scores honorables. Les listes indépendantes présentées par les membres du courant de feu Ahmed Zaidi, actuellement en rupture de ban avec le parti, ont pu remporter plus de sièges que l'USFP dans des villes comme Agadir ou Rabat, pour ne citer que ces deux cas.
Une défaite cuisante aux élections, une disparition progressive du débat et des idées socialistes de la scène politique et un effritement des bases du parti. On ne peut pas dire que Driss Lachgar et la direction de l'USFP ont tenu leurs engagements du dernier congrès. Pour rappel, dans sa plate-forme de près de 20 pages qu'il a présentée, à la veille du dernier congrès, Driss Lachgar, alors candidat au poste de premier secrétaire, avait promis de porter le nombre des militants du parti à plus de 50 000 encartés, faire mieux que les élections de 2009, entre autres promesses.
Des engagements non tenus
Pour faire bref, les engagements d'alors de Driss Lachgar se résumaient à quatre points: la résurgence du projet social-démocrate, la renaissance du Maroc dans son authenticité civilisationnelle et son universalité, une présence remarquée sur la scène politique et un parti d'initiatives volontaristes et combatives. Près de trois ans après le congrès, aucun de ces engagements n'a été tenu. Et même une remontée en force électorale sur laquelle comptait la direction, avec le renfort des notables, pour asseoir sa légitimité contestée, n'a pas été au rendez-vous. «Les résultats électoraux du parti étaient attendus. On ne peut dire que sa défaite représente une surprise. Depuis 2007, la tendance électorale du parti va en décroissant. Cela s'est confirmé en 2007 et puis en 2011. En 2015, au cours des dernières élections, c'est le déclin total», affirme Ghassane Lamrani, professeur de sciences politiques à l'Université Mohammed V et auteur d'un récent livre consacré à l'USFP. Selon lui, le parti a été poussé hors des grandes villes et même des villes moyennes. Il n'est plus représenté à Rabat, ni à Casablanca.
Accusations infondées
«La situation, vu le classement du parti, est telle qu'il est en constante régression depuis l'alternance». Son meilleur score électoral remonte à 2002, lorsque il a été classé premier avec 52 sièges (sur 325). La dernière crise qu'il a vécue avec le départ du courant d'Ahmed Zaidi, a aggravé les choses. Cela d'une part. D'autre part, et «c'est une remarque à prendre en considération, aucun des analystes, politologues et autres professeurs universitaires ne s'est attardé sur le commentaire des résultats de l'USFP. La contre-performance électorale de l'Istiqlal a bien été très commentée, la performance du PAM et du PJD a été largement analysée, mais presque aucun mot sur l'USFP. C'est comme si le déclin électoral (et peut-être bientôt institutionnel) du parti était attendu de tout le monde. C'est pour ainsi dire une évidence», note ce fin connaisseur du parti.
«Le parti a certes remporté un peu plus de 2 600 sièges, mais la majorité de ces sièges a été remportée dans les campagnes et dans le Sud. Et tout le monde sait que dans ces zones, on ne vote pas pour un parti ou un programme politique. C'est déjà un indice de la décadence du parti», ajoute-t-il. A cela s'ajoute un autre indice. Ainsi, lors de sa dernière campagne électorale, notamment à Rabat mais également dans d'autres villes, le parti a eu recours aux services de jeunes qui n'ont aucun lien avec le parti. C'est un service qu'il a dû rétribuer. «Or, dans l'histoire du parti, c'est toujours sa jeunesse qui se chargeait d'animer sa campagne électorale (faire des tournées et des porte-à-porte) par pur militantisme. Le parti loue aujourd'hui les services de jeunes qui lui sont étrangers pour faire sa campagne, tout comme le font les formations qu'il a toujours cataloguées de partis de l'administration», note cet observateur. En définitive, sa régression électorale est, somme toute, un résultat logique. Ce qui ne l'est pas, par contre, c'est la réaction de sa direction devant ces résultats. «Elle est catastrophique. Le communiqué de presse diffusé au lendemain des élections parle de falsification des élections et renvoie aux années de plomb», affirme Ghassane Lamrani. Driss Lachgar a même insinué au détour d'une phrase que ce qui s'est passé cette année était «pire que ce qui se passait dans les années de plomb». Pendant cette même conférence tenue le 6 octobre, le chef de file de l'USFP a matraqué: «Les élections professionnelles, communales et régionales n'ont pas été honnêtes. L'USFP refuse l'ensemble des résultats électoraux. La corruption électorale a été de mise». Cela, estime ce professeur universitaire, «alors que tous les analystes, observateurs politiques et politologues certifient qu'il n'y avait pas eu d'intervention du ministère de l'intérieur et que l'Administration a gardé une position de neutralité». Le discours prononcé par SM le Roi à l'ouverture de l'actuelle session parlementaire, vendredi 9 octobre, vient mettre fin à toutes ces supputations et allégations, exprimées ici et là ouvertement ou à demi-mot, «(…)nous refusons les lamentations a posteriori, comme nous rejetons les accusations infondées portées contre les autorités chargées de l'organisation des élections. Les garanties qui ont été fournies valent bien celles que l'on trouve dans les plus grandes démocraties dans le monde. Mieux encore ! On ne trouve de telles garanties que dans une minorité de pays», affirme SM le Roi dans ce discours.
Cela étant, et pour justifier sa défaite électorale, la direction de l'USFP a préféré la fuite en avant. La réaction n'était pas au niveau auquel on s'attendait de la part d'un parti comme l'USFP. «L'USFP que l'on connaissait aurait réuni ses instances dirigeantes, la direction aurait présenté sa démission au lieu de choisir la fuite en avant», affirme Ghassane Lamrani. Ce fut le cas en 2007, lorsque le parti est passé de la première place en 2002 à la cinquième cinq ans plus tard. Le premier secrétaire d'alors, Mohamed Elyazghi, a été contraint de démissionner et Abdelouahed Radi a pris la relève et, en même temps, les instances et militants du parti se sont livrés à une autocritique et une lecture profonde des causes et du contexte de cette défaite.
Isolement et rejet
Cette réflexion a abouti à l'élaboration d'une plate-forme politique. Jalil Tolimate, l'un des rares intellectuels que compte encore l'USFP, préconise, lui aussi, cette démarche. «Le bureau politique devrait présenter sa démission collective et une instance formée des symboles et personnalités du parti devrait se constituer pour un congrès extraordinaire et unificateur. De nouvelles instances dirigeantes seront issues de ce congrès ainsi que de nouvelles orientations politiques et un nouveau programme en perspective des élections de 2016», suggère-t-il. Cependant, aujourd'hui, au lieu de parler d'un éventuel départ, la direction écarte complètement cette option. C'est pour dire qu'une telle réaction n'arrange en rien la situation du parti, elle en accentue même l'isolement. Le parti est, en effet, quasi absent dans les universités où il a cédé le terrain aux islamistes du PJD, entre autres. Il n'entretient plus aucun contact avec la société et ses élites et intellectuels, son siège et ses locaux à travers le pays ne sont ouverts que le temps d'une campagne électorale. De même que, toujours selon le même interlocuteur, «la direction de l'USFP s'est débarrassée de toutes les voix qui la contredisent, et la gestion du parti est loin d'être démocratique». Les usfpéistes, les vrais, ceux qui ne sont pas encore partis, ont pris leurs distances avec le parti et ses instances. Car ce n'est plus l'USFP des années 80 et 90. Il n'y a plus de contact avec les gens, les locaux sont fermés en permanence. Dans le temps l'USFP pouvait mobiliser les gens avec ses slogans, avec ses idées socialistes et son programme social-démocrate, sa lutte contre le pouvoir (le Makhzen) et pour l'égalité sociale, aujourd'hui quel est son projet ? Va-t-il se vendre en tant que parti clientéliste et électoraliste, ce qu'il est devenu d'ailleurs ? Et si c'est le cas, quelle différence y a-t-il entre lui et les partis qu'il désignait hier comme partis de l'Administration ? Quelle que soit la réponse, un retour sur la scène politique reste très difficile, mais ce n'est pas pour autant impossible. Pour cela, il faut assurer la relève. Aujourd'hui, la direction (le bureau politique et une grande partie de la commission administrative) est âgée de plus de 60 ans. Il faut donner leur chance aux jeunes. Il faut aussi que l'USFP fasse son autocritique et mette le point sur les faiblesses et les dysfonctionnements. Ensuite il faut une ouverture sur la société. Les locaux doivent être rouverts et le parti doit initier et animer des débats de société, aller vers les gens et sonder leurs attentes et leurs besoins. C'est sa seule opportunité. Sans cela, son retour sur la scène politique est presque impossible.
D'un parti de militants à un parti de notables
C'est que, une autre fois, la gauche, elle, n'est pas finie, elle a encore un avenir devant elle. Les performances de la FGD en ces dernières élections ont sont la preuve. Sinon comment combattre les islamistes si l'on n'a pas de projets de société et que l'on tourne le dos à la jeunesse ? Même sa prestation au sein de l'opposition n'est pas reluisante. Pour la première fois dans l'histoire du Maroc, l'USFP, mais aussi ses autres partenaires de l'opposition, ont fait, par leur discours et leur action, que les citoyens sympathisent avec le gouvernement et non avec l'opposition. C'est inédit. L'USFP n'est plus crédible. L'espoir n'est pas pour autant totalement perdu. Un éventuel retour en force sur la scène politique dépend de la relève et de la nouvelle offre du parti. «Il y a au sein de l'USFP une minorité qui est marginalisée qui pourrait redonner au parti la force et l'entrain. Si on lui donne l'occasion, elle peut changer le parti et le remettre sur les rails. Mais ce ne sera pas dans un avenir proche. Cela nécessitera au moins une dizaine d'années. Il faut un nouveau programme, une nouvelle approche, une nouvelle offre politique, mais surtout donner leur chance aux jeunes et renouer le contact avec la société et la jeunesse. Il faut de nouvelles idées, il faut d'abord répondre à la question de l'identité», affirme Ghassane Lamrani. Bref, il faut renouer avec le débat idéologique qui fait défaut au parti aujourd'hui puisque les seuls débats qui animent ses instances et son appareil sont les débats d'ordre organisationnel et électoraliste. Les voix que recueille l'USFP aujourd'hui, elles ne sont pas pour le parti, mais elles sont pour tel ou tel de ses membres (peut-on encore parler de militants?). Dans les villes où le vote est politique, le parti n'a pas remporté de sièges. La situation risque de s'aggraver aux prochaines élections législatives. Le parti qui a remporté près de 40 sièges aux dernières élections risque de ne guère dépasser une vingtaine aux prochaines législatives. Des sièges qu'il devra certainement aux notables. Et si les gens votaient seulement pour les notables et que le parti en déclin ne dépend plus que de ces notables, quel intérêt peut-il encore présenter pour eux ? Et sans ses notables le parti risque de disparaître de la carte électorale. Bien sûr, il y a certaines catégories de notables qui ont toujours été impressionnés par l'USFP, par son passé. Ils éprouvent une certaine nostalgie par rapport à ce qu'était le parti dans le passé et cette image de prestige les attire chez l'USFP. Cela d'autant que l'Etat a encore besoin des services de l'USFP, notamment pour ses relations au sein de l'Internationale socialiste. Le parti est encore utile au niveau international et rien que pour cela, il sera «alimenté» en notables pour garder un certain rang sur la scène politique. Cela au risque qu'il n'y ait plus de distinction entre un parti de masse et un parti dit de l'administration.


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