Du 10 au 14 mars, Marrakech a vibré sous les pas gracieux des chorégraphes du festival «On marche». L'occasion pour ces artistes de montrer leur art méconnu du public et peu soutenu. Parmi le flot de sympathiques citations autour de la danse dont regorge Internet, nous retenons celle, pleine d'esprit, de Claude Nougaro : «La danse est une cage où l'on apprend l'oiseau» et celle, plus impérieuse, de Frédéric Nietzsche, peut-être la plus connue d'entre toutes: «Je considère comme gaspillée toute journée où je n'ai pas dansé». Que de jours et de nuits n'avons-nous pas gaspillés ! Certains ont dû bien se rattraper, du 10 au 14 mars, à Marrakech. Comme chaque année, à cette époque, il se tenait dans la ville ocre un chouette festival dédié à la danse contemporaine : On marche (netmechaw en arabe), qui fête déjà ses dix ans. Une célébration teintée d'un soupçon d'amertume: «Pourquoi sommes-nous si souvent absents dans nos théâtres et pour nos publics ? Et pourquoi nos publics si ouverts et curieux doivent-ils attendre si longtemps pour découvrir nos créations et nous rencontrer ? Est-ce l'absence totale d'une vraie politique pour la danse au Maroc qui impose cette situation ?», se demande dans son édito Taoufik Izeddiou, le directeur artistique de l'événement. C'est vrai que la danse demeure une discipline artistique boudée de par chez nous. Ses représentants marocains les plus emblématiques, à savoir l'Espace Darja et On marche, n'ont pas été conviés à la grande manifestation dédiée au Maroc par l'Institut du monde arabe à Paris. «La danse manque d'un lieu, de plusieurs lieux. La danse manque de professionnels pour accompagner la création en termes de production et de diffusion, en termes de réflexion, de critique, insiste le chorégraphe marocain. Et pourtant, malgré cela, des initiatives font que la danse existe, résiste et signe des langages contemporains marocains et également universels». Parmi elles, On marche, donc, qui, cette année encore, a animé plusieurs lieux culturels de Marrakech, comme l'Institut français, Dar Taqafa du quartier Daoudiates, ou encore l'Ecole supérieure des arts visuels. L'espace public n'a pas non plus été oublié, trois performances ont en effet été programmées à l'extérieur pour intriguer, interpeller les passants marrakchis, leur montrer la diversité et l'incroyable créativité des langages chorégraphiques actuels, venus de Casablanca, Meknès, Niamey, Strasbourg, Bruxelles, entre autres. Des langages qui, nous dit la chorégraphe belgo-algérienne Nejdma Hadj Benchelabi, «transcendent les histoires conventionnelles, se chargent du présent, de sa complexité pour créer du rêve, de la poésie et un espace libérateur».