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Congrès de l'USFP : éviter les mêmes erreurs que l'Istiqlal et faire mieux
Publié dans La Vie éco le 23 - 11 - 2012

L'organisation et le renouvellement des élites, du moins dans les structures intermédiaires, ne sont pas les seuls enjeux de ce congrès. Le parti veut profiter du congrès pour redorer son blason et reconquérir les bases.
L'USFP réussira-t-il l'exploit de l'Istiqlal, mais en mieux ? Souvenons-nous, en quelque temps, la course à la tête du parti de Allal El Fassi l'a catapulté au-devant de la scène politique qu'il a squattée pendant plus de deux mois, faisant même, souvent, de l'ombre au très médiatisé PJD. Les socialistes qui s'apprêtent à tenir un congrès crucial et décisif pour leur avenir politique, le IXe, en moins d'un mois, les 14, 15 et 16 décembre, parient sur cet évènement pour propulser le parti et son projet de société au centre du débat public. La date, elle-même, n'est pas anodine, observent les analystes politiques. Le congrès se tient à quelques jours de l'anniversaire de l'assassinat, le 19 décembre 1975, du dirigeant Omar Benjelloun. Crime imputé à la Chabiba Islamiya dont l'une des ramifications, qui a depuis renoncé à la violence, faut-il le reconnaître, constitue aujourd'hui le noyau dur du PJD et du gouvernement. Une dimension symbolique, donc. Plus concrètement, les socialistes veulent réussir un enjeu de taille : ancrer définitivement la démocratie interne dans les mœurs du parti. La préparation du congrès en dit long sur ce volet. L'élection du Premier secrétaire est soumise à une nouvelle procédure, mais surtout à la seule loi des urnes. Plus de consensus qui, pour reprendre les termes de certains dirigeants du parti, comme Ali Bouabid, Mohamed Achâari et Larbi Ajjoul, a, longtemps, ankylosé le centre de décision au parti.
Ainsi, et pour la première fois dans l'histoire du parti, cinq candidats se sont déclarés pour la succession d'Abdelouahed Radi, l'actuel premier secrétaire.
Pour en finir avec les blocages, une majorité assurée pour le premier secrétaire
Leur candidature a été soumise à une série de conditions et une procédure stricte. Tout aussi strict et transparent est le processus d'élection du futur socialiste en chef.
C'est manifestement un grand pas en avant pour un parti qui, comme l'Istiqlal, a toujours réglé la succession à sa tête par le consensus. Habib El Malki, Fathallah Oualalou, Driss Lachgar, Ahmed Zaidi et Mohamed Talbi, les cinq candidats officiels, seront donc départagés par un processus électoral à trois tours, sur la base d'un contrat et d'un programme d'action, par près de 1 800 congressistes (NDLR : à l'heure où nous mettions sous presse le nombre des congressistes n'était toujours pas arrêté, mais, selon des sources internes, il devrait se situer entre 1 600 et 1 800). Voilà pour les grandes lignes.
Pour ce qui est des détails, les délais de dépôts de candidature étant arrêtés au 14 novembre, la campagne électorale des cinq candidats devrait démarrer fin novembre. Le congrès élira d'abord le premier secrétaire et, ensuite, un comité administratif qui comprendra 300 membres. Ce dernier désignera, dans un second temps, les membres du bureau politique, de 19 à 33 membres, dont le tiers devrait être proposé par le futur Premier secrétaire. Cette dernière mesure «devrait permettre, explique un membre du conseil national, au futur Premier secrétaire de travailler à l'aise en ayant derrière lui une majorité confortable». Il va sans dire, explique cet autre membre du conseil national, que «la plupart des candidats, sinon tous, devraient se retrouver dans le futur bureau politique. Cela bien sûr pour parer à d'éventuels clivages ou divisions au sein du parti comme ce qui se passe actuellement à l'Istiqlal».
Plus qu'un congrès, un show politique
Bref, à l'avenir, c'est ce comité administratif, structure qui revient en force, qui jouera le rôle de l'actuel conseil national. Il décidera de la politique que le bureau politique se chargera d'exécuter. Le conseil national en tant que structure sera maintenu, ses réunions devraient être périodiques mais espacées, une fois par an par exemple. Ceci pour la procédure. Pour éviter une campagne électorale, comme celle qui a secoué l'Istiqlal ces derniers mois, «nous avons mis en place une commission chargée de la procédure. Tout sera examiné à la loupe avant, pendant et après le congrès pour éviter d'éventuels recours ou contestations. Tout doit se faire dans le strict respect des procédures adoptées en conseil national. C'est, encore une fois, pour éviter les erreurs qu'a commises l'Istiqlal», confie un membre de l'une des six commissions du comité préparatoire.
Un grand changement donc sur le plan organisationnel. Sur le volet politique, en revanche, «les textes préparés par la commission politique ne sortent pas de l'ordinaire. Les grandes lignes resteront inchangées», explique un autre membre de la commission politique du comité préparatoire.
L'organisation et le renouvellement des élites, du moins dans les structures intermédiaires, ne sont pas les seuls enjeux de ce congrès. «Ce sera un prétexte à une grande campagne de communication du parti. Nous espérons faire de ce congrès un événement au vrai sens du terme. Il y aura des meetings dans différentes régions, auxquels devraient participer les cinq candidats et qui seront ouverts à tout le monde et pas uniquement aux militants. Nous envisageons d'organiser des débats publics, notamment dans les colonnes de la presse et les ondes des radios privées, … Bref, une large campagne de communication sur le parti, ses principes et son projet de société», explique ce membre du conseil national. Cela dit, le comité d'organisation du congrès espère que «les cinq candidats ne vont pas s'entretuer pendant cette campagne électorale», confie la même source. Quoique, ajoute-t-elle, «cela risque d'être chaud et les coups bas sont inévitables». Ce qui n'est, sans doute, pas dans l'intérêt d'un parti qui, de l'avis du candidat Ahmed Zaidi, «traverse une phase de faiblesse inquiétante qui risque aujourd'hui de paralyser les structures du parti après l'avoir privé de son leadership et de sa capacité d'initiative en matière de militantisme politique et social». Cela alors que Fathallah Oualalou, Premier secrétaire adjoint, également candidat, parle, lui, d'un «recul non seulement du rayonnement du parti, mais de sa présence aussi bien du point de vue organisationnel que politique et par delà même, électorale».
Pour le premier, cette «paralysie» a engendré une incapacité de produire des valeurs et accentué «l'opportunisme» et une culture de «plus en plus conservatrice» dans la pratique partisane. Pour le second, le recul du parti est dû avant tout aux «luttes pour les postes et les positions» et à un écart de plus en plus profond de la culture du projet sociétal du parti.
Les deux candidats comme d'autres dirigeants du parti situent le début de ce déclin vers le début des années 2000, sinon un peu avant. L'USFP n'aurait pas dû, soutient Ahmed Zaidi ainsi que bien des cadres, participer au gouvernement en 2002, du moment que la méthodologie démocratique n'était pas respectée. De même pour 2007, alors que le parti venait de subir une défaite cuisante aux élections le faisant passer du premier rang, en 2002, au 5e rang aux législatives du 9 septembre 2007. Le parti, soit dit en passant, garde toujours le même rang au terme du scrutin du 25 novembre 2011 avec seulement 39 sièges, soit 9,87% des sièges contre 25,49% pour le premier parti, le PJD.
Quand les élites se retrouvent hors jeu
Ce recul électoral, entamé déjà depuis 1998, date de son entrée au gouvernement, a poussé l'USFP, «tout comme d'autres partis, à s'appuyer sur les notables et les élites rurales pour gonfler sa base, à cause notamment du découpage électoral», explique un membre du conseil national. Une politique qui ne semble pas lui réussir d'ailleurs. Ce qui fait dire à Ghassan Lamrani, chercheur en sciences politiques et auteur d'une étude sur l'USFP, qu'«il est aujourd'hui difficile pour le parti de revenir, électoralement s'entend, dans les grandes villes. Les élites et la classe moyenne qui votaient, dans le passé, pour l'USFP ne votent plus aujourd'hui. Les couches sociales votent pour le PJD».
Mais ce n'est pas tout. Car l'USFP est sur le point d'essuyer l'un des premiers effets boomerang de cette tendance de ruralisation.
Aujourd'hui et par la force des règles de la démocratie interne, les grands électeurs qui désigneront, dans moins d'un mois, les instances dirigeantes du parti, seront choisis sur la base de la force électorale du parti dans chaque région. En effet, près des trois quarts des congressistes seront choisis selon le nombre de voix et de sièges recueillis dans chaque région. Or, selon cette logique, c'est la région Souss-Massa-Drâa qui comptera le plus grand nombre de congressistes suivie de celle de Marrakech-Tensift-El Haouz, Meknès-Tafilalet, les régions du Sahara, et les régions du Nord… Du coup, les métropoles, Rabat et Casablanca notamment, qui comptent l'essentiel de l'élite intellectuelle et des cadres du parti seront sous-représentées. Cette logique électorale fera que ce sera à ces élites, majoritairement rurales, que reviendra désormais la tâche de perpétuer la pensée socialiste.
Cependant, la direction du parti a, pour le moment, trouvé une parade. Il a été ainsi convenu de réserver le quart des tickets de congressistes aux «cadres» (fâaliyate).
Par «cadres» il faut entendre les élites intellectuelles dont le parti a fort besoin et qui ne pourraient pas accéder au congrès par voie électorale. Selon une source au conseil national, il leur sera réservé entre 400 et 500 places. Ce qui permet une confortable représentation dans les futurs commission administrative et bureau politique.
Opposition ou éventuelle participation au gouvernement ? La question divise encore
Quid maintenant des candidats, de leurs projets et de leurs chances ? Si les chances de chacun répondent à une série de facteurs aussi complexes que variés, leur projet a ceci de commun : remettre l'USFP au centre de la scène politique. Pour y arriver chacun a sa vision. L'ensemble des candidats parlent toutefois de (ré)ouverture du parti sur son entourage et de redynamisation de ses réseaux sociaux : jeunesse, femmes, syndicats, société civile, organisations professionnelles, … Bref, il s'agira de jeter de nouveau les ponts entre le parti et les bases populaires et reprendre le flambeau de la revendication des réformes sociales et sociétales, en partenariat bien sûr avec les autres forces progressistes. Cela en plus, c'est un autre vœu pieux de tous les candidats, de reprendre le vieux projet de rassemblement de la gauche dont l'USFP fera office de locomotive.
Qu'en sera-t-il de la position du parti en tant que formation de l'opposition ? Pour l'heure, le retour au gouvernement n'est pas une option totalement écartée.
Et ce bien que certains candidats, Ahmed Zaidi notamment, optent pour l'opposition en tant que choix stratégique du moment d'abord pour contribuer à une clarification du champ politique, ensuite pour faire face aux «forces obscurantistes qui menacent de revenir sur les acquis en matière des libertés d'ouverture de société et du modernisme». Cependant, observe ce membre du conseil national, «il ne faut pas oublier que le retour à l'opposition n'a jamais été une décision stratégique de haute importance longuement réfléchie par toutes les instances du parti. C'est une décision tactique prise par le bureau politique et approuvée par le conseil national».
En définitive, quelle que soit l'identité du futur Premier secrétaire et ses camarades du bureau politique et avant eux les congressistes, ils auront pour tâche, et ce sont quelques enjeux du congrès, d'asseoir définitivement et de renforcer dans l'avenir la démocratie interne, se soumettre à toutes les phases du congrès et même après le congrès aux règlements et procédures internes du parti, et ce, quels que soient les résultats du congrès. Le troisième enjeu étant de réconcilier le parti avec ses bases populaires.
Autre réalité et non des moindres qu'il faut prendre en compte, et c'est une certitude au sein du parti, l'USFP ne peut plus se permettre de se désengager du débat public et laisser la place à une majorité gouvernementale menée par une tendance conservatrice de la société pour interpréter à sa guise et mettre en œuvre la Constitution.


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